Décès de Hichem Rostom : Un monstre sacré du cinéma et du théâtre tunisien s’en va…

Sa gueule d’aristocrate, son allure, sa chevelure, son verbe et sa verve de poète ne toucheront plus par leur grâce et à jamais le grand et le petit écran… Homme de théâtre pour les connaisseurs, acteur fétiche de plus d’un cinéaste tunisien, Hichem Rostom fut, depuis son retour de France, une figure incontournable de la scène culturelle tunisienne.

Polyglotte, cultivé, intellectuel, il adapte au théâtre des classiques et instaure des expériences inédites en langue française : il varie les apparitions et apporte de son style bien précieux, délicatesse et finesse. Avec les cinéastes tunisiens, il fut l’indomptable opposant dans «Les sabots en or» de Nouri Bouzid, a crevé l’écran avec Abdellatif Ben Ammar dans «Le chant de la Noria», a été le père autoritaire et le Bey sans âme dans «Le Silence des Palais» de Moufida Tlatli, l’homme d’affaires crapuleux, le trafiquant sans scrupules dans les fictions télévisées. Il donne de son métier avec générosité à des films phares, comme «Le Patient Anglais» d’Anthony Minghella, «L’or noir» de Jean-Jacques Annaud ou «Whatever Lola Wants» de Nabil Ayouch et la liste est longue…

La scène est sa première demeure : ses mises en scène sont aussi rares que précieuses. Une histoire d’amour et de passion qu’il exerce sans pression et sans obligation. L’on se rappelle encore de son ouverture du festival international de Carthage avec la pièce «Alyssa» que la télévision tunisienne propose régulièrement à nous, spectateurs.

Hichem Rostom est un grand acteur qui respire son art, qui le communique avec générosité, soutient des projets et encourage une nouvelle génération sans retenue.

Son absence récente du petit écran était dictée par une nouvelle voie  spirituelle et mystique qui a donné naissance à «Rouhanyet», un festival de musique soufie itinérant qui a vu le jour à Nefta pour finalement atterrir à Sidi Bou Saïd … Sans suite, en lui laissant un goût amer à la gorge.

Aujourd’hui, «Les Lumières des théâtres» vont s’allumer pour le saluer une dernière fois : les coups des brigadiers donneront les dix coups pour accompagner ses derniers pas… Hichem Rostom, la classe d’un acteur et d’un artiste dont le visage restera à jamais gravé sur les écrans et dans les mémoires.

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