Harcèlement sexuel contre des mineures : La vigilance s’impose

Au-delà du fait divers sur lequel tranchera sans doute la justice tunisienne, présomption d’innocence oblige, il est légitime de s’interroger sur les mécanismes qui existent, dans nos institutions, pour que les victimes puissent dénoncer les agressions de manière anonyme et puissent être protégées pendant la durée de l’enquête.

Les faits divers liés à des agressions sexuelles contre des mineures, nous en avons connu beaucoup, surtout ces dernières années. A chaque fois, l’opinion publique s’indigne, la justice s’active et les pouvoirs publics condamnent. Cependant, que font les pouvoirs publics pour éviter que ce type d’horreur se reproduise?

Récemment, une nouvelle affaire impliquant un fonctionnaire du Centre intégré pour les jeunes et les enfants de Sidi Bouzid a été révélée. L’homme en question a été traduit devant la justice pour des faits de harcèlements sexuels sur des filles, mineures logées dans ce centre.

Son implication a eu lieu grâce à la pugnacité d’un délégué de la protection de l’enfance de la région, qui a déposé plainte. Une plainte qui fait suite aux témoignages d’au moins trois filles mineures pensionnaires du centre, qui affirment avoir été harcelées par l’employé qui a d’ailleurs été arrêté.

Dans cette affaire, l’enquête a été confiée à la Brigade de police spécialisée dans l’enquête sur les crimes de violences faites aux femmes et aux enfants à Sidi Bouzid.

Au-delà du fait divers sur lequel tranchera sans doute la justice tunisienne, présomption d’innocence oblige, il est légitime de s’interroger sur les mécanismes qui existent, dans nos institutions, pour que les victimes puissent dénoncer les agressions de manière anonyme et puissent être protégées pendant la durée de l’enquête.

Pour Moez Cherif, président de l’Association de défense des droits de l’enfant, le sujet du harcèlement sexuel reste malheureusement un sujet tabou au sein de la société mais également à l’intérieur des institutions qui cherchent souvent à éluder le problème.

« Aujourd’hui, les directeurs des institutions ne se sentent pas responsables des relations sociales au sein de leurs établissements », explique-t-il.

Selon lui, très souvent, les victimes de harcèlements ne parlent pas. Au contraire, certaines d’entre elles en viennent à culpabiliser.

« Malheureusement, il y a un manque criant de formation au sein de nos établissements éducatifs. Non seulement du personnel pédagogique, mais également des surveillants et responsables de l’administration. Les victimes sont prises entre le marteau du harceleur, et souvent ce sont des groupes de harcèlement, aet l’enclume du silence », explique Moez Cherif.

Le président de l’Association, qui a animé notamment plusieurs sessions de sensibilisation à la question du harcèlement, explique à La Presse, que le personnel éducatif, doit pouvoir détecter chez les enfants les signaux qui doivent alerter.

« Perte du sommeil, baisse de la sociabilité, baisse du rendement scolaire, etc, sont autant de signaux qui doivent être détectés et signalés, ils peuvent être le signe d’un harcèlement, et là je ne parle évidemment pas uniquement du harcèlement sexuel, mais du harcèlement dans toutes ses formes », précise Moez Cherif. Ce sont les parents d’abord, puis le personnel éducatif qui doivent repérer ces signaux.

Dans certains pays qui ont pris le problème au sérieux, nous explique ce militant de la cause de l’enfance, on consacre du temps scolaire pour discuter des relations sociales au sein de l’établissement. « Cet exercice permet par exemple d’exorciser le harcèlement en parlant. Parfois, pendant ces échanges, c’est le harceleur lui-même qui se rend compte que son comportement est déplacé », indique Moez Cherif.

D’après notre interlocuteur, les solutions existent pour faire face à un phénomène de plus en plus récurrent, encore faut-il en finir avec le déni et commencer à élaborer de vraies politiques publiques à même d’endiguer le phénomène.

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