Brahim Laroui, Président de la Folea (Maroc): «Les pays dU Maghreb doivent être suffisamment armés…»

La situation de dépendance par rapport au marché international et la perspective de voir s’accroître la facture des huiles et des tourteaux ont mobilisé, depuis quelque temps, l’attention des autorités marocaines qui se sont orientées vers la mise en place de politiques de développement du secteur des oléagineux, tout en s’appuyant sur une stratégie de souveraineté alimentaire.

D’après le président de la Fédération interprofessionnelle des oléagineux du Maroc, Folea, Brahim Laroui, le concept de souveraineté alimentaire s’applique parfaitement dans le contexte marocain, puisque le pays s’est engagé depuis plus d’une dizaine d’années, à travers le plan « Maroc Vert », à développer des filières permettant d’atteindre et de maîtriser les enjeux de souveraineté alimentaire.

«Ce programme s’est concrétisé grâce notamment à un fort partenariat entre le public et le privé… En effet, il ne s’agit pas uniquement des enjeux techniques sur lesquels on a misé, mais des efforts considérables ont porté en priorité sur des enjeux stratégiques et politiques. Cette politique est toujours valable et il est impératif, aujourd’hui, que le public et le privé collaborent ensemble dans le cadre d’un plan d’actions précis face à un contexte mondial de plus en plus chaotique et où les ressources sont de plus en plus limitées», a-t-il souligné.

Miser encore plus sur la filière oléagineuse

Pour confirmer encore une fois les intérêts des oléagineux, la Folea a regroupé, d’un côté, l’Association marocaine des producteurs de graines oléagineuses (Amaprol), qui représente l’amont agricole, et, de l’autre côté, l’Association nationale des industriels des oléagineux (Aniom), qui représente l’aval industriel. Pour sa part, la Folea s’est engagée à relancer la filière en mettant en œuvre, via des projets d’agrégation, des actions sur l’amont et l’aval de la filière, le tout dans un objectif d’amélioration des rendements et d’abaissement des coûts de production grâce à l’évolution des pratiques agricoles. Les conséquences sur le rendement restent l’élément clé pour déterminer si les actions menées ont porté leur fruit ou si elles devraient être révisées, modifiées, améliorées…

« Mais, de l’autre côté, on ne peut cacher le soleil par un tamis. Aujourd’hui, tout le monde est conscient que la conjoncture actuelle perturbe le marché à plusieurs titres et les résultats ne manquent pas d’arriver ; les prix ont flambé, des faits compliqués et ambigus s’imposent, nos voisins subissent des problèmes de disponibilité en tournesol, un sérieux problème de pénurie de produit sur le marché nous menace… Face à ce constat alarmant, les pays de Maghreb doivent être suffisamment armés, car, malgré des accroissements enregistrés pendant les dernières années, et qui pourraient être notables, la production d’oléagineux dans les trois pays reste toujours en deçà du taux de croissance de la demande.

Pour ce faire, il faut recourir à des politiques plus ambitieuses, revoir nos stratégies et nos programmes, les renforcer et les intensifier… Et tous ces efforts doivent s’articuler autour d’un axe important et stratégique : avoir des stocks de sécurité — même en champs —, ce qui nécessite de favoriser des filières d’oléagineux avec des acteurs qui doivent être motivés, encadrés, et ce, afin de répondre à un besoin national stratégique », a-t-il encore précisé.

Laisser un commentaire