gradient blue
gradient blue
A la une Culture

Sur nos écrans « Jad » de Jamil Najjar : Ne plus mourir en silence

  • 23 octobre 18:50
  • 4 min de lecture
Sur nos écrans « Jad » de Jamil Najjar : Ne plus mourir en silence

Au cours d’une projection spéciale, organisée en grande pompe au Théâtre de l’Opéra de Tunis, a été projeté « Jad », le premier long métrage de Jamil Najjar (Prix du public au festival international du film de Annaba 2025).

Le public est venu nombreux assister à cette première du film, actuellement dans les salles. « Les recettes seront versées aux hôpitaux publics », a annoncé Jamil Najjar lors de la présentation du film.

La Presse — Produit par une nouvelle société «Ameur production» et distribué par le groupement Goubantini, «Jad » plonge le spectateur au cœur d’un drame social sur le système de santé tunisien défaillant, notamment les hôpitaux publics : surcharge des urgences, manque de personnel, absence d’hygiène et tensions entre soignants et patients.

Jad3

Dans ce contexte où règne le chaos, la mort est banalisée, réduite à un simple constat. Ahmed (Mohamed Mrad), dont le frère Nour a été gravement blessé dans un accident de la route et amené aux urgences, doit affronter avec ses parents une réalité implacable. La famille semble soudée et apparaît comme une force vitale.

L’histoire est inspirée d’un fait divers réel vécu par un père, qui n’est autre que le producteur du film lui-même, tellement affecté par la mort de son fils par négligence dans un hôpital, qu’il a tenu à créer une société de production pour réaliser le film en hommage à son fils et surtout pour dénoncer la carence du système de santé où sévit la corruption.

«Jad» met en scène deux familles, l’une aisée dont le fils est victime d’un accident de la route et une autre démunie dont le fils, un maçon, est blessé au cours d’une chute dans un bâtiment en construction. Moncef (Abdelkarim Bennani), agent d’accueil véreux et corrompu, exploite ces familles en situation de faiblesse pour leur soutirer de l’argent, et ce, avec la complicité des infirmières et même du pharmacien.

Seul le chirurgien (Mohamed Ali Ben Jemaâ) est épargné. Ahmed tient à être aux côtés de son frère et à le sauver alors que sa femme accouche dans une clinique. Il veut le placer dans une clinique privée mais son état ne le permet pas, selon le médecin de service. Malgré son acharnement, Ahmed se trouve impuissant face à ce désordre.

Le film présente le personnel de l’hôpital comme une association de malfaiteurs sans scrupule où les malades sont les derniers de leurs soucis : trafics de médicaments, hygiène précaire, décharges encombrées de déchets. Ce décor consternant de l’hôpital public contraste avec l’ordre, le calme et la propreté qui règnent dans les cliniques. L’hôpital renvoie l’image d’un environnement hostile et brutal. Jamil Najjar dresse un tableau sombre et désespéré sur la situation des hôpitaux en Tunisie. 

Cependant, le film pèche par son réalisme cru, jouant sur l’affect du public en suscitant son émotion. Le sujet reste en surface. La naissance du bébé d’Ahmed avertit. Donc, à ce stade plus de surprise. On sait, d’ores et déjà,  qu’Ahmed ne survivra pas. Par ailleurs, la description de l’hôpital et l’appât du gain du personnel qui magouille pour se faire du fric sur le dos des patients est connu par tout le monde. Le mérite du film est de le dénoncer.

Jad2

Or, la dénonciation ne suffit pas, la lutte intérieure d’Ahmed manque de profondeur. Mohamed Mrad a incarné avec intensité un homme, tiraillé entre consternation et humanité (il donne de l’argent à Moncef pour aider la famille du maçon à trouver un logement). 

Quelques longueurs cassent le rythme du film dont le scénario fait défaut et est assez superficiel et sans rebondissements. Les acteurs Amel Hedhili (la mère), Souhir Ben Amara (l’épouse d’Ahmed), Fathi M’selmani (le père), Sondes Belhassen (la mère du maçon), Yasmine Dimassi (la sœur du maçon), Saoussen Maâlej (infirmière en chef), Jamel Sassi (chef du service de l’hôpital), Mohamed Ali Ben Jemaâ  (chirurgien) et Abdelkarim Bennani (agent d’accueil) ont essayé, par tous les moyens, de sauver la mise en campant avec plus ou moins de justesse leur rôle sans trop tomber dans la caricature, mais l’approche linéaire adoptée par le réalisateur, lui-même auteur du scénario, est plus proche d’un téléfilm.

Auteur

La Presse

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *