Reportage | Pouvoir d’achat : Une normalisation avec l’inflation ?

Même si les prix des légumes sont stables et relativement acceptables, les fruits sont chers et peu profitables à de nombreuses familles tunisiennes…

L’année 2022 commence à peine, que l’espoir d’une baisse de l’inflation et un meilleur pouvoir d’achat pour le citoyen fondent comme neige au soleil. Malgré le gel des augmentations salariales pour de nombreux travailleurs tunisiens du public et du privé en 2020 et 2021, l’inflation continue de grimper. Les chiffres de l’Institut national de la statistique qui évoquent une inflation de 7 à 8% sont avérés. Les produits alimentaires ne sont pas exempts, bien au contraire. Les prix pratiqués au niveau des fruits et légumes dans les supermarchés donnent des sueurs froides ! Lundi 17 janvier 2022, un petit tour dans une enseigne locale dans une banlieue de Tunis suscite au client une forte envie de fuir et faire demi-tour pour lui préférer un marché ordinaire.

Au moment où en France les supermarchés font des pieds et des mains pour attirer la clientèle, notamment dans les rayons d’alimentation, en Tunisie, c’est presque l’inverse qui se produit. On pousse le consommateur à acheter dans d’autres circuits de distribution comme auprès des marchands ambulants ou du quartier où la qualité est souvent meilleure de surcroît.

Pourtant, de nombreux consommateurs tunisiens ont pris l’habitude de faire leurs emplettes de fruits et légumes dans les supermarchés avec l’avantage de choisir tout seuls leur marchandise et de prendre la quantité désirée sans subir la pression du marchand. Mais au niveau des prix pratiqués, des efforts restent à fournir pour attirer davantage la clientèle.

Cherté des fruits

On commence par les fruits censés avoir des prix tout aussi doux et sucrés que leur saveur et leur goût, ce qui n’est pas du tout vrai. Les bananes importées d’Equateur, généralement à 4 ou au maximum 4,5 D le kilo ; s’écoulent à 5,410 D pour la même quantité. Le kiwi est à 780 millimes la pièce. Le prix des pommes donne le tournis : pommes vertes à 3,700 D/kilo, pommes rouges à 5,560 D/kilo et pommes golden à 6,100 D/kilo. Au niveau des fruits de saison, il y a les agrumes pour sauver le dessert du Tunisien, mais là encore malgré la qualité appréciable de la récolte, il n’y a pas de quoi se réjouir : les clémentines à 2,490 D/kilo, les oranges thomson à 1,720 D/kilo, les pamplemousses à 1,570 D/kilo et les oranges à jus à 1,050 D/kilo.  Sans que ce soit la période propice à la consommation des fraises, un stand de ces fruits rouges à 13,600 D/kilo est proposé. Une barquette de 150 grammes vous en coûtera deux dinars. Rien d’exaltant.

Quid des légumes ?

Les poireaux sont à 2,200 D/kilo, les oignons verts à 950 D/kilo, les oignons rouge et blanc à 1,100 D/kilo. Au rayon des choux, il y a les choux-raves à 2,850 D/kilo ; les choux fleurs et choux-rouges à 1,250 D/kilo, les choux verts à 1,350 D/kilo. Les champignons entiers sont à 14,990 D/kilo et restent moins chers et plus frais que ceux en boîte de conserve. Le bouquet de persil à 450 millimes, les épinards en botte à 885 millimes. Pour les salades, la laitue se vend à 950 millimes, la salade romaine à 990 millimes et la gamme iceberg à 1.390 millimes, mais exit la roquette. On la trouve dans les épiceries fines. Les petits pois à 4,200 D/kilo, les  tomates cerises à 3,990 D/kilo, les tomates rondes à 1,500 D/kilo, les tomates allongées à 1,380 D/kilo. Les radis et navets 1,250, les aubergines à 3,990 D/kilo. Le fenouil appelé «besbess» en dialecte tunisien est à 1,800 D/kilo. Les artichauts sont à 1,730 D/kilo, les citrons à 1,350 D/kilo. Les pommes de terre à 1,380 D/kilo, les piments doux à 3,090 D/kilo, les piments «meski» à 2,980 D/kilo. Les concombres sont à 3,390 D/kilo avec l’écriteau «cornichons» ! A ce sujet l’éclairage est parfois défaillant et les écriteaux sont illisibles.

Hormis cela, il y a une application phare en Tunisie «CodeOnline» qui relève du ministère du Commerce et permet aux consommateurs d’avoir une idée sur les prix pratiqués dans un large éventail de produits alimentaires des marchés. Il peut y dénoncer les abus et les pratiques illicites des marchands. Lancée il y a plus d’une année, régulièrement mise à jour, on y trouve le prix moyen des dattes «deglet Nour» à 3,5 D/kilo, celles branchées à 8 D/kilo ou encore la poire à 3,680 D/kilo. Le prix maximal et minimal admis et entendu est affiché sur votre smartphone ou tablette électronique. Le kilogramme de bananes peut monter jusqu’à 5,5 D selon l’application.

Pour les fraises dont le prix maximal est de 7 D/kilo d’après Codeonline, nous ne les trouvons qu’à 13,990 D/kilo dans les étalages du supermarché, il y a forcément anguille sous roche…Les pratiques illicites continuent de pulluler et il est urgent de les sanctionner par le renforcement du contrôle économique. Soit dit en passant, le manque de rigueur au niveau de l’accueil pour le contrôle des passes sanitaires en pleine crise sanitaire du covid-19 est une autre défaillance.

Crédit-photo M.S.K.

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