ECHOS De la FILT | Au pavillon de l’Italie, hier: Maria Borio et Abdelaziz Kacem

Dans une rencontre dédiée à la poésie intitulée «Poésie des frontières», qui s’est tenue hier au pavillon de l’Italie, invitée d’honneur de cette session de la Filt, le public a eu droit à une conversation littéraire qui cherche à élargir la compréhension culturelle entre deux voix de générations différentes. C’est ainsi que la poétesse et critique littéraire italienne Maria Borio et l’écrivain d’envergure Abdelaziz Kacem, dans un dialogue à deux autour du thème «La recherche de la poésie marque-t-elle la frontière de la recherche littéraire à la fin du XXe siècle?», ont associé leurs voix. Le but est d’enrichir le firmament littéraire démontrant que la poésie est un langage qui a le poids et la forme de syllabes et de sons, véhiculant des sentiments et des valeurs universelles.

Modérée par la professeure universitaire Meriem Dhouib, spécialiste de la poésie contemporaine, la rencontre, qui a drainé une nombreuse assistance cosmopolite dont un grand nombre de jeunes, a permis de se pencher sur la poésie en tant que symbole d’accès, la culture en pensant l’écriture en forme, en rythme et en son. 

Dans sa poésie proche parfois de la méditation philosophique et spirituelle, la poétesse italienne a travaillé sur la poésie italienne des années 1970 à nos jours. Dans son livre, genre essai, Poetiche e individui (Marsilio, 2018), (Poétique et individus), elle a démontré l’impact de la poésie italienne de la fin du XXe siècle comme l’un des domaines de recherche littéraire les plus dynamiques en Italie et à quel point la poésie était transformatrice au niveau du style et du genre.

Poète bilingue, Abdelaziz Kacem a préféré parler de la poésie en tant que genre littéraire. Il a dans ce sens indiqué qu’il a fréquenté la poésie du monde à travers plusieurs biennales de poésie un peu partout et que ce parcours lui permet aujourd’hui de dire que le poète occidental est confronté à l’indicible, alors que pour nous le poète est confronté à l’imprononçable, ouvrant large le champs d’interprétation. Dans le cheminement de sa réflexion, Carthage et Rome demeurent toujours en contact.

Projection du film Empreintes Italiennes

La rencontre a été précédée de la projection d’extraits du nouveau projet de film Empreintes Italiennes du réalisateur Habib Mestiri qui se présente comme un voyage sur les traces de la présence italienne à Tunis aux années 30-40 à travers l’architecture sachant que le projet a bénéficié d’une subvention du fonds d’aide au développement tuniso-italien.

Rencontre avec Roberto Mercadini

Le cycle de rencontres s’est poursuivi hier après-midi au Pavillon de l’Italie, invitée d’honneur de la 38e édition de la Foire internationale, par un échange de paroles entre Fabio Ruggirello, directeur de l’Institut culturel italien de Tunis, et l’écrivain de renommée Roberto Mercadini qui, d’ingénieur informaticien à conteur moderne, il a fait de l’art de la narration sa vocation.

Ecrivain, podcasteur et youtubeur, auteur et interprète de plus de 20 monologues, il a présenté son livre L’ingegno et le tenèbre (Rizzoli, 2022) traduit en français par Lucien d’Azay et publié par Les Belles Lettres en 2023 pour porter le titre Le Génie et les Ténèbres en attendant la sortie dans quelques mois de la version arabe assurée par la maison d’édition tunisienne Pop Libris.

Lors de cette rencontre consacrée à l’histoire de l’art, Roberto Mercadini a présenté son livre qui parle de la renaissance italienne et surtout de deux icônes du Cinquecento Léonard de Vinci et Michel-Ange qui ne se sont jamais appréciés. D’où, a-t-il indiqué, l’originalité et la magie du récit dans ce livre qui peut être perçu comme un livre d’histoire de l’art mais aussi d’histoire tout court qui pourrait intéresser un large lectorat.

Dans un échange de discussions avec le directeur de l’Institut culturel italien à Tunis, Roberto Mercadini a relevé que l’histoire de ces deux génies de la Renaissance, d’une très grande différence dans les choix artistiques comme dans la vie, s’inscrit dans un contexte très obscur et à une époque sans pitié de violences, de guerres et de fanatisme religieux. Le livre, qui revient sur l’une des périodes les plus intenses et imprévisibles de l’histoire italienne, est plein d’anecdotes autour de ces deux personnages aussi dans son écriture, et se dresse en fait comme un récit réel mais qui livre une sorte de rêve à l’intérieur d’un cauchemar, a indiqué Roberto Mercadini.

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