Sur nos écrans «All This Victory» : De la réalité à la fiction

Connu pour ses documentaires et son travail en tant que vidéaste, Ahmad Ghossein signe avec «All This Victory» son premier longmétrage de fiction, une œuvre qui a fait son avant-première à la 34e Semaine internationale de la critique de Venise. Cette semaine sur nos écrans. 

Dans ce film, Ghossein a voulu fonctionnaliser un événement survenu en 2006, durant l’invasion israélienne du Liban. Cinq personnes se retrouvent prises au piège au rez-de-chaussée d’une maison de deux étages, la seule qui a été épargnée dans un village en ruine. Dans ce contexte de guerre qui fait rage entre le Hezbollah et Israël, et profitant d’un cessez-le-feu de 24 heures, Marwan part à la recherche de son père qui a refusé de quitter son village du Sud et laisse sa femme Rana préparer seule leur immigration au Canada. Marwan ne trouve aucune trace de son père et le cessez-le-feu est rapidement rompu, le forçant à se réfugier dans la maison de Najib, l’ami de son père. Marwan se retrouve piégé sous une pluie de bombes avec Najib et un groupe d’anciens amis de son père. La tension monte à l’intérieur et à l’extérieur de la maison. Soudain, un groupe de soldats israéliens entre au premier étage. Les trois prochains jours voient la situation devenir incontrôlable.

Ce film est une brève allégorie inspirée d’événements réels, souligne le fossé qui existe en temps de guerre entre idéologie et expérience de la réalité et met en évidence la mémoire qui s’efface chez les nouvelles générations à cause des guerres, et surtout des victoires. Ahmad Ghossein réalise ce premier long métrage courageux, incroyablement maîtrisé, avec un remarquable travail de composition des images, et un rythme soutenu porté par une bande originale et un environnement sonore impeccables.

Né en 1981 à Beyrouth (Liban) et diplômé en Arts du théâtre de l’Université libanaise, Ahmad Ghossein est connu pour ses nombreux courts métrages, dont : «Opération Nb…» (2004), récompensé du Prix du meilleur réalisateur au Festival international du film de Beyrouth ; «My Father Is Still a Communist» (2011), présenté au MoMA de New York, au Festival international du film de Berlin et au Festival du film de Doha Tribeca, où il est élu meilleur court métrage; «The Fourth Stage» (2016), présenté en ouverture de la section Forum Expanded de la Berlinale, et White Noise (coréalisation, 2017) également en ouverture de la Quinzaine des réalisateurs de Cannes. Un film à voir d’un artiste difficile à cerner au parcours de funambule entre les arts, fiction et documentaire.

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