Exposition | Safia Farhat à la Biennale de Venise!

Sous le numéro 69 figure le nom de l’artiste tunisienne Safia Farhat …La liste des 213 artistes sélectionnés pour participer à la 59e édition de la Biennale de Venise a, en effet, été dévoilée mercredi dernier.

A défaut d’avoir notre propre pavillon comme les autres pays, nous serons présents avec l’une des tapisseries monumentales de Safia Farhat (1924-2004). L’œuvre est tenue confidentielle jusqu’au jour du vernissage, mais nous savons déjà qu’elle fait partie de la collection permanente abritée, depuis 2016, dans le Musée dédiée à l’artiste au Centre des arts vivants de Radès. Aucune information n’a filtré, politique de communication oblige, une politique très ferme.

Sur le thème «Le lait des songes» (The milk of dreams), présidée par Roberto Cicutto, la Biennale de Venise aura lieu, du 23 avril au 27 novembre 2022, aux Giardini (pavillon central) et à l’Arsenal.

C’est l’illustre Cecilia Alemani qui est la curatrice de l’Exposition internationale d’art contemporain — première femme italienne curatrice dans l’histoire de la Biennale de Venise — et c’est elle qui a sélectionné l’œuvre de Safia Farhat ; une œuvre qui a réussi à transcender le temps et l’espace.

Seule femme membre de l’Ecole de Tunis, première directrice tunisienne de l’Ecole des beaux-arts de Tunis, dessinatrice, peintre, céramiste, pionnière de la tapisserie moderne en Tunisie, décoratrice et militante de la première heure, Safia Farhat a voué toute sa vie à l’Art, à l’enseignement artistique et à la défense de la cause féminine. Le leitmotiv de sa pratique était les signes et les techniques du patrimoine qu’elle maniait avec une dextérité exceptionnelle, et ce, dans l’objectif d’asseoir et de faire valoir un art tunisien enraciné et moderne. Défis qu’elle releva haut la main !

Dès le début des années 70, elle a entamé des recherches plastiques dans le domaine de la tapisserie, suivant la mouvance mondiale de l’époque, mais elle s’est vu refuser sa participation à la Biennale de la tapisserie de Lausanne, pour des raisons politiques paraît-il. Force est de croire que le destin a voulu que notre artiste nationale, par sa présence à la Biennale de Venise, prenne sa revanche ; une revanche posthume qu’elle prend sur ces grands-messes de l’art contemporain.

Il est important de mentionner que le «repérage» et la sélection de l’œuvre de Safia Farhat dans cette 59e édition de la Biennale de Venise n’ont pu avoir lieu que grâce à l’existence du Musée Safia-Farhat avec son exposition permanente (la collection), ainsi que les expositions temporaires à succès et les différents événements qui y sont organisés et qui ont permis de donner une visibilité nationale et internationale à l’artiste et à son legs artistique.

Dix-huit ans après son décès, Safia Farhat contribuera à un «ré-enchantement du monde», pour reprendre les propos de Cecilia Alemani. De là où elle est, elle appuiera, comme elle l’aurait voulu et fait de son vivant, la tendance actuelle de la valorisation des femmes artistes, dont le travail devient de plus en plus recherché. D’ailleurs, dans cette édition de la Biennale de Venise 2022, le nombre d’artistes femmes dépasse effectivement celui des hommes par rapport aux sessions précédentes. Un parti pris parfaitement assumé par la curatrice.

Mais l’argument de genre n’aurait pu à lui seul être invoqué si la valeur de l’œuvre de Safia Farhat, l’une des figures emblématiques des arts plastiques en Tunisie et dans le monde arabe, ne transcendait pas les époques pour camper en témoin d’une période de l’art tunisien qui continue à être admiré et recherché pour sa valeur propre.

Safia Farhat à la 59e édition de la Biennale de Venise: une fierté, un honneur !

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