Table ronde sur la «Valorisation digitale du patrimoine culturel en Tunisie»: De nouveaux leviers pour la culture

Au cours d’une table ronde sur «la valorisation digitale du patrimoine culturel en Tunisie», organisée mardi 29 mars à Ennejma Ezzahra, il a été procédé à la présentation de trois plateformes dédiées à la musique tunisienne, à la gestion du fonds de la collection nationale des arts plastiques et la gestion des droits d’auteur et des droits voisins. En plus de ces plateformes, deux autres projets digitaux en cours d’élaboration ont été débattus par l’assistance. Tous ces projets ont bénéficié de l’assistance de Tfanen-Tunisie Créative dans le cadre de la Mission appui aux services publics.

Prenant la parole, Mme Soumaya Gharsallah s’est félicitée de ces projets initiés par le MAC avec l’appui technique et financier de Tfanen, dans le cadre de l’Initiative services publics lancée en juin 2020.

Cette mission, a-t-elle expliqué, consiste à appuyer le MAC techniquement et financièrement pour la mise en place de projets prioritaires et restructurants et s’adresse principalement aux acteurs et opérateurs culturels publics en vue d’instaurer de nouveaux modes de gouvernance indispensables au renforcement du secteur et à sa réforme. Elle a noté que 13 projets portés par des institutions publiques, ont été sélectionnés par le ministère pour faire partie de cette Initiative. A cet effet, Mme Gharsallah a indiqué que «lancées en 2020, on n’avait pas assez de temps pour réaliser ces plateformes, c’est pourquoi nous avons opté pour une méthode en cinq étapes, à savoir la consultation des institutions culturelles, une approche de compréhension des mécanismes en place, une phase d’expérimentation et de test, et enfin une phase de réflexion sur l’expérience et les résultats aboutis», a-t-elle révélé.

Elle a ajouté que Tfanen arrive aujourd’hui à terme avec des résultats encourageants puisque c’est un travail de longue haleine et qu’on est fiers de voir ces projets se concrétiser grâce à la mobilisation des directeurs généraux au sein du MAC».

«Bien qu’elles ne soient pas complètes ou exhaustives, ces plateformes peuvent être considérées comme un acquis pour la Tunisie et représentent un grand exemple pour le Maghreb, qui permettra au public de connaître la richesse de son pays ainsi que pour générer de nouvelles activités et de nouveaux revenus», a-t-elle souligné. Elle a promis de communiquer sur ces plateformes et de les soutenir en cherchant à mobiliser d’autres ressources financières auprès d’autres partenaires.

À cet effet, Mme Sayma Sammoud, directrice d’Ennejma Ezzahra, a indiqué que la plateforme Musika.tn, qui est achevée à 80%, sera opérationnelle au cours du mois d’avril. Elle a indiqué que le Cmam a entamé en 2019 la numérisation de toutes les œuvres dont il dispose et dont le nombre est de 180.000. Elle a souligné, à cet effet, que la nouvelle application Musika.tn proposera, à son lancement, quelque 5.000 œuvres tunisiennes. L’objectif de cette plateforme est de «rendre accessible au grand public notre patrimoine musical exceptionnel et le valoriser à l’échelle locale et internationale et d’être acteur dans la diffusion numérique tunisienne et créateur de changements à impact positif pour les artistes et les opérateurs du secteur musical mais aussi de développer une offre légale actuellement presque inexistante en musique», a-t-elle souligné. La méthodologie adoptée pour la réalisation de cette transition digitale repose sur le développement d’une plateforme web couplée à une application numérique attractive aussi bien pour le grand public (jeunes et moins jeunes/ avisé et non avisé) que pour les chercheurs. Elles permettent d’écouter de la musique en streaming. «C’est aussi une manière innovante pour établir un modèle économique et une stratégie de communication permettant la pérennisation de la plateforme», a-t-elle ajouté. Mme Sammoud a affirmé que par le biais de ce projet, Musika.tn aspire à se positionner comme le ”Spotify” ou le “Deezer” tunisien, en offrant une base de données de référence pour la musique tunisienne, tous genres confondus, et pour qu’elle soit la plus exhaustive possible afin d’en faire le garant de la préservation des droits des artistes, actifs dans le secteur musical en Tunisie.

Présentant la plateforme numérique pour la gestion de la collection nationale des arts plastiques, Mme Naïma Tizaoui, responsable à la direction des arts plastiques au MAC, a souligné l’importance d’un tel outil pour faciliter la gestion du fonds national qui comprend plus de 13.000 œuvres, réparties sur trois sites de réserve distincts à la Cité de la Culture, la Bibliothèque nationale et au Palais Ksar Saïd. Elle a à cet effet passé en revue les problèmes dont souffre le fonds dans son état actuel à l’instar du manque de conservation et de restauration, l’absence de méthodes d’archivage et de documentation des œuvres, les lacunes dans la méthode de gestion des prêts et l’absence d’uniformisation dans les données liées à l’œuvre (nom d’artiste, lieux, etc). L’objectif de cette plateforme est de mettre en place un outil qui puisse réunir toute la documentation autour de l’œuvre et de simplifier le travail des équipes qui travaillent sur trois lieux différents en ayant accès à un outil collaboratif et partagé, a-t-elle expliqué.

Pour sa part, M. Mohamed Amairi, directeur général de l’Otdav, a indiqué que le projet de la «Plateforme de gestion des services en ligne» vise à garantir la digitalisation des services offerts et à s’aligner sur les sociétés similaires dans le monde afin d’être dans les normes en termes de gestion collective, tout en assurant l’interconnexion entre les plateformes Musika.tn et Fnap.

Il a, à cet effet, détaillé les objectifs visés par la mise en place de la plateforme, à savoir la dématérialisation des procédures administratives, l’amélioration des méthodes de travail, l’optimisation des délais d’exécution des processus relatifs aux droits d’auteur en augmentant la transparence et la traçabilité de traitement des dossiers. Il a indiqué que l’équipe a déjà réalisé le front office et le back-office de la plateforme qui va gérer l’ensemble des fonctionnalités permettant le paramétrage, la gestion et la supervision de la plateforme et que l’avancement global du projet est de 60%.

Cette rencontre a permis aussi à l’assistance de prendre connaissance de deux autres projets en cours : une plateforme pour la gestion des subventions publiques et une autre pour la numérisation des bibliothèques publiques. La première porte sur la dématérialisation du processus d’octroi des subventions de bout en bout, un outil qui servirait à disposer d’un suivi en ligne unique pour le MAC dont 17 entités sous tutelle utilisant 33 processus s’acquittent actuellement de cette mission. Développées par Archimed-Tunisie, grâce au logiciel Syracuse qui fonctionne en mode Cloud, hébergé sur site ou en mode hybride, ces plateformes représentent une innovation en termes de gestion et de valorisation des œuvres ainsi qu’en termes de protection des droits.

Les débats ont porté sur les éventuels problèmes qui peuvent susciter une approche de monétisation de contenu, de l’interconnexion de ces plateformes en termes de droit d’auteur, de partenariat public-privé ainsi que sur le référencement, la communication et l’accessibilité du public et des artistes à ces outils.

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