Accueil A la une L’appel de la Tunisie à la diaspora : Investir, construire, se connecter

L’appel de la Tunisie à la diaspora : Investir, construire, se connecter

Forte de plus de 1,8 million de personnes, la diaspora tunisienne constitue un levier financier et économique de premier plan pour le pays. 

La Presse« La diaspora tunisienne est un atout stratégique. Elle regorge de compétences, de créativité et de réseaux internationaux. Ce capital humain, qu’il est impératif de transformer en actif financier, nous ne pouvons plus nous permettre de l’observer de loin, avec nostalgie ou détachement.

Il est temps de repenser les passerelles entre leur pays d’origine et les pays d’accueil, pour que la Tunisie redevienne une terre d’opportunités, et non plus seulement de souvenirs », a déclaré, hier, Fethi Zouheir Ennouri, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), lors de l’ouverture du « Tunisia Global Forum ».

Des efforts pour faciliter les transferts des TRE

À cette occasion, le gouverneur de la BCT a annoncé que des efforts concrets sont en train d’être déployés pour améliorer la qualité des services administratifs. En effet, la BCT s’apprête à lancer une nouvelle plateforme numérique baptisée « Exop », qui permettra le dépôt en ligne, le traitement et le suivi des requêtes adressées à l’institution.

Il s’agit, selon ses dires, d’un guichet unique digital qui vise à renforcer la transparence, la réactivité et l’accessibilité des services offerts aux Tunisiens résidant à l’étranger, leur garantissant ainsi un traitement plus rapide. Dans le même esprit, Ennouri a évoqué le lancement imminent d’une nouvelle version de la plateforme dédiée aux investissements en devises résidant en Tunisie, hébergée sur le site « fiche-invest.bct.gov.tn/Fichinvest »

Évoquant la question cruciale de la diversification des instruments financiers au service de la diaspora, le gouverneur de la BCT a proposé des initiatives qui ont été expérimentées dans des pays similaires à la Tunisie. « Il est essentiel de proposer des outils d’investissement adaptés aux besoins et aux attentes de la diaspora en s’appuyant sur les meilleures pratiques internationales », a-t-il commenté. 

Parmi les initiatives citées figure l’introduction d’obligations de la diaspora, des « Diaspora Bonds » dont le fonds permettrait de financer des entreprises locales et des projets d’infrastructure… C’est un projet qui a été mis en place en Inde et qui a permis au pays de lever des milliards de dollars via ces obligations de la diaspora. Autre piste évoquée, le lancement de produits d’épargne sur mesure à l’image du programme égyptien « Tomorrow Pension », qui permet aux Égyptiens de l’étranger de cotiser à un plan retraite en devises depuis leur pays de résidence.

Une contribution considérable à l’économie tunisienne 

Soulignant que la diaspora constitue aujourd’hui une force stratégique, le gouverneur de la BCT a affirmé que cette dernière investit, crée, innove et se connecte grâce au transfert des compétences, à l’entrepreneuriat ou à l’influence culturelle. Elle façonne le présent et prépare l’avenir de leurs pays d’origine. Il a affirmé qu’en ce sens, la diaspora tunisienne constitue un des acteurs économiques les plus déterminants et vertueux qu’il faut transformer en un actif financier pour financer le développement durable. Elle est également l’une des principales sources de devises pour l’économie tunisienne. 

Selon Ennouri, les transferts effectués par les Tunisiens résidant à l’étranger ont représenté 30 % du stock des réserves en devises de la BCT en 2024, soit 6,5 % de notre PIB. « Ces flux ont un effet stabilisateur au niveau macroéconomique. Ils ont à maintes reprises permis à notre pays de faire face notamment au cours des deux dernières années, à ses obligations extérieures et d’éviter les tensions sur la balance des paiements », a-t-il expliqué. 

Il a ajouté que le ratio revenu de travail (hors tourisme) par rapport au service de la dette extérieur à long terme pour les six premiers mois de l’année a atteint 49 % en 2025. « Ce que nous envoient les travailleurs à l’étranger nous permet de financer à hauteur de 49 % notre service de la dette à très long terme. C’est un très bon signe », a-t-il indiqué. 

En effet, la diaspora tunisienne, forte de plus de 1,8 million de personnes, principalement établies en Europe et dans les pays du Golfe, constitue, selon Ennouri, un levier financier et économique de premier plan. Elle contribue à stimuler la consommation locale : chaque visite d’un Tunisien de l’étranger génère en moyenne 1.800 dinars de dépenses, selon les données disponibles. 

Au niveau agrégé, ces transferts participent à la croissance économique, stimulent la demande intérieure, réduisent la pauvreté grâce à leur effet redistributif en faveur des ménages modestes. Les TRE contribuent directement aux recettes fiscales à hauteur de 2 %. Il a ajouté, par ailleurs, que la diaspora renforce le tissu économique, notamment via l’investissement immobilier.

Se reconnecter aux écosystèmes régionaux 

En s’adressant aux participants, le gouverneur a lancé : « Vous êtes une force d’investissement, de solidarité et de confiance. Vous avez été là dans les moments décisifs par vos transferts, votre soutien familial et vos retours. Aujourd’hui, plus que jamais, notre économie a besoin de vous pas uniquement pour envoyer de l’argent mais pour construire avec nous, investir, faire circuler l’intelligence financière et humaine et donner un nouvel élan à notre développement. Il ne s’agit pas de faire un don mais de faire un pari sur votre pays, sur l’avenir ». 

Prenant à son tour la parole, le président de l’Atuge, Amine Aloulou, a rappelé que le « Tunisia Global Forum » s’inscrit dans le cadre de l’initiative « Mois de la Diaspora », qui se déroule du 15 juillet au 15 août 2025. Ses événements de réseautage qui sont prévus dans les régions auront lieu à Sfax, Siliana, Hammamet, Sousse, Le Kef, Djerba et Béja, avec pour objectif de reconnecter les talents de la diaspora aux défis et ambitions de la Tunisie. Ces rencontres seront l’occasion de favoriser les échanges entre experts, mentors, investisseurs issus de la diaspora et les écosystèmes entrepreneuriaux régionaux.

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