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Tourisme : Comment la Tunisie peut capter les touristes chinois aisés ?

  • 15 septembre 18:20
  • 4 min de lecture
Tourisme : Comment la Tunisie peut capter les touristes chinois aisés ?

Premier marché émetteur mondial avec plus de 100 millions de voyageurs par an, la Chine représente une manne pour l’industrie touristique internationale. Selon le cabinet McKinsey, les touristes chinois dépensent en moyenne deux fois plus que les voyageurs européens, avec une préférence marquée pour les séjours haut de gamme et les expériences exclusives.

Pour la Tunisie, qui cherche à diversifier ses marchés au-delà de l’Europe, attirer cette clientèle constitue un enjeu stratégique.

La Presse — Les touristes chinois aisés privilégient les destinations qui conjuguent patrimoine culturel, shopping et confort hôtelier. En 2024, leurs dépenses moyennes à l’étranger ont atteint 3.500 à 5.000 dollars par séjour, contre environ 1.200 dollars pour un touriste européen, selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT). La clientèle ciblée est majoritairement issue des grandes métropoles (Pékin, Shanghai, Canton, Shenzhen), avec un profil de cadres supérieurs, entrepreneurs et jeunes urbains fortunés.

Atouts compétitifs de la Tunisie

La Tunisie ne manque point d’atouts susceptibles d’attirer des touristes chinois avides de nouvelles découvertes. Son patrimoine historique différenciant : Carthage, Kairouan, El Jem ou Dougga offrent une option méditerranéenne aux circuits classiques européens. Volet balnéaire compétitif, la Tunisie dispose de plus de 570 hôtels classés, dont une partie dans le segment haut de gamme, souvent à des prix plus attractifs que l’Europe du Sud.

Le Sahara, lui, constitue un produit d’appel unique : les destinations désertiques (Tozeur, Douz) peuvent être positionnées comme expériences exclusives, avec des lodges de luxe, des circuits privatifs et un tourisme expérientiel.

Freins structurels

Malgré ces atouts, plusieurs handicaps limitent encore la compétitivité tunisienne sur le marché chinois. Figure, en premier lieu, l’absence de vols directs entre la Chine et la Tunisie, ce qui rallonge les trajets et freine la demande. Il y a aussi l’insuffisance de services adaptés : guides sinophones, menus traduits, moyens de paiement chinois (Alipay, WeChat Pay).

Faible visibilité digitale : la Tunisie reste quasi absente des plateformes de référence en Chine (WeChat, Douyin, Mafengwo). D’où la nécessité de mieux investir dans la communication multicanale et le marketing digital.

Rapprochement et pistes

Pour renforcer la connectivité aérienne, il faut envisager des liaisons saisonnières avec Pékin ou Shanghai, éventuellement via des partenariats avec des compagnies du Golfe. Il faut, de surcroît, investir dans la formation : créer un corps de guides et personnels hôteliers sinophones pour améliorer l’expérience client.

L’autre moyen de rapprochement, qui n’est pas des moindres, consiste à mener des campagnes ciblées sur les réseaux sociaux chinois, en partenariat avec des influenceurs voyage (« key opinion leaders »). S’y ajoute le développement d’une offre premium privilégiant des circuits combinant balnéaire, archéologie et Sahara de luxe, avec des services sur mesure.

Il faut, pour cela, collaborer avec les grandes agences chinoises spécialisées dans le tourisme haut de gamme.

Une diversification nécessaire

En 2024, la Tunisie a accueilli environ 9 millions de touristes, dont plus de 80 % venus d’Europe et du Maghreb. Or, le marché chinois représente un potentiel de plusieurs dizaines de milliers de visiteurs supplémentaires à forte valeur ajoutée. Si la Tunisie parvient à capter ne serait-ce que 1 % des flux touristiques chinois haut de gamme, cela représenterait un apport de plus de 200 millions de dollars par an, compte tenu de leur pouvoir d’achat.

À l’heure où le pays cherche à repositionner son offre vers le haut de gamme et à sécuriser ses recettes en devises, séduire les touristes chinois aisés apparaît comme une piste de salut, à condition d’investir dès maintenant dans la connectivité, l’adaptation culturelle et la communication ciblée.

Auteur

La Presse

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