L’évolution de l’investissement dans le secteur industriel est plutôt controversée. Si certaines activités retrouvent l’envie d’investir et de s’aligner sur les nouvelles exigences du marché, d’autres tardent encore à retrouver leur rythme habituel. Un déséquilibre qui sanctionne non seulement notre industrie mais également l’économie nationale, dans son ensemble, toujours en quête d’une dynamique globale et cohérente.
La Presse — Toutefois, ce diagnostic n’est pas alarmant, car le secteur industriel est assez outillé pour inverser la tendance.
L’enquête semestrielle de l’INS sur l’investissement industriel retient une reprise encourageante. On parle ainsi d’un rebond spectaculaire pour les industries mécaniques et électriques, l’activité chimique ou encore les matériaux de construction.
Des statistiques qui rassurent sur l’état de santé de ces activités qui, après un ralentissement inquiétant, retrouvent, enfin, l’envie d’investir et donc de se relancer.
Reste que, selon la même enquête, la satisfaction de l’évolution des investissements industriels n’est malheureusement pas totale, car certaines activités qui se sont retrouvées souvent à la première loge connaissent actuellement un repli inhabituel ou encore des stagnations préoccupantes. C’est le cas de l’agro-alimentaire, entre autres.
Ce déséquilibre de l’investissement entre les secteurs n’est pas rassurant, surtout que son impact sur le volume global est, généralement, important. L’agence de promotion de l’industrie et d’innovation (Apii), note dans son dernier rapport que le volume global de l’investissement dans le secteur industriel a régressé au cours du 1er semestre de 2025 de 9,1%. Une moyenne un peu sévère pour une économie qui ambitionne de retrouver, rapidement, une croissance globale et durable.
L’enquête indique qu’il est nécessaire de revoir rapidement cette évolution contrastée de l’investissement et lui rapporter les réponses adéquates. Car, sans dynamique d’investissement, ces activités seraient incapables de maintenir leur stabilité pour longtemps.
Cela est d’autant plus vrai que la bonne partie des investissements consentis par ces secteurs est orientée essentiellement vers des projets de maintenance, et non pas vers des projets de création ou d’extension.
Justement, pour maintenir leur activité et répondre à la concurrence, notamment sur le marché international, ces industries ont besoin d’investir régulièrement, surtout en matière d’innovation, de technologie, de maîtrise énergétique et de digitalisation.
Question de soutien financier
Il faut donc prévoir de nouvelles approches pour remodifier ce tableau déséquilibré. Et cela suppose, certainement, comme le recommandent les industriels eux-mêmes, la révision de certaines dispositions qui concernent notamment le soutien financier, les charges fiscales et le coût énergétique.
Autant de facteurs à repenser sérieusement, car la bonne répartition de l’investissement industriel a un impact direct et très important sur les fondamentaux de l’économie nationale. Il a justement cette capacité de stimuler le développement technologique et de soutenir le rythme de création d’emplois qualifiés. Sans parler, bien évidemment, de cette capacité de bien servir l’innovation et la productivité. Deux éléments indispensables au bon positionnement de nos produits sur le marché international.
D’ailleurs, les derniers rapports parlent d’une pression sensible sur la balance commerciale en raison de l’évolution importante des importations contre la stagnation et même le recul des exportations, notamment en termes de valeur. Cette situation, même si elle n’est pas réellement alarmante, risque de créer des pressions économiques supplémentaires, ce qui pourrait impacter les projections optimistes de croissance économique pour 2025.
En effet, selon les mêmes rapports, «un déficit commercial assez important risque de se traduire par un affaiblissement de l’industrie locale et une forte perturbation de l’approvisionnement». On parle aussi de «l’éventualité de dépendance aux marchandises étrangères», ce qui n’est pas pour servir notre souveraineté productive.
Or, notre économie, engagée depuis quelque temps dans un important programme de redressement économique, déjà sur la bonne voie, n’a pas besoin de tels scénarios. Elle a besoin plutôt de plus de certitude et de sécurisation.