La propreté et l’hygiène dans les rues et trottoirs sont le reflet d’une ville «au poumon sain» et éclatante. On ne cesse de marteler l’impérieuse nécessité de restaurer l’image de nos villes aux quatre coins du pays, mais le chemin est encore long, même si l’espoir demeure à voir l’engagement des jeunes volontaires et certains activistes. Ou encore certaines actions ayant visé les parcs comme celui de la Place Pasteur l’an dernier ou la Place Barcelone, il y a quelques jours….
En Tunisie, la gestion des déchets est un défi majeur qui affecte la qualité de vie des citoyens et l’environnement. Face à ce problème, une solution prometteuse émerge de la synergie entre l’activisme citoyen et les initiatives des municipalités. On y explore comment cette collaboration peut transformer nos villes en espaces plus propres et durables.
Etat actuel de la gestion des déchets
De nombreuses villes tunisiennes sont confrontées à une accumulation de déchets, souvent visibles dans les rues, les quartiers et les espaces publics. Ce phénomène est dû à plusieurs facteurs, à savoir des infrastructures de collecte et de traitement des déchets insuffisantes, un manque de civisme de la part de certains citoyens et l’absence de programmes de recyclage à grande échelle.
Cette situation a des conséquences graves, comme la pollution des sols et des eaux, la propagation des maladies et une image de la Tunisie qui ne reflète pas son potentiel. Rien qu’à voir les immondices de déchets ménagers entassés cà et là aux abords des bennes à ordures, sans que les agents municipaux puissent les déblayer, il y a matière à réflexion…
Des images ont déferlé pour montrer le manque de soin de certains citoyens qui jettent de façon désordonnée et peu méthodique leurs ordures, et des agents municipaux dépassés ou démunis au moment de débarrasser ces mêmes ordures. En attendant, certains rues et quartiers sont plus sales que d’autres… Dès lors, une catégorie de citoyens plus responsables et plus actifs doit émerger dans chaque quartier, populaire ou défavorisé, pour montrer la voie à suivre et que les autres s’alignent.
Le rôle crucial de l’activisme citoyen
L’activisme citoyen est un levier puissant pour initier le changement. Il peut se manifester sous différentes formes, des simples actions de sensibilisation aux initiatives de nettoyage de quartiers. Plus manifestement, à travers la sensibilisation et l’éducation. Les associations et les groupes de jeunes peuvent organiser des campagnes pour éduquer le public sur l’importance de réduire, réutiliser et recycler (3R).
Ces campagnes peuvent utiliser les réseaux sociaux, les événements locaux ou même des ateliers dans les écoles pour toucher un large public. Par conséquent, des initiatives telles que les journées de nettoyage de plages, de parcs ou de rues mobilisent les habitants et montrent l’exemple ont été organisées.
Ces actions, souvent organisées par des bénévoles, ne se contentent pas de nettoyer, elles créent un sentiment de communauté et de responsabilité collective. Le nettoyage des rues ou encore le traçage des voies piétonnes en zone urbaine ont été ciblés ces derniers jours, notamment du côté de Sfax. La refonte complète de la signalisation dans «la capitale du sud», avec des passages piétons restaurés dans de vastes zones de la ville.
Plus encore, une action de nettoyage devant le marché aux poissons le plus prisé de la ville a permis de donner beaucoup d’éclat à toute la place environnante. Un peu plus au nord de Sfax, Monastir n’est pas en reste. Une campagne régionale de nettoyage à l’entrée de la zone touristique du Sahel, le long de la route régionale n° 92, et des actions similaires se sont déroulées dans toutes les communes de la région en juillet dernier.
Ces opérations ont consisté en l’arrachage des plantes parasites, l’éradication des insectes avec le soutien de la municipalité de Monastir, le nettoyage des bas-côtés et le déblaiement des terres sur une distance de 3 km. Ces efforts visent à améliorer la présentation et la salubrité d’un axe majeur d’accès à la zone touristique.
Une opération qu’on aimerait voir se dupliquer dans les autres villes du pays. L’activisme des jeunes et des citoyens sensibles à la question environnementale peut constituer un détonateur inestimable, pour des résultats plus probants.
Surveillance et plaidoyer
Les citoyens peuvent aussi agir comme des «sentinelles» en documentant et en signalant les décharges sauvages aux autorités locales. De plus, ils peuvent militer pour des politiques plus efficaces en matière de gestion des déchets, en exigeant des municipalités qu’elles améliorent leurs services. L’apport des municipalités est indispensable et salutaire.
Bien que l’activisme citoyen soit essentiel, il ne peut pas résoudre le problème seul. Les municipalités doivent jouer leur rôle en tant que partenaires et facilitateurs. Pour assurer l’amélioration des infrastructures, les municipalités doivent investir dans des équipements de collecte modernes, augmenter la fréquence du ramassage des ordures et installer un nombre suffisant de poubelles publiques dans les zones stratégiques.
La mise en place de bacs de tri sélectif pour le plastique, le papier et le verre est une étape cruciale. En créant des centres de recyclage ou en s’associant à des entreprises privées, les municipalités peuvent encourager le tri à la source et valoriser les déchets. A côté de cela, le soutien aux initiatives citoyennes doit se traduire de façon continue avec des municipalités qui peuvent soutenir les associations de nettoyage en leur fournissant du matériel (sacs, gants), en les aidant avec la logistique et en reconnaissant publiquement leurs efforts.
Cela renforce le lien de confiance entre la population et les autorités.
Créer un modèle durable, avec synergie et coordination
La clé du succès réside dans la coordination des efforts. Une collaboration fructueuse pourrait prendre la forme de comités mixtes (citoyens-municipalités) chargés de la gestion des déchets à l’échelle locale. Un meilleur dialogue et une planification concertée sont des atouts.
Ces comités permettent aux citoyens de faire part de leurs préoccupations et de proposer des solutions, tandis que les municipalités pourraient expliquer leurs contraintes et leurs plans d’action. Ce dialogue ouvert assure que les décisions sont prises en tenant compte des besoins réels de la communauté. Le partage des responsabilités améliore la situation globale. Un plan d’action conjoint peut être établi, où les responsabilités sont clairement définies.
Ainsi, la municipalité s’occupe de la collecte et du traitement, tandis que les citoyens s’engagent à trier leurs déchets et à ne pas les jeter dans la rue. Comme exemple de réussite, certaines villes tunisiennes, à l’instar de Bizerte, ont déjà mis en place des initiatives où la société civile et les autorités locales travaillent main dans la main pour améliorer la propreté de la ville, montrant que ce modèle est non seulement possible, mais aussi efficace.
En définitive, la lutte contre la pollution par les déchets en Tunisie ne se gagnera pas par des actions isolées, mais durables et stratégiques. Elle nécessite une approche holistique où le dynamisme de l’activisme citoyen se conjugue à la capacité d’action des municipalités. C’est en travaillant ensemble, main dans la main, que l’on pourra bâtir des villes plus propres, plus saines et où il fait bon vivre pour tous.