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Société

kairouan : Les charlatans ont la peau dure

  • 13 août 18:10
  • 4 min de lecture
kairouan : Les charlatans ont la peau dure

La Presse — Le fait de consulter les arrafas, les diseuses de bonne aventure, et les charlatans ne se limite plus aux couches sociales défavorisées et aux analphabètes, mais concerne de plus en plus d’intellectuels, de politiciens, d’hommes d’affaires et d’universitaires, désireux de chasser le mauvais œil, d’avoir des enfants, de trouver l’âme sœur, ou de prédire l’avenir.

En général, il s’agit de personnes dépressives et angoissées qui ont recours aux charlatans pour essayer de guérir de leur phobie ou de leur schizophrénie.

Témoignages

Dans un quartier populaire de la ville de Kairouan se trouve le domicile de L.M., une arrafa âgée de 54 ans et qui a la réputation de chasser les jnoun, les forces invisibles et les esprits maléfiques…

Nous avons recueilli les témoignages de certaines de ses fidèles clientes. Souad B. 40 ans, venue consulter pour essayer de briser le cœur de son époux infidèle, nous confie : «Comme j’ai entendu dire que cette arrafa à la possibilité d’apporter un soutien psychologique à tous ceux qui souffrent, je suis venue la voir en espérant que mon mari cessera de dépenser son argent pour des femmes frivoles.

Et voilà, elle m’a conseillée de mettre un caméléon séché sous son lit et m’a donné des herbes et des épices à mettre dans les plats que je lui prépare…».

Quant à Habiba S., 50 ans, elle confie que sa belle-sœur, qui la déteste, a mis dans un trou caché situé à l’intérieur de sa maison la tête séchée d’un oiseau ainsi que des plantes dans le but de lui causer des problèmes conjugaux : «Alors, je suis venue voir cette arrafa pour qu’elle neutralise l’effet de ces tours de magie…».

Hadda M., 35 ans, encore célibataires, nous révèle qu’elle a déjà consulté un arraf pour trouver l’âme sœur sans aucun résultat : «D’ailleurs, j’ai dépensé beaucoup d’argent à cause de ce charlatan qui commence la consultation par un langage codé incompréhensible puis par caresser des parties intimes de mon corps pour faire sortir le djinn amoureux de moi. Ensuite, il me donnait des talismans que je devais mettre sous mon oreiller, mais en vain…».

Un célèbre guérisseur à El Ala 

Dans la délégation d’El Ala  et plus précisément dans le village montagneux de Nagaz Messiouta, se trouve un célèbre guérisseur qui exerce depuis des décennies et qui a beaucoup de succès auprès de la population locale mais aussi d’autres citoyens qui viennent de tous les coins du pays pour consulter et soigner qui une hernie discale, qui un nerf sciatique.

La piste bordée de cactus était plutôt difficile et il nous a fallu emprunter une charrette tirée par un cheval pour arriver au domicile du guérisseur où une dizaine de patients  attendaient leur tour.

Portant une jebba et assis  sur une  natte, le guérisseur, A.N., commence par enduire la jambe du malade avec une huile essentielle en récitant des versets du Coran. Ensuite, il met sur les endroits douloureux des cataplasmes de feuilles de  bourrache. 

A la fin de la consultation, il donne au patient des feuilles de bourrache à utiliser chez soi. Pour sa rémunération, il n’y pas de prix fixe et chacun est libre de donner ce qu’il veut.

Ilhem Z, 38 ans, une cliente de ce célèbre guérisseur, cadre dans une entreprise privée, justifie son choix pour ces pratiques ancestrales  qui ont parfois des résultats positifs: «Tous les citoyens considèrent qu’il  est primordial de bénéficier de bonnes prestations médicales afin de conserver et  de rétablir la santé… Or, ces objectifs ne sont pas encore atteints dans toutes les délégations du gouvernorat de Kairouan où on continue de souffrir du manque d’équipements, de médicaments et de  spécialistes dans les institutions hospitalières.

Donc, on continue de mourir dans l’impuissance la plus totale. C’est pourquoi on fait de plus en plus appel à l’automédication et à la médecine traditionnelle ou à des guérisseurs…»

Auteur

La Presse

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