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Culture

Mes Humeurs : Théâtre et hommages

  • 30 août 18:30
  • 4 min de lecture
Mes Humeurs : Théâtre et hommages

La PresseLes dates de la 26e édition des Journées théâtrales de Carthage sont annoncées (22 au 29 novembre). Un rendez-vous marquant pour les intéressés, critiques et public. Les organisateurs vont-ils dédier cette session à une figure incontournable et lumineuse de la scène tunisienne et arabe, un artiste libre qui s’est attelé durant sa vie professionnelle à remuer le conservatisme ambiant de l’art, cet artiste vient de nous quitter (trop tôt, hélas), vous devinez qui c’est : Fadhel Jaziri ? 

En attendant le programme, je souhaiterais revenir sur un artiste de notoriété mondiale, récemment disparu (31 juillet dernier à 83 ans) qui a foncièrement bouleversé le théâtre dans sa forme et son contenu et à qui les professionnels comme les amateurs, de Paris à New York, de Berlin à Bruxelles, rendent hommage : Bob Wilson.

A sa mort, les critiques et autres spécialistes n’ont pas tari d’éloges, « artiste de la lumière et de l’épure » ajoutant « Un océan. On ne sait pas trop comment le traverser, dit de lui Anthony Palou (Le Figaro) ». 

Certes, en Tunisie, Bob Wilson est connu par les professionnels (par tous ?), il l’est moins, ou même inconnu du grand public. Les JTC sont une occasion offerte pour découvrir cet homme de théâtre (disons de la scène) que ses travaux et son rôle dans la refonte des arts vivants ont rendu célèbre, il s’est ouvert aux autres disciplines, l’architecture, la danse, la musique et surtout à la lumière de la scène dont il disait qu’«elle est la chose la plus importante», etc.

On se réjouirait si  la direction du théâtre du ministère incluait dans son espace de dialogue et d’ouverture sur le monde une journée spéciale Bob Wilson (des films, une conférence, un débat, etc), ça sera du bénéfice honnête et un acte profitable pour les étudiants en théâtre, les techniciens en arts du spectacle, ainsi que pour nos metteurs en scène. Qui s’en plaindrait ?

Né dans un milieu conservateur, Bob Wilson a eu une formation culturelle solide, sa biographie est riche, dense, et il serait long de citer ses œuvres qui ont marqué le théâtre contemporain, il a commencé par l’apprentissage de la peinture, intéressé par la musique, d’où sa démarche novatrice de construire l’espace scénique comme une œuvre plastique. Reconnu mondialement pour les particularités de son art qui mélange différentes formes de créations, théâtre expérimental, opéra, arts visuels, alternant la musique et le silence.

A propos de musique, l’opéra, «Einstein on the beach», qui l’a fait connaître en France, en Europe et au-delà (1976 à Avignon ; plus de 5 heures de spectacle), a été écrit et mis en musique par Philip Glass, un avant-gardiste de la musique contemporaine.

À travers son théâtre, Bob Wilson explore l’utilisation du temps et de l’espace sur scène, il est reconnu comme un défricheur talentueux ; lorsqu’il n’endosse pas son habit de «performeur», il réalise, entre autres, des décors et des lumières destinés à la scène, des chorégraphies pour des figures célèbres (citons la danseuse-chorégraphe Lucinda Child) ou encore une adaptation du célèbre «Faust» de Goethe.

De la création des œuvres modernes (ses performances) à la réadaptation des classiques (Turandot de Puccini, etc)  Bob Wilson est un découvreur de formes et un bâtisseur à qui le théâtre contemporain (notamment) doit beaucoup; il a réussi à inventer et à imposer un langage moderne et multidisciplinaire.

Auteur

La Presse