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Culture

«Ciné Terre Résistance» les 29, 30 et 31 août à Ghannouch, Gabès : Un nouveau festival pour dénoncer la pollution

  • 29 août 18:30
  • 5 min de lecture
«Ciné Terre Résistance» les 29, 30 et 31 août à Ghannouch, Gabès : Un nouveau festival  pour dénoncer la pollution

Le programme de cette première édition mettra à l’honneur une sélection de films variés entre documentaires et fictions nationaux et internationaux, suivis de débats permettant d’ouvrir le dialogue avec le public et les acteurs locaux.

La Presse —Les initiatives artistiques et écologiques se multiplient à Gabès, donnant un nouvel élan aux campagnes de dénonciation de la pollution portées depuis des années par la société civile. Dans une région où les paysages paradisiaques côtoient des zones industrielles hautement polluantes, la culture s’affirme de plus en plus comme un outil de résistance et de sensibilisation.

Après Gabès Cinéma Fen, qui propose chaque année des projections en plein cœur de l’oasis, et le Festival international de cinéma environnemental de Gabès, un nouveau rendez-vous cinématographique dédié à la cause écologique vient enrichir la scène culturelle locale : le festival «Ciné Terre Résistance», prévu les 29, 30 et 31 août à Ghannouch.

Plus que de simples événements culturels, ces festivals se veulent des cris d’alerte artistique sur fond de paysages pollués et de problèmes de développement locaux. Les images projetées sur grand écran trouvent un écho particulier dans un territoire marqué par des plages dégradées, des nappes phréatiques polluées, un air saturé de rejets toxiques et des communautés locales épuisées par les conséquences économiques et sanitaires.

Pourquoi un nouveau festival environnemental à Gabès? dira-t-on. La réponse tient dans le paradoxe douloureux qui caractérise aujourd’hui la région: une richesse naturelle dont l’exploitation menace directement la santé humaine et l’équilibre écologique et des habitants qui voient leur environnement se dégrader à vue d’œil.

Ni la mer ni l’air ne sont épargnés, et les impacts sur la faune, la flore et la population sont considérables. Entre promesses politiques non tenues, projets industriels dits “verts” mais très contestés, et mobilisation citoyenne croissante, Gabès reste suspendue entre l’urgence de survivre et l’aspiration à une justice environnementale.

C’est dans ce contexte que ces festivals prennent tout leur sens. Ils se présentent comme de véritables catalyseurs de changement, en croisant culture, écologie, éducation et développement économique durable. Dans une ville où les habitants répètent souvent : «Nous voulons vivre», l’art devient un espace d’expression collective, un moyen de transformer la colère en action».

Concernant le choix de Ghannouch pour accueillir cette première édition, la coordinatrice du festival, Wafa Kharfia, rappelle la symbolique forte de ce lieu : situé à quelques kilomètres au nord de Gabès, Ghannouch partage avec elle une vaste zone industrialo-portuaire et figure parmi les localités les plus touchées par la pollution industrielle en Tunisie.

On y trouve notamment un complexe chimique extrêmement polluant, dominé par une usine de traitement des phosphates qui rejette de grandes quantités de phosphogypse dans la mer. Ces déchets toxiques affectent gravement la faune et la flore marine, mais aussi la santé des habitants, exposés à des rejets chimiques, des gaz nocifs et des risques environnementaux majeurs.

Avec «Ciné Terre Résistance», les organisateurs aspirent à promouvoir une culture environnementale militante et utiliser le cinéma comme outil de réflexion, de mobilisation et de proposition d’alternatives. Il s’agit d’une édition fondatrice, pensée comme une plateforme pour questionner les modèles actuels de développement et imaginer des solutions durables pour la région.

Le programme de cette première édition mettra à l’honneur une sélection de films variés entre documentaires et fictions nationaux et internationaux, suivis de débats permettant d’ouvrir le dialogue avec le public et les acteurs locaux. Pour Wafa Kharfia, il est impossible d’aborder la résistance sans rappeler «la mère de toutes les causes» : la Palestine. Ainsi, le 29 août, journée d’ouverture du festival, sera consacrée à une série de projections dédiées à la lutte palestinienne et à la question de la justice au Moyen-Orient.

Deux ateliers de formation enrichiront également cette édition inaugurale :

Un premier, abrité par la Maison de la culture de Ghannouch et proposé par l’association Échos Cinématographiques avec le soutien de Massari, portera sur les techniques de réalisation documentaire.

Un second, dirigé par Dr Leila Riahi, sera consacré aux fondements et valeurs des coopératives, un sujet en lien direct avec la souveraineté alimentaire et les modèles d’organisation collective alternatifs.

Derrière l’organisation de «Ciné Terre Résistance» se trouvent plusieurs protagonistes, dont le Groupement des Femmes de l’Espoir pour l’Agriculture et la Pêche à Ghannouch, Siyada Network, le Groupe de travail pour la souveraineté alimentaire (Majmou3at al 3amal men ajl al siyada al ghidhaia), ainsi que la Maison de la culture de Ghannouch.

Auteur

La Presse

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