Les révélations faites par Abir Moussi sur les données erronées ou « gonflées » publiées par le ministère de la Santé à propos du nombre de décès par Covid ont fait l’effet d’une bombe sur les réseaux sociaux. La présidente, chiffres à l’appui, a, dans une vidéo postée sur sa page Facebook, donné lecture des chiffres émis par les directions régionales de la santé et les a comparés à ceux communiqués par le ministère. L’écart qui en découle est effarant, car ils sont supérieurs d’au moins une cinquantaine. Les citoyens qui attendent régulièrement cette mise à jour du nombre de contaminés et de décès ont été pris de panique et se sont cloîtrés chez eux. D’autres, touchés par le virus, ont afflué vers les hôpitaux pour une prise en charge. Ceux qui n’ont pas trouvé de lits ont jeté leur dévolu sur les concentrateurs d’oxygène par prévention ou par besoin d’un apport, fût-il minime. C’est pour dire que jongler avec les chiffres peut avoir des conséquences désastreuses sur l’état psychique ainsi que sur le quotidien des citoyens. Les gens qui se mettent chaque jour en rang d’oignon devant les pharmacies pour se procurer les médicaments prescrits contre le Covid sont des citoyens qui sont pris aussi de panique. Ils ont été la cause de la rupture des stocks de la pharmacie centrale. Bien que le ministère de la Santé ait réagi dans un premier acte après la publication des chiffres par le réajustement des données en signalant que des dizaines de décès inclus dans ce nombre sont enregistrés un jour auparavant, la couleuvre n’a pas été avalée. Acculant le département à publier un autre communiqué laconique où il s’escrime vainement à expliquer que ces mises à jour prennent en compte « le nombre des décès signalés le même jour. Il comprend également les décès survenus au cours des dernières 24 heures et signalés le même jour, outre les décès enregistrés dans les jours précédents et qui n’ont pas été signalés». Mais les faits sont têtus et cette faille injustifiable ne peut s’expliquer que par deux facteurs : ou bien les gens qui sont chargés de la collecte des données ne sont pas habilités à composer avec les chiffres ou cette exagération a pour objectif de «terroriser» les citoyens afin qu’ils respectent davantage les mesures sanitaires. Nous ne voulons pas épiloguer non plus sur l’hypothèse  que le gouvernement a eu recours à ce stratagème de la peur pour réprimer la gronde des citoyens qui prolifère dans les régions et les grandes villes à cause non seulement de la mauvaise gestion de la pandémie et des retards accusés dans la réception des vaccins et est la cause de la perte de plus de 16 mille Tunisiens ainsi que pour avoir détruit les finances publiques après avoir siphonné les caisses de l’Etat dans le paiement des salaires et des pensions sans toutefois parvenir à rallumer les moteurs de l’économie. Mais pour le moment, c’est la seule explication plausible.

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