Les transferts de fonds des migrants vers les pays en développement représentent des flux financiers importants. En dépit des différentes crises que l’économie internationale a connues et leurs impacts négatifs sur les flux de capitaux privés, le volume des transferts de fonds demeure relativement stable, affichant même une dynamique de croissance. Les transferts de fonds des Tunisiens à l’étranger ont connu une forte hausse entre 2013 et 2023.
Tendance poursuivie en 2024, où les transferts de la diaspora tunisienne ayant atteint une valeur de 8,2 milliards MDT, soit près de 6,5% du PIB, et connaissent en 2025 une tendance haussière significative.
La Presse — Pour présenter l’expérience d’Intégration de la composante transferts de fonds des Tunisiens résidents à l’étranger (TRE) dans le Plan quinquennal de développement 2026-2030 et les pistes de réformes proposées, le Bureau de la Commission économique pour l’Afrique du Nord organise, en partenariat avec le ministère de l’Economie et de la Planification, un atelier régional sur les transferts de fonds, les investissements et leur contribution au financement du développement national.
L’événement se tient aujourd’hui et demain (24 et 25 septembre 2025) à Tunis. Il vise à analyser la capacité du cadre réglementaire et institutionnel actuel à faciliter leur contribution à l’investissement et discuter des propositions de réformes pour maximiser leur impact en tant que source alternative de financement du développement.
L’atelier sera également l’opportunité de présenter les expériences et les bonnes pratiques des pays membres participants, en matière d’optimisation de la contribution des transferts de fonds des migrants, de renforcement de la coopération Sud-Sud et de la collaboration entre les pays africains.
Forte hausse des transferts de fonds des Tunisiens
Malgré un contexte économique mondial difficile, les transferts de fonds des Tunisiens à l’étranger ont connu une forte hausse de 136% entre 2013 et 2023 (8 817 MDT en 2023 contre 3 721 MDT en 2013). Cette tendance s’est poursuivie en 2024, les transferts de la diaspora tunisienne ayant atteint une valeur de 8,2 milliards MDT, soit près de 6,5% du PIB, et connaissent en 2025 une tendance haussière significative, ayant atteint près de 5,79 milliards de MDT fin août 2025, soit une augmentation de près de 8,2% comparé à la même période en 2024.
L’évolution des transferts de fonds tunisiens s’inscrit dans une tendance mondiale. En effet, les transferts de fonds à travers le monde ont fait preuve d’une plus grande résilience que d’autres flux de ressources tels que les investissements directs étrangers (IDE) ou l’aide publique au développement (APD).
Selon la CEA, les transferts de fonds ont augmenté de 55 %, tandis que les IDE ont diminué de 48 %, au cours de la dernière décennie. « Il est également attendu que l’écart entre les transferts de fonds et l’APD se creuse davantage dans les années à venir ».
Les transferts de fonds des migrants vers les pays en développement représentent des flux financiers importants. En dépit des différentes crises que l’économie internationale a connues, et leurs impacts négatifs sur les flux de capitaux privés, le volume des transferts de fonds est demeuré relativement stable, affichant même une dynamique de croissance.
« A l’échelle internationale, les envois de fonds vers les pays à revenu faible et intermédiaire se sont élevés à 656 milliards de dollars en 2023, et le poids réel des envois de fonds est encore plus important si l’on tient compte de ceux qui transitent par les canaux informels (Banque mondiale, 2024) », précise la CEA. D’après son analyse, la croissance des remises migratoires a toutefois fortement marqué le pas en 2023, pour s’établir à 0,7 %, contre 10,8 % et 8,3 % en 2021 et 2022 respectivement, mais la tendance est inversée à la hausse depuis 2024.
La région Mena affiche la croissance la plus élevée des remises migratoires en 2024 (4,3%), avec un potentiel de croissance de 5,5% pour 2025.
Dans le même temps, « les transferts de fonds ont montré plus de résilience pendant les crises financières que d’autres flux de ressources tels que la dette privée, les capitaux propres et les investissements directs étrangers ».
En effet, les envois de fonds des migrants excédent le montant des Investissements Directs à l’Etranger (IDE) et de l’Aide Publique au Développement (APD), et les remises migratoires devraient creuser encore davantage l’écart avec les IDE dans les prochaines années. Au cours de la dernière décennie, ils ont progressé de 55 %, tandis que les IDE ont connu un déclin de 48%. L’écart entre les envois de fonds et l’APD devrait également s’accentuer dans les années à venir.
Maximiser les avantages des envois de fonds
En Tunisie, les acteurs sont penchés sur la gestion et la promotion de la diaspora et des flux de transferts de fonds des Tunisiens à l’étranger, et ce, pour assurer la mise en œuvre effective des politiques et pour proposer et appuyer les initiatives qui maximisent les avantages des envois de fonds pour le développement du pays.
La diaspora tunisienne joue un rôle crucial dans l’économie du pays, notamment à travers les transferts de fonds, qui constituent une source importante de devises. Les envois de fonds des Tunisiens à l’étranger ont connu une augmentation constante, reflétant les liens étroits entre la diaspora et leur pays d’origine.
Dans ce cadre, les transferts de revenus, ou transferts au titre des économies sur salaires et autres revenus du travail rapatriés par les TRE, ont représenté 8817 MDT en 2023 (avec une progression annuelle de 5,4% par rapport à 2022), contre 3721 MDT en 2013, soit un accroissement significatif de plus de 136% durant la dernière décennie.
Ces flux ont continué ainsi à se situer sur un sentier élevé, malgré les chocs successifs qui ont impacté la conjoncture économique internationale durant les dernières années. C’est ainsi que cette dynamique s’est poursuivie au cours du premier semestre 2024 avec des transferts s’élevant à 4,5 milliards de dinars (dont 3,7 milliards sous forme de flux financiers), contre 4,3 milliards de dinars au cours du premier semestre 2023, soit une hausse de 3%.
Les derniers indicateurs monétaires et, financiers publiés par la Banque centrale de Tunisie (BCT), indiquent que ces transferts ont enregistré, à fin décembre 2024, une hausse de 4,6% par rapport à la même période de l’année précédente. Sur toute l’année 2024, les seuls transferts financiers de la diaspora tunisienne ont ainsi atteint 8,2 milliards de dinars, représentant près de 6,5% du PIB.
Appui de la CEA
Dans le cadre de la contribution au prochain Plan national quinquennal de développement 2026-2030, et en collaboration avec le ministère de l’Economie et de la Planification, la commission économique pour l’Afrique apporte un appui technique pour intégrer la composante envois de fonds, mobilisation et contribution de la diaspora comme source alternative de financement du développement durable en Tunisie.
Cette contribution est explorée afin d’identifier les voies et les moyens de son optimisation et sa canalisation vers des investissements productifs, tout en fixant un ensemble de recommandations, des réformes opérationnelles dédiées, une feuille de route avec un plan d’actions publiques.
De même, pour garantir une meilleure optimisation de la contribution de la diaspora tunisienne, un appui a été apporté pour analyser et évaluer le cadre réglementaire et institutionnel existant en Tunisie dans le domaine de la migration des Tunisiens Résident à l’Etranger (TRE), en général, et dans celui relatif à la contribution des envois de fonds des TRE à l’investissement, en particulier.