Une douloureuse défaite qui ramène avec elle tant de questions pour un public déçu et consterné.
La Presse — Au public le plus fidèle, le plus patient et le plus généreux, les joueurs du Club Africain n’ont offert vendredi dernier, face à l’Espérance Sportive de Zarzis, qu’une prestation des plus ternes et des plus décevantes. Méconnaissable dans tous les compartiments du jeu, l’équipe de Bab Jedid s’est logiquement inclinée devant un adversaire plus frais physiquement et mieux organisé tactiquement.
Si le président du club adverse a salué l’assiduité et la ferveur des supporters clubistes, l’amertume, elle, se lisait sur les visages des milliers de supporters qui ont afflué au stade de Radès.
De l’amertume à la consternation et aux interrogations qui fusent quant aux causes d’un échec, pourtant annoncé. Et pour cause, depuis le début de la saison, en dépit de deux victoires contre l’ASM à Radès et l’ESS à Sousse, l’équipe n’a jamais réellement rassuré, ni en défense, ni au milieu, ni en attaque. Les nouvelles recrues peinent à s’imposer, tandis que les anciens manquent de régularité et de qualités techniques capables de dynamiser le jeu et de rallumer la flamme chez les supporters.
Le départ de Bettoni, l’ancien entraîneur français, qui n’a rien apporté de concret au club, puis l’arrivée de Mohamed Sahli, pressé de quitter les lieux avant même le coup d’envoi de la saison, n’auguraient rien de bon. A cela s’ajoute l’absence de véritables matchs amicaux de préparation, choix qui a laissé l’équipe mal armée sur le double plan physique et tactique.
Contre l’ES Zarzis, on a eu comme l’impression que le Club Africain a évolué pratiquement sans milieu de terrain, se contentant de longs ballons inefficaces vers Firas Chaouat, incapable de s’imposer dans les duels aériens. Khadraoui, aligné sur le flanc droit, n’a jamais pu exprimer son potentiel, et son raté flagrant devant les cages en première mi-temps illustre son manque de confiance et d’aisance dans ce rôle.
Un électrochoc ?
Plusieurs joueurs semblaient ailleurs, sans rythme ni lucidité. Comment expliquer autrement les erreurs grossières du gardien et de la défense sur les deux buts encaissés ? Même l’entrée en jeu de Srarfi, pourtant plébiscité par l’entraîneur Faouzi Benzarti, n’a rien changé. A court de compétition et de préparation, ce joueur s’est montré transparent et a même été impliqué dans l’action du second but qui a réduit au silence les gradins de Bab Jedid.
La « remontada » tant espérée n’est jamais venue. Le Club Africain s’incline donc, à domicile, dans un match qu’il ne fallait pas perdre. Reste à savoir si ce revers peut servir d’électrochoc. Mais, à quelque chose malheur est bon. Cette défaite pourrait être l’occasion d’un vrai diagnostic et d’une remise en question avant les prochaines échéances. Mais pour les supporters clubistes, la désillusion est si grande. L’équipe semble replonger dans ses vieux démons, entre frustrations et désenchantements.
L’ancien préparateur physique de la sélection nationale ainsi que du CAB, de l’EST, du CA et de l’ESS, Boubaker Hannachi, a dressé un constat sans appel après ce revers du CA à travers un statut publié sur son compte Facebook. Il y reprend la célèbre citation d’Albert Einstein : «La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent». Une phrase qui illustre parfaitement la réalité du club de Bab Jedid, englué depuis plus d’une quinzaine d’années dans les mêmes erreurs. Et le Dr Mohsen Trabelsi, à lui seul, ne saurait , selon lui, inverser cette tendance.