Le beurre et l’argent du beurre

Editorial La Presse

LE paysage politique est entré dans une escalade plus que jamais difficile à maîtriser. Les questions relatives à l’organisation du dialogue national et ses différentes parties prenantes en rajoutent une couche. L’immodération et les débordements des uns et des autres poussent à la polémique, voire au paroxysme dans les débats. Ils compromettent davantage les chances d’un redressement non seulement politique, mais aussi et surtout économique et social, sur fond de crise sans précédent.        

Certains partis sont devenus politiquement ingérables parce que leurs dirigeants n’ont pas su ajuster leurs ambitions en fonction des besoins, de la réalité et des aspirations des Tunisiens. Le problème est que l’entourage dans lequel ils évoluent ne semble prendre en considération que les intérêts politiques, voire financiers.

Il y a dans l’inconscient de beaucoup de dirigeants politiques comme une tendance pour légitimer le cadre unique. Les échanges ne sont pas rejetés, mais sans engendrer la diversité des idées qui est synonyme à leurs yeux de division, donc de complot et de manipulation.

Dans son immense majorité, la classe politique est loin de donner la priorité, encore moins de faire honneur, aux valeurs et aux  principes sur lesquels s’est basée la Révolution. Certains continuent à vouloir peser sur les choix stratégiques de tout un environnement politique.

Au fait, il y a un turnover chez des acteurs dont la plupart s’étaient initiés à la vie politique au lendemain de la Révolution. Les raisons qui ont poussé un bon nombre d’entre eux à s’investir dans le milieu ne sont pas difficiles à deviner. Il s’agit tout particulièrement de profiter, ou encore de tirer profit, d’un processus démocratique ni connu, ni utilisé auparavant.

Cela, on peut le comprendre et à la limite c’est un choix qui ne souffre pas la contestation. Mais en contrepartie, qu’apporte-t-on aux Tunisiens  ? Que fait-on pour les classes démunies, pour les jeunes, pour l’emploi, pour la santé… ? Que fait-on aussi face aux problèmes qui ne semblent plus avoir de solutions ? Quelles alternatives et quels remèdes les partis politiques présentent-ils aux Tunisiens ?

Même s’ils continuent  à aspirer à un contexte destiné essentiellement à satisfaire leur soif de pouvoir, beaucoup de dirigeants politiques seraient  certainement mieux servis s’ils apprenaient à élever les débats. Ils s’épargneraient ainsi des polémiques stériles et d’une dépense d’énergie superflue en mettant de l’huile dans les rouages.

On ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre. Alors, chers dirigeants, pensez-y avant de vous engager dans des considérations politiques quelconques. L’action politique n’est pas ce que vous croyez. Elle restera toujours prête à refuser toute sorte de déformation à travers ses différents modes de fonctionnement. Faire des promesses sans concevoir les moyens et les solutions nécessaires équivaut à une perte de temps et de…crédibilité. 

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