L’entreprise autrement: Une énième année que l’on risque de perdre (III)

Pas besoin d’être un économiste chevronné ou même un citoyen averti pour réaliser que notre pays risque la banqueroute. C’est-à-dire devenir incapable de payer ses dettes, donc, de ne plus jouir de la possibilité de contracter de nouvelles dettes vitales pour le fonctionnement de l’Etat, lire, de payer ses fonctionnaires et gérer les Affaires publiques courantes et de base.

La réalité, dure et amère, ne tarit pas d’indices et de preuves sur cette terrible et probable issue. Pire, ne laisse pas espérer la survenue d’une légère embellie et d’une lueur d’espoir, puisque l’Etat est devenu, depuis le 25 juillet dernier, une simple administration sous les ordres d’une seule personne, dépourvue en plus de toute compétence intrinsèque à gérer un pays.

Aux faibles espoirs de voir arriver les secours du FMI, viennent s’ajouter, hélas, l’absence totale de visibilité, à tous les niveaux, malgré un semblant une feuille de route politico-politique imprégné d’un juridisme pathologique et d’une vision rétrograde du système politique, et un pouvoir de fait, soutenus par des hordes d’analphabètes en politique, en droit et en économie qui ne possèdent aucune solution aux problèmes économiques et financiers du pays et qui s’obstinent à faire cavalier seul.

Rescousse du FMI, oui, mais à quel prix, et avec quels délais ? Une bonne majorité de la population est, en effet, incapable de consentir davantage de sacrifices et, hélas, nous avons  déjà mis les pieds  dans la spirale de la pauvreté.

Cette opacité régnante, aggravée par les imprévus causés par les effets du coronavirus, a lourdement pesé sur le moral général du pays, le peuple en premier et  surtout sa bourse. Encore dix longs mois pour espérer voir une issue, aux résultats incertains à la grave crise politique qui est en train de tout détruire sur son passage, car en train de s’aggraver.

Et opacité de rimer avec peur. Lire, réactions négatives. Tout cela est très coûteux et  constitue, aussi, un puissant frein pour l’investissement économique et humain et un facteur décisif pour la perte des marchés, la fuite des capitaux et puis celle des cerveaux. Traduire, impossibilité d’atteindre un niveau de croissance capable de relancer l’économie.

Nous risquons, donc, de voir s’accroître le rythme de fermeture des entreprises, s’amplifier le chômage, flamber encore davantage les prix et avec eux l’endettement aussi bien  privé que public et préparer le terrain pour la faillite totale du pays.

Avec un budget d’Etat dépendant de recettes aléatoires, y compris en interne, et des prix du pétrole en train de grimper, les choses ne semblent guère s’arranger. Le dinar risque encore de subir une nouvelle dépréciation par rapport à l’euro, ce qui aggraverait le déficit de la balance commerciale.

Alors que le pays a besoin d’un plan urgent de sauvetage, le locataire de Carthage qui, après avoir abrogé la Constitution et accaparé La Kasbah, le Bardo, Bab B’net et les médias publics,  tout en gelant certaines institutions indépendantes, ne semble guère se soucier du devenir économique du pays, se contentant de discours tonitruants contre «ses détracteurs», les forces du mal qui conspirent contre lui et les traîtres qui sont à la solde des puissances étrangères.

Pour lui, il n’y a de place que pour ses projets, controversés,  de refonte de tout le système politique. Avançant avec la ferme volonté de faire le vide autour de lui, Saïed va certainement remettre en question l’indépendance de la Banque centrale, dissoudre les conseils municipaux, porter le turban du mufti, etc.

Le locataire de Carthage est-il conscient que les décrets-lois n’ont aucune valeur à l’international, et que les bailleurs de fonds se méfient de leur caractère éphémère et non stable ?  Pour eux, et pour de meilleures garanties, les prêts doivent recevoir l’approbation des représentants du peuple, car les décrets-lois relèvent d’un état d’exception, et peuvent donc être remis en question et même abrogés par le pouvoir législatif dès le retour de ce dernier?

Fraîchement réélu à la tête de la centrale syndicale des travailleurs, Tabboubi  a bien tiré, à son intention, lundi  soir lors du 20 heures de la Une, de vrais signaux d’alarme. Revoir sa manière de conduire le pays en entamant sans plus tarder un vrai et fructueux dialogue ou bien c’est la débâcle sociale, car l’institution de la Présidence de la République aurait perdu  la crédibilité dont elle jouissait lors des manifestations du 25 juillet.

Aucun salut, donc, en dehors d’un dialogue qui devra déboucher sur l’adoption d’un plan de sauvetage du pays. Un dialogue institutionnalisé sous forme de congrès national qui regroupera les représentants  de toutes les structures nationales élues (Présidence, Parlement, organisations nationales, corps élus, conseils municipaux, conseils scientifiques, etc.) avec exclusion de toute personne sujette à des poursuites judiciaires.

Laisser un commentaire