Festival international de musique symphonique d’El Jem : Toutes les valses de Strauss
Une nuit à guichets fermés, un train spécial, des voix prestigieuses et un hommage vibrant à Johann Strauss, pour une célébration unique de ses 200 ans.
La Presse — C’était la cinquième soirée du Festival international de musique symphonique d’El Jem et le traditionnel concert du Bal de l’Opera de Vienne a transporté le public au cœur de la Vienne impériale.
Une nuit à guichets fermés, un train spécial, des voix prestigieuses et un hommage vibrant à Johann Strauss, pour une célébration unique de ses 200 ans.
Le 2 août 2025 restera gravé dans la mémoire des festivaliers. Cette soirée a offert une parenthèse enchantée avec le prestigieux Bal de l’Opéra de Vienne venu célébrer les 200 ans de Johann Strauss dans un Colisée plein à craquer.
Tout avait été pensé pour faire de cette soirée un voyage. Et le voyage a réellement commencé… à Tunis. Depuis la gare centrale, un train spécialement aménagé — confortable, rapide, sécurisé — a conduit les mélomanes jusqu’à El Jem, donnant au déplacement lui-même des airs de prélude festif.
A l’arrivée, le Colisée illuminé déployait toute sa majesté. Les spectateurs, déjà conquis par l’ambiance, allaient vivre un moment rare. Sous la direction du maestro László Gyüker, l’Orchestre du Bal de l’Opéra de Vienne a ouvert la soirée par l’hymne national tunisien, interprété par Saber Rebaï, Lotfi Bouchnak et Amina Fakhet, dans une vibrante communion musicale tuniso-autrichienne.
Puis à 22h00, le cœur de la fête a commencé : un florilège des plus grandes œuvres de Johann Strauss fils, servi par deux solistes complices, la soprano Verena Tranker et le ténor Clemens Kerschbaumer.
Le programme, finement construit, a alterné valses aériennes, polkas espiègles, et airs d’opérette emblématiques, pour peindre l’âme viennoise dans toute sa splendeur.
Dès l’ouverture de « Une nuit à Venise », le ton était donné. Les rythmes se sont ensuite enchaînés : la polka « Violetta », puis « Tic-Tac », « Bonbons de Vienne », et « Rossignol » ont fait virevolter l’orchestre et les cœurs.
Du côté lyrique, les voix ont brillé. Le ténor Kerschbaumer a offert une interprétation vibrante de « Oui, tout cela sur mon honneur » (Le Baron Tzigane). La soprano Tranker a illuminé le Colisée avec « Monseigneur Marquis » (La Chauve-Souris). Ensemble, ils ont livré de superbes duos comme « Bonjour, mon cher enfant » (Sang Viennois) et le célèbre « Duo de la montre », où leur complicité scénique et vocale a conquis le public.
La pause a marqué une respiration avant une seconde partie tout aussi captivante : « Petits bouquets de bal », « Vie d’artiste », « Les voix du printemps », et « Valse des lagunes » ont poursuivi l’hommage. Les spectateurs se sont laissés porter par les valses langoureuses, les polkas vives comme « Pepita » ou « Sous le tonnerre et les éclairs », avant d’atteindre le sommet émotionnel de la soirée avec « Roses du Sud ».
En bis, les musiciens ont offert un final étincelant avec « Sang viennois », « Le Beau Danube Bleu », et enfin la très attendue « Marche de Radetzky », où le public a spontanément rythmé la musique en frappant dans leurs mains, scellant ainsi une soirée de communion et de joie partagée.
Plus qu’un concert, c’était un pont entre deux cultures et deux traditions musicales : la valse viennoise et la grandeur du patrimoine tunisien. Une alliance scellée dans l’amitié fidèle entre le festival et l’orchestre viennois, qui, depuis des décennies, ravivent ensemble la magie d’El Jem.