«Promotion des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique en Tunisie» : Les capteurs au service des consommateurs

En Tunisie, le développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique, selon le Plan solaire tunisien actuel et au-delà de 2030, pourrait générer entre 7 000 et 20 000 emplois supplémentaires. L’investissement total serait de l’ordre de 8,28 milliards TND pour les énergies renouvelables et 1,5 milliard TND pour l’efficacité énergétique. La capacité totale installée d’énergie renouvelable pour la production d’électricité sera d’environ 4 045 MW et la capacité additionnelle de chauffe-eau solaires d’environ 700 MW. L’économie totale d’énergie d’ici à 2030 sera de 120 000 GWh.

Le potentiel éolien de la Tunisie est évalué à 8 GW sur une surface exploitable de 1 600 km². En 2017, la puissance installée en énergies renouvelables représentait 3% de la puissance totale, soit 311 MW. Cette capacité installée est répartie entre l’éolien (244 MW), l’hydraulique (62 MW) et le photovoltaïque (5 MW). Les énergies renouvelables sont fournies par le soleil, le vent, la chaleur de la terre, les chutes d’eau, les marées ou encore la croissance des végétaux. Les énergies renouvelables n’engendrent pas ou peu de déchets ou d’émissions polluantes. Elles participent à la lutte contre l’effet de serre et les rejets de CO2 dans l’atmosphère et facilitent la gestion raisonnée des ressources locales. Le solaire, l’hydroélectricité, l’éolien, la biomasse, la géothermie sont des énergies flux  inépuisables par rapport aux «énergies stock» tirées des gisements de combustibles fossiles en voie de raréfaction : pétrole, charbon, lignite, gaz naturel…

Des modules solaires produisent de l’électricité à partir de la lumière du soleil. Ils alimentent des sites isolés ou le réseau de distribution général. Les capteurs solaires produisent de l’eau chaude sanitaire. Ils peuvent être aussi utilisés pour le chauffage, idéalement par le sol. Plusieurs dizaines de millions de mètres carrés de capteurs sont installés dans le monde. Les aérogénérateurs, mis en mouvement par le vent, fabriquent des dizaines de millions de mégawatheures. Utile dans les sites isolés, cette électricité alimente aussi les grands réseaux de distribution. Les éoliennes mécaniques servent à pomper de l’eau dans de nombreux pays. L’hydraulique se compose  de turbines installées sur les cours d’eau qui utilisent la force motrice des chutes pour générer de l’électricité. Celle-ci est injectée dans le réseau ou alimente des sites qui n’y sont pas raccordés. Les petites centrales avec les grands barrages et les usines marémotrices forment la filière hydraulique, deuxième source d’énergie renouvelable dans le monde.

La biomasse est la «masse des végétaux», elle réunit le bois, la paille, les rafles de maïs, le biogaz et les biocarburants : le bois énergie représente 14% de la consommation énergétique mondiale. Issu des déchets de la forêt ou des industries du bois, il est brûlé pour produire de la chaleur. Le biogaz est issu de la fermentation des déchets organiques. Sa combustion produit de la chaleur, mais également de l’électricité par cogénération.

Qualification et innovation

Quant à la  géothermie, elle constitue une énergie qui utilise la chaleur du sous-sol. Avec une température moyenne ou faible, on chauffe des locaux, alors qu’une température élevée permet de produire de l’électricité par vapeur interposée. Les expériences internationales, avec la création d’emplois dans le domaine des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique politique nécessaire et  un bouquet d’instruments appropriés avec des effets positifs sur le marché du travail, la qualification et l’innovation, peuvent être observées.

Dans ce cadre, ces études ont été faites principalement dans le contexte de pays industrialisés pour évaluer les effets des différentes politiques de soutien des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique. Selon M. Yassine Mchirgui, formateur en énergie renouvelable pour les pays en développement, les effets des applications décentralisées, telles que l’énergie photovoltaïque en Inde ou l’efficacité énergétique dans les zones rurales, comme les foyers améliorés en Afrique, ont été analysés.  Ces études sont spécifiques à certains projets dans le contexte de certaines politiques de développement. Dans le contexte des marchés émergents (en Tunisie, par exemple), les effets n’ont pas été examinés en profondeur. Récemment et depuis l’intérêt porté à des projets tels que Desertec et le Plan solaire méditerranéen, ces activités font l’objet d’une attention accrue. Par ailleurs, les activités nationales, comme le Plan solaire tunisien (PST), offrent la possibilité de créer des emplois hautement qualifiés dans la production, l’exploitation et la maintenance, qui revêtent une grande importance, notamment dans le contexte des changements récents enregistrés dans la région. Dans ce contexte, la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ), dans le cadre du projet «Promotion des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique en Tunisie», financé par le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ), a chargé le consortium composé par GWS (Osnabrück) et Alcor (Tunis) de réaliser une étude sur l’impact des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique sur l’emploi en Tunisie dans le passé, le présent et le futur.

Dans ce contexte, M. Yassine Mchirgui a révélé qu’à ce jour, environ 3 390 personnes sont employées dans des activités liées aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique. Sur ce nombre, 1 445 travaillent dans le domaine des énergies renouvelables, 930 dans celui de l’efficacité énergétique et environ 975 dans les activités transversales, à savoir la recherche et développement, la consultance et la promotion de la maîtrise de l’énergie.

Compte tenu de la structure de production actuelle en Tunisie, sur le court terme, la plupart des emplois créés concerneront les activités d’installation, de fonctionnement et d’entretien des capacités d’énergies renouvelables, ainsi que celles qui sont liées à l’amélioration de l’efficacité énergétique dans les bâtiments. Sur le long terme, il est envisagé d’accélérer l’intégration industrielle et d’exporter des installations photovoltaïques (PV) et des chauffe-eau solaires.

M. Mchirgui a souligné également que dans le secteur des énergies renouvelables, on constate une évolution des compétences correspondant essentiellement à des spécialisations des compétences existantes : les électriciens se spécialisent dans le PV, les plombiers dans les chauffe-eau solaires, etc. L’emploi additionnel, en fonction du scénario export/import, se situera entre 0,2 % et 0,5 % de l’emploi actuel. C’est dans le secteur de la construction et dans celui de la production de machines et de matériel électrique qu’il progressera le plus (en pourcentage).

Globalement, dans ces deux secteurs, les emplois créés feront augmenter la force de travail d’environ 1,4 %, comparativement à aujourd’hui. Si on compare le nombre d’emplois créés pour 100 millions de dinars investis, c’est l’efficacité énergétique dans les bâtiments qui arrive au premier rang, devant la fabrication de chauffe-eau solaires et les installations photovoltaïques. Viennent ensuite, l’énergie éolienne et celle solaire à concentration (ESC). Et notre formateur  d’ajouter : «Bien qu’il soit facile d’importer et de mettre en œuvre des installations de production photovoltaïque dans n’importe quel pays, la mise en place de nouvelles capacités de production ne semble pas souhaitable à grande échelle dans la phase de consolidation en cours sur les marchés internationaux du PV».

Laisser un commentaire