L’entreprise autrement | A quand la fin de tous ces conflits ?(III)

Ni l’économie, ni les finances publiques, ni le social ne le permettent. Ni même le moral du peuple et l’ambiance générale du pays. Impossible, en effet, d’attendre jusqu’au début de l’année prochaine pour que le pays quitte l’état d’exception dans lequel il se débat depuis le 25 juillet dernier et pour que l’Etat reprenne son fonctionnement normal et le pays sa vitesse de croisière.

Un état d’exception imposé par un pouvoir, devenu de fait, s’étant accaparé tous les pouvoirs depuis le 22 septembre et ayant gravement nui à l’économie du pays. Celle-ci était déjà vacillante à la suite, entre autres, de ses agissements en pleine crise imposée par le coronavirus (depuis la mi-mars 2020).

Une situation devenue kafkaïenne et même pire depuis le début du mois, qui a créé d’énormes difficultés pour les opérateurs économiques sans exception, l’Etat en tête, mis de sérieux freins à tous les moteurs de la croissance et a bafoué l’image du pays à l’international. Il s’agit en effet de la dissolution illégale et effective, par Saïed, du Parlement et de la poursuite en justice de la majorité des députés avec de graves accusations.

Un acte illégal qui va mettre Saïed sur une vraie sellette car le procès intenté à l’encontre desdits députés sera aussi le sien. La justice, écartée depuis le fameux 25 juillet, va alors pouvoir dire sont mot et le procès qui sera suivi par l’opinion internationale et les plaidoiries bien ficelées vont mettre à nu toutes les aberrations juridiques imposées par le locataire de Carthage.

Impossible, donc, de croiser les bras et se résigner à attendre les élections législatives, dont la date a été choisie arbitrairement par lui, et prévues pour le 17 décembre prochain, alors que le pays, en pleine ébullition politique, risque la débâcle et est devenu une proie facile pour ceux qui ont toujours tout fait pour piller ses richesses. Sachant que l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui semble vouloir s’étaler dans le temps, a participé et participera encore à l’aggravation des énormes  difficultés dans lesquelles notre pays s’est embourbé.      

Le pays a, en effet, besoin d’un réel et profond changement. Un changement réfléchi qui sera le résultat heureux de la mobilisation de toutes les forces et les ressources du pays. Des élections législatives et présidentielle doivent, donc, être organisées dans les règles de l’art et le plus tôt possible, moyennant l’amélioration de la méthode du scrutin afin d’éviter l’éparpillement des voix.

Impossible aussi d’organiser le référendum décidé par Saïed pour le 25 juillet prochain et projetant de changer le système politique. Ni la culture, ni le degré de conscience du peuple, ni son déroulement sous un pouvoir illégal ne le permettent. Tout changement devra être préparé par les soins d’un congrès national puis soumis au peuple après d’amples explications. 

Déployant une énergie à toute épreuve afin de réaliser son programme, pour lequel il n’a pas été élu, le locataire de Carthage ne semble se soucier guère, depuis son élection en octobre 2019, de la situation catastrophique du pays dans tous les domaines, ni même chercher à résoudre, comme il se doit, les nombreux problèmes épineux auxquels il est confronté.

Pour lui, la résolution des problèmes se réalisera à coup de décrets-lois et autres textes juridiques et réglementaires. Un juridisme primaire et miséreux qui ne manquera pas de compliquer une situation qui a jeté le pays dans une impasse.

Il a fallu des bagarres pour décider le locataire de Carthage à envisager un dialogue national qu’il rechigne à organiser. Or, selon sa propre vision auto-centriste, le dialogue, s’il aura lieu, ne regroupera que les amis de Saïed. Le reste des forces politiques et sociales sera trié et tous ceux que Saïed considérera, lui, comme comploteurs, traîtres et corrompu seront écartés. 

Au lieu de tout faire pour redresser la barre et sauver le bateau Tunisie, Saïed, seul maître à bord, est en train de nous conduire vers la faillite totale et l’anarchie, sachant que ses partisans, formant une masse à majorité inculte et fanatisée, sont en train de s’organiser en recrutant à tour de bras et partout dans le pays.

Aucun salut n’est donc possible sans la tenue, le plus tôt possible, d’élections législatives et présidentielle qui seront suivies d’un congrès national. Mais aussi sans l’adoption d’un plan national de remise à niveau de la population dans tous les domaines vitaux et un second de lutte contre l’analphabétisme politique et économique de l’écrasante majorité du peuple, appelé à s’exprimer à travers les urnes sur des questions vitales.

En dehors du processus participatif et représentatif cité, aucun salut n’est donc envisageable. Un dialogue institutionnalisé qui devra déboucher sur l’adoption d’un plan de sauvetage du pays.

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