Pour jouer pleinement leur rôle dans la lutte contre la mauvaise gestion et la corruption, les inspections ministérielles doivent s’aligner sur les standards internationaux en matière de méthodologie de travail.

Penser le rôle des inspections générales était le thème du premier séminaire annuel des inspections ministérielles, qui a été tenu hier au siège du Centre de formation et d’appui à la décentralisation (Cfad) à Tunis. Cette rencontre organisée par le Haut comité du contrôle administratif et financier (Hccaf) se veut un rendez-vous annuel qui réunit les inspecteurs généraux des divers ministères pour débattre des moyens de renforcer le rôle de l’inspection générale dans la lutte contre la corruption et la mauvaise gestion. Dans son mot d’ouverture, le président du Hccaf, Kamel Ayadi, a souligné que le comité s’est attelé depuis 3 ans à consolider les liens avec les inspections ministérielles, et ce, en assurant le suivi des rapports d’inspection qui parviennent au comité. L’objectif est de mieux cerner le travail effectué par les inspections ministérielles et améliorer, de facto, sa contribution à la bonne gestion et à la gouvernance des divers départements. « Environ 30% des rapports qui ont été suivis par le Hccaf durant l’année écoulée sont les rapports des missions d’inspection ministérielle. Cela reflète l’intérêt que porte le comité au travail des inspecteurs administratifs et financiers », a-t-il précisé. Et d’ajouter « étant une structure omniprésente dans la fonction publique, la spécificité des inspections ministérielles, c’est qu’elles maîtrisent les caractéristiques de chaque département, étant donné que chaque ministère dispose de sa propre direction d’inspection. Ainsi, l’inspection ministérielle peut être considérée comme étant un contrôle de proximité. De surcroît, les missions réalisées revêt deux aspects, un premier aspect préventif et un deuxième aspect lié à l’enquête et l’investigation ».

Une situation administrative accablante

Le président du Hccaf a fait savoir qu’en dépit du rôle crucial que devrait jouer l’inspection ministérielle dans les politiques publiques en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption, sa contribution demeure en deçà des attentes. En cause : la situation administrative contingente dans laquelle elle est clouée, a-t-il souligné. Pour remplir convenablement sa mission, le président du Hccaf a expliqué que l’inspection ministérielle doit répondre à trois incontournables, à savoir l’établissement d’un cadre juridique qui permet de capitaliser sur les expériences ; le renforcement des compétences en matière d’inspection générale et la mise en place des gages d’intégrité et de probité de l’inspecteur en mission. « Pour ce faire, le comité a lancé un programme avec l’appui de l’Ocde dans l’objectif de renforcer les compétences des inspecteurs financiers et administratifs. Ce programme prévoit des sessions de formation assurées par des experts internationaux de l’Ocde au profit de 120 inspecteurs. Son objectif est d’unifier la méthodologie du travail des inspecteurs généraux et de donner davantage d’importance à l’aspect déontologique du métier à travers l’élaboration d’un guide de méthodologie et un manuel déontologique pour les inspecteurs», a souligné Kamal Ayadi. Ces documents sont en cours d’élaboration, a-t-il précisé, et ils seront promulgués au mois de mars prochain.

Seulement 250 inspecteurs pour couvrir tout le territoire

De son côté, Ali Kahya, inspecteur général au sein du ministère des Technologies de la communication et de l’Economie numérique, a dressé, dans une présentation succincte, un état des lieux des inspections ministérielles et a, par la suite, proposé des recommandations de nature à améliorer l’efficacité de leur mission. Sommairement, l’inspecteur général a fait savoir que le corps de métier souffre de plusieurs lacunes et à tous les niveaux : organisationnel, logistique mais également en matière de ressources humaines. Sur le plan organisationnel et ressources humaines, le manque patent des inspecteurs publics affecte désormais le travail qui leur échoit. Au total, la fonction publique, en l’occurrence 21 départements, compte 250 inspecteurs qui couvrent tout le territoire du pays. Seulement 3 inspections sur un total de 21 sont dotées d’une structure de suivi des décisions et des recommandations mentionnées dans les rapports de mission, et deux seulement disposent d’une unité de documentation et d’archives, a-t-il noté. L’absence de guides qui fixent les standards et la méthodologie du travail lamine, soutient-on, l’efficacité et la fiabilité des rapports établis par les inspecteurs. En conclusion, Ali Kahya a proposé des recommandations en vue de renforcer le travail des inspecteurs généraux. On cite principalement la création au sein des divers départements des unités et des structures qui assurent le suivi des missions d’inspection, la mise en place des mesures nécessaires en vue d’asseoir et de mettre à niveau la méthodologie du travail selon les standards internationaux et enfin la formation continue pour l’ensemble du corps de métier.

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