Les certitudes de Mondher Kbaier : La variation des constantes

Il n’y a pas de gratitude ou de passe-droits au sein du team Tunisie. Sauf que si certains ont un vécu commun, ce n’est pas pour cela qu’ils ont des garanties. En clair, un joueur, au-delà de ses qualités intrinsèques, doit aussi être un atout par son état d’esprit et son implication.

Mondher Kbaier a-t-il raison d’innover, sans pour autant toucher à ses tauliers via une ossature conservée ?
Prendre des risques ou jouer la carte de la stabilité en bon conservateur ? En marge du grand format amical face au Cameroun, il a aussi fait le choix de l’audace et de l’expérimentation. Avec les Adel Bettaieb, Lamti, Hamza Rafia, Mortadha Ouannes, Mohamed Drager et autre Atef Dkhili, entre autochtones et expatriés, la stratégie du timonier tunisien est claire. Injecter du sang neuf sans pour autant remettre en cause certaines constantes. L’occasion est donc propice face aux Lions Indomptables pour renouveler un peu l’équipe.

Cependant, dans la perspective de ce test grandeur nature, l’a-t-il fait suffisamment ? Aurait-il dû aller plus loin ?
On peut spéculer à l’envi et débattre de cette question.
Mais force est de constater que les meilleurs sont presque tous là, à l’exception d’un certain Wahbi Khazri, méconnaissable depuis peu sous la tunique de Saint-Etienne. Mondher Kbaier sait donc ce qu’il fait et ce qu’il a à faire. Le bonhomme s’y connaît en football, bien plus que les 12 millions de sélectionneurs que nous sommes !
Ça, c’est côté jardin. Car côté cour, comme toujours, à l’annonce de la liste du sélectionneur tunisien, les interrogations fusent. Pourquoi X et pas Y ? Pourquoi retenir tel et ignorer tel autre ? Celui-là, encore lui ?! Sauf que là, nous ne sommes pas en période de surchauffe dans la perspective d’un important rendez-vous continental, voire planétaire. Il s’agit d’une revue d’effectif face à un Cador africain. Une aubaine pour se jauger et tenter de nouvelles formules et associations. Mondher Kbair n’est donc nullement dans une logique de défense de ses propres choix. Réfuter ou s’expliquer pourquoi il accorde ses faveurs à certains.
Au sein du team Tunisie, en ce moment nul besoin pour le plateau technique d’apporter la preuve des bienfaits de son action.

Homogénéité et implication
Il n’y a pas deux groupes avec, d’un côté, les Farouk Ben Mustapha, Hamdi Nagguez, Yassine Meriah, Ali Maaloul, Oussema Haddadi, Dylan Bronn, Seifeddine Khaoui, Ferjani Sassi, Ellyes Skhiri, Naim Sliti, Taha Yassine Khenissi, Firas Chawat, Youssef Msakni. Et de l’autre, le revenant Abdennour, aux côtés de ces jeunes expatriés qui tentent de se frayer un chemin en Europe.
En clair, il n’y a pas de gratitude ou de passe-droits.
Sauf que certains ont un vécu commun, mais ce n’est pas pour cela qu’ils ont des garanties. Pour développer ce côté alchimie-cohésion du team Tunisie, il est cependant prometteur d’accorder de l’importance au vécu commun, à la vie de groupe et à son homogénéité. Celle qui fait qu’un joueur, au-delà de ses qualités intrinsèques, sera aussi un atout par son état d’esprit et son implication. Oui, en sélection, il y a un critère, qui n’est certes pas le plus important mais qui pèse. Ce sont les aptitudes sociales à pouvoir vivre ensemble, à supporter certaines situations, comme moins jouer ou même ne pas jouer, tout en ayant un caractère de compétiteur ! C’est un groupe que le timonier doit former et pas seulement une équipe ! Alors, conservateur ou pragmatique, le coach Kbaier? Peut-être un peu des deux. Si la Tunisie peut relativement se targuer de disposer d’un vivier de footballeurs de haut niveau.
Cette éventuelle abondance de biens laisse forcément des joueurs talentueux sur le bord de la route. Au coach de prouver qu’il sait faire les bons choix. Au bon moment.

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