Le 1er août, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le cancer du poumon, la Dr Fatima Chermiti, pneumologue spécialisée dans le diagnostic du cancer du poumon et membre de l’Association Tunisienne des Maladies Respiratoires et d’Allergologie, a lancé un appel à l’intensification des efforts de sensibilisation et au dépistage précoce.
Elle a mis en garde contre le diagnostic tardif en Tunisie, une situation qui réduit considérablement les chances de guérison et augmente la mortalité.
Selon le Dr Chermiti, le cancer du poumon est le cancer le plus répandu chez les hommes en Tunisie, tandis que le cancer du sein reste le plus fréquent chez les femmes. Ce qui est particulièrement préoccupant, c’est l’augmentation du nombre de nouveaux cas, combinée à des programmes de dépistage limités et à un manque de sensibilisation, en particulier chez les fumeurs.
Elle a expliqué que la majorité des patients tunisiens atteints de cancer du poumon sont diagnostiqués à des stades avancés, principalement aux stades 3 et 4, où le taux de guérison est très faible.
Un diagnostic souvent trop tardif
La spécialiste a souligné que 85 % des patients ne consultent un médecin que lorsque des symptômes graves apparaissent, tels qu’une toux avec du sang ou une perte de poids inexpliquée. Beaucoup de fumeurs négligent les premiers signes comme la toux chronique, la considérant comme une conséquence normale du tabac. Cette négligence fait perdre une chance cruciale de diagnostic précoce et de traitement efficace.
Pour inverser cette tendance, l’Association Tunisienne des Maladies Respiratoires et d’Allergologie, en collaboration avec le ministère de la Santé, mène une étude pilote sur le dépistage du cancer du poumon par tomodensitométrie (« scanner »).
Lancée fin 2024 à l’hôpital Abderrahmane Mami d’Ariana, cette étude vise à diagnostiquer 500 cas potentiels d’ici la fin de l’année. À ce jour, environ 200 personnes ont déjà été examinées.
L’objectif est non seulement de diagnostiquer des cas, mais aussi d’évaluer le coût et l’efficacité de cette méthode, en vue de la généraliser à travers un programme national de dépistage précoce. Un guide national sur le dépistage du cancer du poumon est également en cours d’élaboration pour servir de référence aux médecins. Dr. Chermiti a rappelé avec insistance que le tabagisme, qu’il soit direct ou passif, demeure la cause principale du cancer du poumon en Tunisie et dans le monde. D’autres facteurs de risque incluent la pollution environnementale et des prédispositions génétiques.
L’association mène des campagnes régulières dans les lieux publics et les établissements de santé pour avertir des dangers du tabac et offrir des conseils gratuits pour arrêter de fumer.
Les chiffres alarmants de 2024
Selon les données officielles, la Tunisie a enregistré près de 22 690 nouveaux cas de cancer en 2024. Parmi eux, environ 3 000 cas de cancer du poumon chez les hommes, faisant de cette maladie le cancer le plus répandu dans cette catégorie. Chez les femmes, le cancer du sein arrive en tête avec près de 4 400 cas. Les autres cancers fréquents sont ceux du côlon, du rectum, de la vessie et de la prostate chez les hommes, et de l’endomètre et de la thyroïde chez les femmes.