A l’épreuve de la violence et de l’extrémisme

Quand un député a une vision ambiguë de son rôle au parlement, la confusion devient une vision assumée. Une confusion qui trahit clairement une méconnaissance de la défi nition du pouvoir législatif. Réagissant au communiqué de la présidence de l’ARP, qui dénonce enfi n la violence physique commise le 7 décembre dernier par des députés Al Karama à l’encontre des élus Samia Abbou, Amal Saïdi et Zied Ghanney, Seif Eddine Makhlouf n’a pas mis longtemps pour annoncer de son côté que sa coalition rompt toute alliance avec Ennahdha au sein du Parlement, allant jusqu’à considérer le communiqué signé par Rached Ghannouchi comme étant « un poignard dans le dos » et menaçant enfi n de ne plus voter pour les mêmes agendas politiques et certainement aussi idéologiques !

Comme on peut le comprendre, en dépit de l’annonce condamnant la violence physique, du reste longtemps attendue, le chemin pour faire face aux débordements en tous genres est encore long à l’ARP, les aléas nombreux, les embûches inévitables. Les actes et les incidents de violence se revendiquent dans les bureaux, dans les coulisses et même dans les plénières. Un bon nombre de députés s’en donnent à cœur joie et sans scrupule. Ils renvoient ainsi à un rejet de la règle. Un rejet qui s’ancre dans une défi ance envers une institution supposée produire un lien non seulement politique, mais également social. Débordements, insultes, dégradations font partie du quotidien des clubs et leur ôtent toute crédibilité lors qu’il s’agit d’énoncer la règle. Cela est d’autant plus regrettable et désolant que les travaux au sein de l’Assemblée des représentants du peuple sont marqués par toutes sortes de dérapages et que le cadre dans lequel ils se déroulent renvoie l’image d’une institution législative dont les fondements et les valeurs ne sont plus respectés. La persistance des comportements violents s’explique de ce fait par un défi cit de régulation. D’où la nécessité de la mise en place d’un système d’avertissements et de sanctions graduels, d’un cadre clair et légal.

Tout cela n’est plus aujourd’hui seulement souhaité, mais surtout exigé. Il n’en demeure pas moins que d’autres étapes peuvent être également recommandées pour vérifi er que ce grand bouleversement ne deviendra ni le grand tonneau des Danaïdes pour les uns, ni la boîte de Pandore pour tous ceux qui graviteront tout autour. Car malgré la rigueur et les moyens de lutte que l’on pourrait se donner, on sait que derrière toute action de remise en cause et de reconstruction se cachent toujours des dangers. En somme, personne ne peut aujourd’hui pavoiser. Le chemin est encore long et les écueils sont nombreux. Il faudra certainement du temps pour que le Parlement puisse vraiment se remettre sur la bonne voie. Au point où il en est aujourd’hui, il est vital de recomposer les priorités, de redéfi nir les structures. Bref, de s’appuyer sur de vraies valeurs. Il ne faut pas oublier que le rapport de la Cour des comptes a ôté à un grand nombre de députés leur qualité d’élus du peuple, faisant en quelque sorte perdre à la composition actuelle du Parlement sa légitimité.

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