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Reporting extra-financier : Des entreprises tunisiennes amorcent un virage stratégique 

  • 9 septembre 17:20
  • 4 min de lecture
Reporting extra-financier : Des entreprises tunisiennes amorcent un virage stratégique 

Le reporting ESG s’impose désormais comme une démarche cruciale pour les entreprises tunisiennes. Entre exigence réglementaire et levier de compétitivité, il devient un passage obligé pour celles qui veulent renforcer leur résilience et accéder aux marchés internationaux.

La Presse — Souvent perçu comme un effet de mode ou une démarche imposée de manière aléatoire, le reporting extra-financier doit avant tout être considéré comme une politique volontariste de l’entreprise, issue d’une véritable prise de conscience des enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance auxquels elle est confrontée. Si certaines entreprises ressentent une forme de pression face à l’adoption de ce concept, c’est bien souvent qu’elles en ignorent les avantages, qui se manifestent surtout à moyen et long termes.

En effet, l’intégration des critères ESG favorise la croissance de l’entreprise en lui garantissant un accès équitable aux ressources naturelles, en instaurant un climat de paix sociale en son sein et en lui permettant d’évoluer en symbiose avec son environnement et son écosystème local. 

Planifier son avenir

Le volet gouvernance, crucial, renforce sa résilience, sa transparence et sa capacité d’adaptation. D’ailleurs, depuis les années 1970, économistes et spécialistes se sont penchés sur la question, et de nombreuses études ont mis en évidence le lien étroit entre performance ESG et performance financière.

Adopter le reporting ESG revêt également une dimension stratégique : il aide l’entreprise à planifier son avenir et à renforcer progressivement sa résilience face aux chocs externes, de plus en plus fréquents et intenses dans un contexte économique mondial marqué par l’incertitude. Aujourd’hui, de nombreuses entreprises tunisiennes commencent à s’inscrire dans cette dynamique, qui tend à se normaliser avec l’entrée en vigueur en 2024 de la directive européenne Csrd (Corporate Sustainability Reporting Directive). 

Celle-ci impose aux entreprises non européennes réalisant un chiffre d’affaires annuel supérieur à 150 millions d’euros dans l’Union européenne, ainsi qu’à celles disposant d’au moins une filiale ou une succursale en Europe, de se conformer aux nouvelles règles. La directive introduit les normes Esrs (European Sustainability Reporting Standards) : certaines universelles, applicables à toutes les entreprises, d’autres sectorielles.

Elle exige également des filiales de groupes non européens qu’elles rendent compte de la démarche RSE de leur maison mère. Cette évolution réglementaire, portée par l’un des principaux partenaires économiques de la Tunisie, a accéléré une dynamique naissante, notamment parmi les grandes entreprises tunisiennes. 

Une avancée notable en matière de durabilité…

Dans une approche anticipative, la Bourse de Tunis a publié dès 2021 le premier guide de reporting ESG. Ce référentiel, composé de 32 « Key Performance Indicator » (KPI) ou indicateur clé de performance, inspirés des standards internationaux, initie les entreprises tunisiennes aux pratiques de durabilité encore méconnues par une grande partie du tissu économique. 

Il leur offre un cadre de référence pour consolider leurs relations avec les investisseurs et partenaires économiques. Officiellement, 13 sociétés tunisiennes cotées en Bourse ont publié leurs rapports ESG au cours du premier semestre 2025. Une avancée notable en matière de durabilité, et surtout un exemple à suivre pour les autres entreprises.

Selon la Bourse de Tunis, « cette tendance est le fruit des efforts conjoints de l’ensemble des parties prenantes et de la montée en maturité des sociétés cotées, de plus en plus convaincues de l’intérêt du reporting ESG ». Rappelons que le rôle de la Bourse dans cette dynamique est déterminant.

En agissant comme locomotive des politiques RSE, elle incite les entreprises cotées qui sont principalement de grandes sociétés, à adopter le reporting extra-financier, contribuant ainsi à l’émergence d’un écosystème durable. La production de données permettra, in fine, de démocratiser les normes et pratiques RSE à l’échelle nationale.

Auteur

La Presse