La Presse — Certains responsables croient à tort que la bonne saison oléicole et dattière est une catastrophe pour les producteurs.
Les prix qui sont annoncés pour la vente au public (il n’y a encore rien d’officiel) représentent pour eux une perte. Pour ces producteurs qui, malheureusement, se laissent embarquer dans des raisonnements peu compatibles avec la réalité, il y a le risque de perdre beaucoup d’argent.
Nous avons à chaque saison rappelé que nous aurons, si les conditions climatiques sont favorables, de plus en plus d’olives, de plus en plus de dattes, d’agrumes, de pommes, de pistaches, de grenades etc. Pour la bonne raison que nous n’avons jamais arrêté de planter de nouvelles pousses. Ces plantes entrant en production enrichissent l’acquis.
Mais il faudrait savoir raison garder au niveau des conclusions à tirer.
Le consommateur doit aussi profiter des investissements qu’il a consentis en amont. Ces prêts, avances en engrais, intrants et autres nécessités, proviennent des banques ou autres organismes publics qui ont consenti ces facilités. Oublier un des maillons de la chaîne de production c’est se baser sur des critères erronés, qui nuisent aux relations entre producteurs et consommateurs.
Lorsque la saison est bonne, comment peut-on imaginer l’évolution du marché ? Les gains se font surtout sur la quantité et non sur des prix à la hausse qui découragent et détournent les consommateurs. La situation est devenue telle que certains consommateurs n’achètent plus qu’à l’unité et non au poids, en raison des prix imposés par la spéculation.
C’est la raison pour laquelle le prix de l’huile d’olive par exemple doit être un reflet de cette énorme quantité qui sera déversée sur le marché. Une bonne récolte c’est une manne du ciel, mais aussi une menace, si l’on n’a pas où la stocker ou une clientèle fidélisée à servir. Et plus le prix se rapproche des huiles de graines et plus cela va dans le sens de l’intérêt du consommateur. Tant du point de vue santé qu’à celui du coût.
C’est ce qu’on doit expliquer au consommateur qu’une cuillerée d’huile d’olive, vaut mieux que quatre ou cinq d’huile de graines.
Le fait de consommer notre huile, nos dattes, nos fruits, est aussi bien une nécessité qu’une priorité.
Cela déclenche une économie circulaire qui profite à tous les intervenants, tout en ouvrant la voie à une éventuelle extension au niveau de la production. Il faudrait en effet se fixer des objectifs qui dépassent les besoins du marché intérieur et aller à la conquête des marchés extérieurs qui sont preneurs au vu de la qualité et du goût unique du terroir. Nous avons eu l’occasion de voir la publicité qu’un pays concurrent fait pour son concentré de tomate. Il y a une allusion phonétique à la Tunisie !
Le producteur tire l’essentiel de ses bénéfices de la quantité qu’il vend et non de ces prix extravagants que l’on constate de temps à autre et qui font penser que ce produit qui provient de nos terres, est plus coûteux que celui que nous importons.
Au point de considérer que nous avons eu une saison de pastèques et melons, mais que celle du raisin et des figues, des poires et pommes, est ratée. Les prix excessifs ont tout faussé en dépit de la bonne récolte.
Ces fruits soigneusement conservés quelque part, réapparaîtront dans quelques semaines, pour les fêtes de fin d’année.