Colmater les brèches ou couler

Editorial La Presse

La nouvelle République est en marche. Les échéances définies pour le référendum et les élections législatives sont maintenues. Le Chef de l’Etat est déterminé à faire réussir son agenda politique et à imposer ses choix. Les critiques qui fusent pourtant de toutes parts ne semblent point l’importuner. La majorité des partis politiques qui revendiquent le droit d’être associés à la définition des contours de la nouvelle République s’escriment, pourtant, à torpiller ce processus. Des organisations nationales telles que l’Ugtt ou l’Utap ont annoncé leur boycott du Dialogue national. Nos partenaires et bailleurs de fonds retiennent leur souffle. Ils semblent préoccupés par la situation qui prévaut en Tunisie et leurs positions mitigées ne sont pas cohérentes, ni tranchantes. Ils savent que Carthage n’admet aucune ingérence dans ses affaires internes. Ce qui fait que même semé d’embûches, le projet de Saïed  sera mené à terme. C’est que sur le fond, tout le monde est d’accord que le pays a besoin d’un nouveau système politique qui fonctionne pour pouvoir rallumer les moteurs de la croissance et de la prospérité. Mais en même temps ils serrent la vis quand il s’agit d’accorder une lampée financière au pays pour pouvoir respirer. Mais tout le monde oublie que cette situation porte préjudice aux Tunisiens dont le pouvoir d’achat s’érode comme une peau de chagrin et que le seuil de pauvreté a atteint des chiffres alarmants. D’où la reprise des flux de la migration irrégulière vers l’Europe. Pris à la gorge par un mal vivre, les parents cherchent à tout prix à envoyer leurs enfants étudier dans d’autres contrées. Mais ils butent sur l’accès au financement à des conditions drastiques suite à l’augmentation du TMM à 7%. De ce fait, une nouvelle République ne serait pas porteuse d’un nouvel espoir. Elle est plutôt un nouveau champ de bataille entre acteurs politiques dont la seule préoccupation est d’arracher une part au pouvoir. Entre-temps, le bateau Tunisie a pris de l’eau de toutes parts et risque de couler à tout moment. Le meilleur capitaine ne saura le sauver s’il n’arrive pas à colmater les brèches. 

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