« Kom Lel Moumathel », de Walid Ayadi à El Teatro : Le comédien, de la réalité à la scène

Un cri scénique nommé « Kom lel Moumathel », dernière création théâtrale en date du metteur en scène Walid Ayadi, présentée actuellement à l’espace El Teatro, étale tout haut les aspirations, les maux, les défis, la tourmente, les innombrables interrogations et la quête de soi d’un comédien.

Comme à l’accoutumée, Walid Ayadi a rassemblé sa troupe de jeunes acteurs prometteurs d’El Teatro autour de l’existence du comédien : du vécu de l’artiste souvent exposé en face du public, adulé, admiré. Il met l’accent sur l’artiste dans les coulisses, le comédien tel qu’il est dans la vraie vie, loin des projecteurs. De jeunes acteurs dans tous leurs états s’interrogeront pendant la création en se basant sur les textes de Valère Novarina, auteur de théâtre contemporain de 73 ans, également essayiste, metteur en scène et peintre franco-suisse. 

La particularité de la création est sa scénographie. Disparate et éclatée en plusieurs parties, le public présent en petite foulée est immobile une fois à l’intérieur d’El Teatro. Les différents coins et recoins de l’espace ont été minutieusement remis en scène par Walid Ayadi. Le public n’a pas droit à une scène et à un spectacle classique, mais traversera couloirs, scènes réaménagées, passages, et portes se retrouvant ainsi dans divers cadres, tantôt vastes, tantôt fermés, face à de nombreux acteurs aux discours saisissants. Une scénographie labyrinthique de 45 min, orchestrée par moments par une équipe technique discrète d’El Teatro sur place et chargée de guider les spectateurs. Un travail remarquable, qui manquait parfois de synchronisation, mais qui sort du lot,  à travers lequel le spectateur pourra découvrir séparément la performance des acteurs et intégrer pleinement l’univers de chaque espace. Le public est à la fois acteur / spectateur et vice versa : les deux parties sont dans l’échange donnant lieu à une prouesse. La disposition de la création s’applique ainsi aux règles sanitaires à appliquer dans les espaces publics.

Tout ce travail scénique a été réalisé à partir du texte de Valère Novarina. Il s’agit de la réadaptation, d’une création précédente réalisée par Taoufik Jebali en 2010. Novarina était présent sur place et Walid Ayadi faisait partie, à cette époque-là, de cette aventure marquante. Ce dernier a repris le travail depuis quelques mois, toujours sous la houlette de Taoufik Jebali, en s’adaptant aux circonstances actuelles. El Teatro se laissait explorer par toute la troupe composée de 33 acteurs et actrices. Il s’agit d’une réflexion sur le parcours, la vie, les émotions, le statut et le rapport de chaque acteur à cet art.

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