Tourisme – Marché algérien | L’aérien ne représente pas une alternative au flux terrestre

La problématique du transport aérien était également à l’ordre du jour, abordant la question de la demande actuellement très supérieure à l’offre en matière de vols entre la Tunisie et l’Algérie, ce qui est de nature à ne pas favoriser le tourisme de famille.

Lotfi Mani, directeur central de la Promotion (DCP, Marketing) à l’Ontt, a indiqué qu’après la fin de crise sanitaire à l’échelle nationale et internationale, la destination tunisienne, très sollicitée par les clients traditionnels, a repris sa position au cours de cette année. Mais c’est l’absence des touristes algériens (à cause de la fermeture des frontières) et la chute du nombre de touristes russes et ukrainiens (à cause de conflit militaire entre ces deux pays) qui nous empêche d’atteindre de meilleurs résultats et de nous rapprocher des réalisations de 2019, d’autant plus qu’il y a une forte demande du marché algérien.

«Le marché algérien, qui représente pratiquement un tiers des entrées touristiques, est aussi un marché dont l’accès se fait principalement par voie terrestre (93%). Et dans l’état actuel des choses, le flux aérien ne peut, en aucun cas, représenter une alternative au flux terrestre même si on double la capacité. Ce créneau est dans l’incapacité de répondre à la demande ‘’très élevée’’, vu son coût élevé, notamment, pour les familles. Cette situation traduit encore une fois l’importance de l’accessibilité de ce tourisme de voisinage. D’ailleurs, les chiffres ne manquent pas ; jusqu’à mi-mars 2020, nous étions à quelque 400 mille Algériens, alors qu’aujourd’hui avec la fermeture des frontières, nous sommes seulement à quelque 36 mille Algériens qui sont arrivés sur le sol tunisien depuis le début de cette année à mi-mai 2022. Il suffit d’ouvrir les frontières pour que ce secteur reprenne ses couleurs. On attend toujours un signal positif de la part de l’Algérie… Même au niveau des postes frontaliers, il y a un travail qui a été fait pour aménager et faciliter l’accès de la clientèle à travers ces postes frontaliers », a expliqué M. Mani.

Une flambée des prix

Un avis partagé par Karim Guediche, DGA de Tunisair, qui a donné plus de détails sur le sujet. Ce dernier a indiqué qu’avec l’approche de la saison estivale, l’amélioration de la situation sanitaire et la levée de nombreuses restrictions liées aux voyages, la Tunisie doit être prête à accueillir les touristes algériens dans d’excellentes conditions mais malheureusement, le programme actuel de vols entre les deux pays ne répond pas à l’importante demande exprimée par les clients des deux pays.

« Il est vrai que depuis 2015, l’Algérie et la Tunisie ont signé un accord pour augmenter la fréquence des vols entre les deux pays. Grâce à cet accord, le nombre de vols reliant la Tunisie à l’Algérie est passé à 42 vols par semaine (contre 7 initialement) avec les pavillons nationaux des deux pays dont 28 pour la Tunisie et 14 pour l’Algérie. Cet accord a permis aussi l’exploitation d’une quarantaine de rotations charter par pavillon, avec une amélioration pour les délais de traitement des demandes qui passe de 30 jours à 15 jours. Ceci a certes permis d’améliorer les flux touristiques et fluidifier la circulation dans les deux sens.

Mais après la Covid-19, on a enregistré la fermeture complète de l’espace aérien, puis une reprise et une réouverture progressive avec 7 fréquences par semaine pour chaque pavillon. Aujourd’hui, nous sommes à 14 vols par semaine, mais nous souhaitons revenir au programme d’avant Covid-19 avec 28 vols pour le pavillon tunisien afin de pouvoir programmer de nouveaux vols sur Alger et sur la province algérienne dont les villes de Constantine et Oran. Pour Tunisair, actuellement, il y a 9 fréquences par semaine dont 7 vols réguliers sur Alger et 2 fréquences sur Constantine. Pour Tunisair Express, il existe deux vols sur Constantine alors que pour Nouvelair, on a 3 vols hebdomadaires sur Alger. Et donc, l’axe Alger est trois fois plus rentable que Constantine, mais malgré ça, on est disposé à mettre plus de capacité si nos amis algériens nous autorisent… », a-t-il précisé.

Mais même si on double ce chiffre, il reste toujours insuffisant et ne répond pas aux demandes exprimées par les clients dans les deux pays. De même, les professionnels du tourisme tunisien veulent aussi la programmation de vols charters avec l’Algérie. « Mais là encore, il faut dire la vérité, qu’on le veuille ou non, le flux aérien est dans l’incapacité de répondre à la demande, qui est de loin supérieure à l’offre. Cette situation a entraîné une flambée des prix. Donc, il est impossible, aujourd’hui, de raisonner en terme de tourisme familial, car la clientèle touristique classique ne peut pas venir par voie aérienne puisque le coût sera très élevé, étant donné que le prix du ticket proposé par Tunisair est vendu trois fois plus cher par l’agence », a-t-il expliqué.

Notons que sur tous les vols programmés par semaine, il y a seulement 164 sièges, c’est-à-dire 164 touristes par semaine dont 64 pour Tunisair Express et 100 sièges pour Nouvelair. Par ailleurs, il y a eu 48 demandes de lignes de charter de la part de nos amis algériens mais qui ont été refusées toutes par l’aviation civile algérienne malgré que ces demandes avaient l’accord de l’aviation civile tunisienne. Ceci est expliqué par le fait que pour la partie algérienne, la demande est énorme depuis l’Europe et, donc, la priorité sera accordée aux Algériens installés en Europe, avec une capacité aérienne insuffisante et limitée.

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