Investissements directs étrangers : Une dynamique recrudescente

La disparité régionale persiste au détriment des régions, en matière de développement et d’accès à l’emploi.

L’Agence de promotion de l’investissement extérieur (Fipa) avait publié, en 2019, un rapport sur les investissements directs internationaux (IDI) en Tunisie, relatif à 2018. Ledit rapport met en exergue l’état des lieux de la dynamique des investissements directs dans plusieurs secteurs stratégiques ainsi que l’évolution de l’un des principaux piliers économiques, à même de donner une valeur ajoutée multidimensionnelle, touchant aussi bien à la croissance des activités économiques qu’à l’employabilité.

D’après le présent rapport, les flux entrants en matière d’investissements étrangers, enregistrés en 2018, traduisent, tantôt, une recrudescence, tantôt, un léger recul.  En effet, les investissements étrangers ont évolué par rapport aux trois années précédant 2018 ; une évolution de 27,5% par rapport à 2017, de 44,1% par rapport à 2016 et de 21% par rapport à 2015. Cette dynamique renaissante reflète amplement l’émoussement progressif des obstacles dissuadant les investisseurs étrangers à implanter de nouvelles entreprises en Tunisie, dont l’insécurité et le manque de transparence qui avaient marqué le contexte national au début de la révolution. Aussi, en 2018, les investissements étrangers ont-ils  réussi à suivre une courbe croissante pour atteindre, chiffre à l’appui, un montant de 2 886,2 MTND dont 2 742,0 MTND des investissements directs étrangers et 124,1MTND des investissements de portefeuille.

Décret 3626-2014 : de nouveaux horizons pour les IDE

Manifestement, le flux des investissements étrangers varient selon la nature des investissements. Pour les investissements directs étrangers, la croissance est maintenue, et ce, depuis 2014. Les chiffres témoignent d’une évolution salutaire passant de 1 806,4 MTND en 2014 à 2 742,0MTND en 2018. Quant aux investissements de portefeuille, ils commencent à regrimper la courbe après avoir marqué une chute de taille en 2016. Lesdits investissements avaient atteint, en 2014, les 160,5 MTND pour chuter, en 2016, à seulement 87,8 MTND avant de reprendre la courbe, en 2018, avec le montant de 1 24,1 MTND.  Encore faut-il rappeler qu’en 2015, les investissements étrangers de portefeuille ont connu un pic sans précédent, soit 401,0 MTND, lequel revient à la mise en application du décret numéro 3629 en date de 2014. Ce décret ouvre grands les horizons aux investisseurs étrangers, notamment en matière d’acquisition de titres de capital sur la côte, et ce, sans autorisation de la part de la CSI à condition que la contribution étrangère corresponde à des parts allant de 50 à 66% du capital du projet.

565 projets réalisés et 11 469 emplois

S’agissant de l’investissement direct étranger en 2018, il a permis la réalisation de 565 projets ( parmi lesquels 110 projets dont l’achèvement ne dépendait que d’un coup de pouce ) et 455 projets d’extension lesquels ont coûté pas moins de 1 732,6 MTND. Rappelons que l’extension des entreprises peut aussi bien toucher le côté matériel (extension du local, acquisition de nouveaux équipements) que le côté relatif à l’activité (introduction d’activités complémentaires). Le secteur du textile et de l’habillement détient à lui seul 105 projets réalisés en 2018 grâce aux investissements étrangers. Les IDE ont touché quatre secteurs stratégiques, soit l’industrie manufacturière à raison de 41% ; le secteur des énergies (33%) ; le secteur des services (23%) et seulement 3% pour le secteur agricole. Cela dit, au bout d’une année, l’investissement direct étranger a permis à 11 469 Tunisiens à accéder à l’emploi.

Le Centre-Est : seulement 0,34% des IDE de 2018 !

Néanmoins, la disparité régionale en matière d’accès à l’emploi et de développement persiste telle une tache tenace. Et pour preuve : les IDE enregistrés en 2018 ont été essentiellement concentrés dans les régions «privilégiées», à savoir le Grand-Tunis (57,97% des IDE) et le Nord-Est (25,70%). Le Centre-Est, notamment les gouvernorats de Kairouan, Kasserine et Sidi Bouzid n’ont eu droit qu’à 0,34% du total des IDE de 2018.

La France en première position

S’agissant des pays d’origine des flux des IDE, le présent rapport montre, encore une fois, la présence distinguée des investisseurs français en haut de la liste, accaparant ainsi 35% des IDE relatifs à 2018. La France est classée première aussi bien en termes d’emploi qu’en termes de projets réalisés. Elle est suivie du  Qatar avec une contribution de 27% des IDE. L’Italie occupe la troisième place du podium avec une contribution aux IDE en Tunisie de 9% et enfin, l’Allemagne avec 8%.

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