« Le miracle du saint inconnu » d’Alaa Eddine Aljem, actuellement au CinéMadart: Un conte burlesque et moral

CinéMadart reprend sa programmation doucement mais sûrement en optant pour une comédie dramatique maghrébine distinguée « Le Miracle du saint inconnu ». Alaa Eddine Aljem nous offre un périple burlesque marocain qui pousse à la réflexion et apaise son public…

Dans les salles depuis le 1er janvier 2020, « Le miracle du saint inconnu » est une comédie qui pointe du doigt croyances locales, traditions et superstitions d’une manière comique, sans heurter les âmes sensibles ou offenser les plus religieux d’entre ses spectateurs. D’une durée d’1heure 40mn, la création est un périple, une aventure, une lutte menée à des fins précises. La bande-annonce et le résumé dévoilent l’intrigue du long-métrage et nous font connaître « Amine », jeune homme pressé, qui court dans un désert aride, la police à ses trousses. Pour la semer, il finit par enterrer ce qu’il possède dans une tombe marquée et bricolée. Seulement, ce butin est très précieux, et le jeune homme reviendra 10 ans plus tard pour le récupérer. À sa grande surprise, ce terrain désert s’est finalement transformé en un lieu de culte où religieux et pèlerins se rendent pour idolâtrer un saint inconnu. Effaré par ce chamboulement, Amine fera en sorte de s’intégrer dans ce minuscule microcosme dans le seul but de récupérer son dû. La mission ne s’avérera pas de tout repos.

Présenté à Cannes en 2019, dans la semaine de la critique, « Le miracle du saint inconnu » est le premier long-métrage du trentenaire Alaa Eddine Aljem. Il s’est gracieusement donné dans une comédie à l’humour léger, distribué au 2e degré, fin, cocasse, dénué d’offenses ou de lourdeur et mené gracieusement par des acteurs remarquables comme Younes Bouab, Salah Ben Salah ou Bouchaib Essamak. Ce petit village, qui a ressurgi de nulle part, est une Mecque citadine et spirituelle, un fort pour son saint et ses fidèles, forcément à l’image d’un Maroc bien plus large. Ce mausolée se veut symbolique et un florilège de personnages variés autour généreront l’intrigue principale : on y rencontre le médecin, le voleur, le paysan, le dentiste/barbier, le gardien, et des femmes-patientes du village. Des personnages, qui pour la plupart, au final, se remettent au « saint inconnu », tel un refuge ultime pour contourner les épreuves. Le long-métrage titille croyances  et superstitions sans s’en prendre frontalement au sacré. Tout un peuple, au final, s’y verrait. Aljem s’est distingué clairement dans le burlesque. Pari gagné pour lui. On y note une certaine lenteur ressentie par moments, faute de rythme mais l’assemblage et la trame dramatique se veulent globalement pertinentes et drôles et la réalisation es très inspirée du cinéma d’Elia Suleiman. Le film est découvert comme un conte sur grand écran et ressort juste en postconfinement.   

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