L’ESSENTIEL | La vérité, si je mens ?

« La raison se compose de vérités qu’il faut dire et de vérités qu’il faut taire. » – Antoine de Rivarol, – Maximes, pensées et paradoxes

Nous nous efforçons tous de nous montrer aux autres sous notre meilleur jour, même si cela suppose quelques arrangements avec la vérité. Le mensonge, ne serait-ce que par omission, est la toute première des manipulations.

On ment par amour-propre, pour préserver ou valoriser l’image de soi. On ment aussi pour persuader, pour obtenir un avantage, car on attend toujours quelque chose des autres, du respect, des faveurs, de l’amour, des services ou autres bénéfices. On ment encore pour ne pas peiner les autres, par sympathie ou tact, ou pour éviter les conflits. Et l’on ment parfois aussi par pure malveillance.

De fait, nous avons tous tendance à mentir spontanément. C’est dans la nature humaine, cela fait partie du jeu social. Sans cela, la vie deviendrait infernale, nous serions sans doute souvent tentés de nous étriper, au propre comme au figuré.

En tout cas, toutes les expériences réalisées dans le domaine du mensonge montrent qu’on ment toujours beaucoup plus qu’on ne l’imagine, certains chercheurs estiment même que nous proférons en moyenne entre 6 et 200 mensonges par jour et que 40% de nos mensonges seraient motivés par notre volonté de dissimuler un « mauvais » comportement … Des mensonges qui passent très inaperçus : au mieux, nous ne détectons qu’un mensonge sur quatre.

On ment comme on respire, notamment lorsqu’on rencontre quelqu’un pour la première fois, en moyenne deux ou trois fois pour 10 minutes de conversation. Les femmes, essentiellement pour se montrer agréables, et les hommes pour paraître compétents.

Nous avouons d’ailleurs bien volontiers mentir au moins deux fois par jour. Que ce soit pour des raisons égoïstes : donner une image plus flatteuse, tenter d’obtenir un avantage, éviter une sanction, un conflit, …, ou altruistes : faire plaisir à l’autre, ne pas le blesser, le rassurer si cela va mal … Champions toutes catégories, les adolescents, qui mentent une fois sur deux à leurs parents, mais il s’agit la plupart du temps de pieux mensonges pour avoir la paix ou pour ne pas vexer.

Selon une étude publiée en 2010 par l’Institut de sondage britannique « OnePoll », tout le monde ment, mais les hommes mentiraient trois fois par jour en moyenne, contre seulement deux fois pour les femmes. Malgré tout, notre cerveau est moral ! Mark Cohen et Sam Harris, de l’Université de Californie à Los Angeles, ont photographié le cerveau lorsqu’il est confronté à des propositions vraies et fausses, ayant comme résultat : lorsqu’une proposition nous semble exacte, la région associée à la beauté s’active ; lorsque nous estimons qu’elle est inexacte, c’est la zone liée au dégoût qui réagit. Vérité rimerait donc avec beauté et mensonge avec rejet, ce qui expliquerait qu’on est toujours mal à l’aise lorsqu’on profère un petit ou un gros mensonge.

Les relations au sein d’un couple, entre amis, entre partenaires ou autres, se fondent sur la confiance, on ne met pas en doute, sans raison manifeste, la loyauté ou la sincérité de ceux que nous fréquentons. La vérité va de soi dans toutes nos relations, on peut la dire, mais pas toujours et pas à n’importe quel prix. La plupart du temps, le flou, le non-dit et les demi-vérités suffisent, car l’essentiel de nos relations repose sur l’implicite.

Brahim NABLI
Coach professionnel – Expert en communication

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