Sur fond de confusion, de constat amer et de risques répétés, les réactions émanant de certains partis et hommes politiques sur l’arrestation de Nabil Karoui n’en finissent pas de susciter les débats entre instrumentalisation politique et prise à partie médiatique. D’un côté, ceux qui incriminent déjà un accusé qui bénéficie encore de la présomption d’innocence ; et de l’autre ceux qui interprètent l’inculpation selon leur propre explication avant que le pouvoir judiciaire ne rende son verdict. A tous points de vue, ces réactions sont subjectives et tendancieuses. Désagréables et intrigantes aussi.

On ne saurait suffisamment le dire, mais la classe politique est entrée depuis un bout de temps dans une phase de décomposition. Ses principaux acteurs s’amusent à se renvoyer l’ascenseur sur fond de règlement de comptes évident, mais aussi d’accusations et contre-accusations. D’ailleurs, on peut les énumérer un à un et rares sont ceux qui dérogent à la règle. Il s’agit d’acteurs servis par des opportunités descendues du ciel.

Partout le doute, la méfiance et les soupçons. Le tiraillement politique se niche douillettement au cœur de l’action et l’accompagne éternellement comme l’ombre suit le corps. Si la plupart des protagonistes ont pris l’habitude de faire payer les autres, cela n’a  jamais fait avancer personne outre mesure, essentiellement dans un environnement qui ne leur appartient pas et dont ils ignorent assurément la raison d’être.

Pire que les insinuations gratuites et la plupart du temps infondées, la tentative d’instrumentalisation du pouvoir judiciaire en dit long sur les sombres desseins des uns et des autres. L’absence de confiance est plus que jamais à l’ordre du jour. On  voit mal les différentes parties prenantes associer leurs actions, partager les mêmes principes au moment où les valeurs politiques et humaines  sont en perdition.

Depuis dix ans, l’on ne sait pas exactement si on nage vraiment en pleine reconstruction d’un espoir, d’un monde. Mais une chose est sûre : les leçons des dérives de ces dernières années n’ont pas été retenues. Il est grand temps, et avant qu’il ne soit trop tard, de se situer et de comprendre. Comprendre comment accepter l’autre. Comment éviter les désaccords et les conflits inutiles. Comment faire preuve d’ouverture. Comment remettre les choses en perspective parce que chaque partie a sa propre histoire. Comment grandir. Comment s’élever.

Contrairement à ce que certains voudraient laisser croire, l’affaire Nabil Karoui n’est pas une affaire politique. En même temps, elle ne peut pas, elle ne doit pas constituer une source de jubilation, encore moins de réjouissance. Dépouillés de sens et de neutralité, sans gloire, ni splendeur, ceux qui veulent en profiter ont leur propre raisonnement. On retiendra volontiers, très probablement, un fait associé à une époque, comme l’opération mains propres que les Tunisiens ne cessent de revendiquer. Mais on n’oubliera jamais un discernement. Une réaction et une parole en bonne place. 

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