L’entreprise autrement | C’est l’action globale qui manque le plus

Avant la grande crise causée par le Covid-19, nous étions au bord du précipice, l’avènement de celle-ci nous a poussés à faire un pas en avant. Imaginons la suite du mouvement. Résultat, une économie et des finances en détresse respiratoire et circulatoire, nécessitant une intervention urgente et des soins intensifs.

Nous l’avions déjà dit,  sur ces mêmes colonnes, avant que les autorités ne décrètent le confinement généralisé,  le méchant virus risque de tuer, en premier lieu l’économie du pays (voir notre chronique, du 18-03-2020), avec, bien sûr, une note d’exagération qui s’est imposée d’elle-même.

Nous avions, alors,  proposé un couvre-feu radical et généralisé limité dans le temps avec des mesures d’accompagnement. Par souci de précaution exagérée,  les autorités ont choisi le confinement total. Elles ont, hélas, étalé dans le temps cette situation, causant ainsi de graves dommages à l’économie du pays.

L’indigence dans laquelle se trouvaient  notre système de santé et de son appareil hospitalo-sanitaire a ainsi participé à semer la panique au sein du gouvernement qui a fait prolonger le confinement le temps de mieux se préparer, causant ainsi de graves dommages à l’économie.

Une durée un peu exagérée, à notre humble avis, et que l’on pourrait expliquer, entre autres, par l’indiscipline de la population et son je-m’en-foutisme légendaire. Encore une fois, les pots cassés ont été payés par  les catégories défavorisées, y compris celle de milliers de chefs de micro et petites entreprises (que nous considérons,  à bon escient, faisant partie de ladite catégorie).    

La réalité a ensuite confirmé nos craintes et, chiffres à l’appui, le constat immédiat a été plus que douloureux. Plus de 130.000 emplois perdus en trois mois, bon nombre d’entreprises privées continuent de jour en jour de déposer le bilan, des secteurs entiers sont sinistrés, tels que le tourisme et des centaines de milliers de familles, au revenu précaire, sont devenues totalement démunies.

Et lorsque les rentrées de devises habituelles  effectuées par nos compatriotes à l’étranger  seront infinitésimales par rapport à l’accoutumée, que l’Etat doit rembourser des sommes considérables aux créanciers,  que l’épargne nationale tendrait vers zéro et que la production et la transformation du phosphate continuent  d’être en berne, on est en droit  d’avoir des sueurs froides.

Oui, le Covid-19, ce méchant petit virus, a failli tuer notre économie, sachant que les prévisions les plus optimistes avancent une croissance nettement négative pour 2020, soit -6% et que notre pays entame aujourd’hui  une nouvelle vague du risque infectieux.

Le problème est que notre pays, malgré la conscience qu’il a du danger, continue de réfléchir et d’agir comme si de rien n’était. Même le nouveau gouvernement, assez bien soutenu par une bonne partie la classe politique et tout en ayant donné un diagnostic inquiétant de la situation, semble un peu timoré.

Et il ne pourrait que donner cette  impression, puisqu’il suit la logique de l’élève appelé au tableau, qui doit se débrouiller pour sauver sa peau. Aucun plan ne semble en train d’être conçu pour mobiliser toutes les énergies. La population semble être appelée comme toujours à rester confinée dans son rôle de spectateur et de consommateur.

Quant au Chef de l’Etat, il semble poussé à croiser le fer avec des ennemis qu’il vilipende sans les nommer et à menacer de dévoiler de graves machinations contre le pays sans se presser de le faire.  Cela après avoir montré des velléités de monopolisation du pouvoir exécutif et des hésitations aux effets déstabilisateurs.

La population, elle, laissée sans aucun encadrement ou presque, et qui est en train de tout subir, continue de s’embourber dans ses problèmes de la vie quotidienne et semble devenue apathique pour finir en plein dans l’aboulie (absence de volonté). Nous baignons aujourd’hui dans un fatalisme qui pourrait nous pousser vers une issue qui sera fatale.

Nous l’avions plusieurs fois répété tout au long de ces derniers mois, notre pays a besoin d’une vraie révolution, celle qui fait que toute la population envahisse l’espace public, non pour crier des slogans, mais pour nettoyer, réparer, entretenir, perfectionner, boiser et reboiser, éradiquer tous les fléaux y compris la pauvreté.

Un travail titanesque nous attend afin de tout mettre en ordre, tout organiser ou réorganiser, gagner tout ce temps perdu, cet argent perdu et bien de hautes valeurs perdues,  depuis l’indépendance politique du pays, il y a près de 65 ans.    

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