Ils ont passé plus de deux heures dans des discussions futiles pour revendiquer le droit à plus de temps pour bavarder sur les deux points à l’ordre du jour. Encore une fois, nos élus, ceux censés donner l’exemple en matière de dialogue responsable et utile, ont raté une occasion de rappeler au monde que ce vieux pays qui a traversé tant d’épreuves et qui s’est toujours relevé, qui a su préserver les institutions et incarner l’alternance politique est encore prêt à parler à tous, même si ceux qui le gouvernent sont issus d’une mouvance aux contours islamistes encore flous.

En effet, la plénière d’hier a confirmé le retour du discours de haine, de rupture proféré par ces machines de propagande qui font des émules et galvanisent la foule parmi des fanatiques de tous bords par des mots assassins et des idées dangereuses.

Hier, c’était une opportunité ratée pour contrecarrer les idées revanchardes et rappeler aux Tunisiens les valeurs de la tolérance. Que nenni ! Encore une fois, c’est le clair-obscur qui a régné. De même, les brèves interventions en début de séance sous forme de points d’ordre ne volent pas très haut puisqu’elles n’ont pas banni définitivement de leur vocabulaire les mots vagues et sans aucune valeur ajoutée qui ne font que confirmer l’immobilisme, le conservatisme et la frilosité d’exprimer clairement des positions intelligibles. Pourtant, nous sommes dans une phase où nous nous attendons à ce que nos députés soient les symboles de l’innovation politique dans les pratiques et de l’imagination sur le terrain des idées. Inutile de souligner l’importance de cette séquence pour les Tunisiens, de mesurer l’ampleur de leurs attentes et la sensibilité de tout ce qui se dit pendant cette période. Cependant, cette plénière, qui a pris la forme d’un cirque, montre aux Tunisiens que le paysage politique se déchire de nouveau, excluant les uns, sanctionnant les autres, vitupérant contre les derniers, montrant à tous que la tolérance et l’esprit de rassemblement sont encore des valeurs méconnues dans notre pays. Encore une fois, la sphère politique se divise et les uns jettent l’anathème sur les autres, ignorant le message des Tunisiens.

Ce qui s’est passé hier nous fait penser avec gravité au mandat que le peuple a confié à ces députés et aux conséquences dévastatrices si l’espoir fondé sur le changement déroute vers un chemin sinueux aux ronces inextricables aussi bien pour les gouvernants que pour les gouvernés. Car ce besoin de croire à un avenir meilleur qui s’est exprimé si fortement durant la campagne qui vient de s’achever ne doit pas se transformer en un cauchemar à même de renvoyer d’autres jeunes Tunisiens dans les rangs des combattants et des terroristes.

Pourtant, pour éviter un tel scénario qui ne conduit qu’au chaos, il ne faut pas qu’il y ait un divorce avec un parti ou un autre. Car en politique, il n’y a pas de fracture irréconciliable. Et le Parlement est la première institution qui doit renvoyer l’image de l’unité et d’être à l’écoute de ce que les Tunisiens, dans leur diversité, ont voulu dire. Le peuple qui a exprimé son impatience, parfois sa désespérance, souvent son exaspération, car il y a eu trop de différence entre ce qui se dit  et ce que vivent les Tunisiens, ne restera pas les bras croisés. Et ce n’est pas une place bordée de barbelés qui l’empêchera de se manifester.

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