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Economie

Kiosque international

  • 1 septembre 18:00
  • 7 min de lecture
Kiosque international

Compagnies aériennes africaines 
Renouvellement et expansion des flottes

Après avoir réduit leurs effectifs durant la crise du Covid-19, de nombreuses compagnies aériennes africaines se lancent désormais dans une course effrénée à l’agrandissement et au rajeunissement de leurs flottes. La reprise du trafic mondial, la croissance du tourisme, l’émergence d’une classe moyenne africaine et la perspective de la libéralisation du ciel continental (Mutaa) alimentent cette dynamique.

Les constructeurs Boeing et Airbus prévoient que l’Afrique aura besoin de 1.100 nouveaux avions au cours des deux prochaines décennies pour répondre à la demande croissante et remplacer les appareils vieillissants. Les transporteurs privilégient des avions de nouvelle génération, plus économes en carburant, afin de réduire l’impact de la volatilité des prix du kérosène, qui représente jusqu’à 30 % de leurs coûts d’exploitation.

Selon le site spécialisé Planespotters, 804 compagnies sont enregistrées en Afrique pour une flotte totale de 1.650 avions, mais beaucoup ne possèdent aucun appareil en activité. 

Les leaders par nombre d’avions en Afrique se distinguent nettement. L’Afrique du Sud arrive en tête avec une flotte de 225 appareils opérés par des compagnies comme Air Link, FlySafair ou CemAir. Elle est suivie par le Kenya, qui compte 203 avions répartis entre Kenya Airways, Aircraft Leasing Services et d’autres transporteurs. L’Égypte dispose de 180 appareils grâce notamment à EgyptAir et Air Cairo, tandis que le Nigeria en recense 153, opérés par Air Peace, Arik Air et Ibom Air. L’Éthiopie complète ce classement avec 154 avions, dont 144 appartiennent à Ethiopian Airlines, qui détient la plus grande flotte du continent.

La compagnie éthiopienne se distingue aussi par l’âge moyen le plus bas (8,3 ans) grâce à sa stratégie «Vision 2035» visant 270 avions et 207 destinations. Royal Air Maroc suit avec 57 appareils (63 avec sa filiale Express), renforçant sa position de hub africain. Avec la hausse des commandes et l’ouverture progressive du ciel africain, la compétition devrait s’intensifier. Les compagnies capables d’allier taille, modernité et rentabilité seront les mieux placées pour capter la croissance du transport aérien sur le continent.

Fin des exemptions douanières « de minimis »
Les colis vers les États-Unis fortement impactés

Les États-Unis mettent fin à l’exemption douanière dite «de minimis», qui permettait jusqu’ici l’entrée sur leur territoire de biens d’une valeur inférieure à 800 dollars sans surtaxe. Par décret publié le 30 juillet, le président Donald Trump a décidé de supprimer cette disposition, accusée de faciliter l’entrée de produits dangereux, dont des opioïdes synthétiques, et de favoriser la fraude douanière.

Désormais, seules les marchandises considérées comme des «cadeaux reçus de bonne foi » et d’une valeur inférieure à 100 dollars continueront à en bénéficier. Les autres colis seront soumis aux droits de douane applicables, avec un taux minimum de 10 %, pouvant atteindre 15 % pour ceux provenant de l’Union européenne, et jusqu’à 50 % pour l’Inde ou le Brésil.

Selon l’Agence américaine de protection des frontières (CBP), 98 % des narcotiques, 97 % des contrefaçons et 70 % des produits dangereux saisis en 2024 provenaient de petits envois postaux. 

«Mettre fin à cette lacune permettra de sauver des milliers de vies», a déclaré un responsable américain. Cette décision bouleverse déjà le trafic postal. L’Union postale universelle (UPU) indique que 25 pays, dont la France, l’Allemagne, l’Italie, le Japon ou l’Australie, ont suspendu leurs livraisons vers les États-Unis, faute de précisions techniques pour appliquer ces nouvelles règles.

Les petites entreprises sont particulièrement exposées. « Nos marges sont trop réduites pour absorber ce coût supplémentaire», déplore Elizabeth Nieburg, entrepreneuse britannique. Aux États-Unis, certains fabricants craignent même de devoir cesser leurs activités faute d’approvisionnement abordable.

Cette mesure, déjà envisagée sous l’administration Biden, s’inscrit dans la volonté de Washington de mieux contrôler ses importations et de réduire les flux de marchandises jugées à risque.

Croissance mondiale 2025
Prudence occidentale et regain asiatique

Les dernières prévisions de «UBS», «Goldman Sachs » et «Morgan Stanley » situent la croissance mondiale 2025 entre 2,5 % et 2,9 %, un niveau inférieur à celui avancé précédemment par le FMI. Les économies occidentales font preuve de prudence, tandis que la Chine et le Royaume-Uni affichent des signaux plus positifs.

Aux États-Unis, la croissance devrait se situer entre 1 % et 2 %. L’augmentation des droits de douane pèse sur les prix et la consommation, alors que l’endettement élevé des ménages et le climat d’investissement incertain freinent la dynamique économique. Gary Hufbauer, de l’Institut « Peterson », redoute « une croissance plus lente, voire une légère récession ».

En Europe, le PIB de la zone euro n’a progressé que de 0,1 % au deuxième trimestre. L’instauration par Washington d’un droit de douane de 15 % sur les importations européennes pourrait amputer la croissance de 0,2 point en 2025, selon «Capital Economics ». L’Allemagne, déjà en recul de 0,1 %, est particulièrement exposée.

La Chine voit ses prévisions révisées à la hausse : 4,5 % à 4,8 % selon les banques internationales, grâce à la vigueur de la demande intérieure et aux efforts d’innovation. La prolongation de 90 jours des négociations commerciales avec Washington offre également un répit aux exportateurs.

Au Royaume-Uni, la croissance du deuxième trimestre a atteint +0,3 %, meilleure performance du G7. Toutefois, «Capital Economics» avertit que la hausse d’impôts d’avril et le ralentissement mondial pourraient limiter cette dynamique dès le troisième trimestre.

Un continent en mutation
L’Afrique vise la puissance économique mondiale

L’Afrique, longtemps cantonnée au rôle de fournisseur de matières premières, s’affirme comme l’un des marchés les plus attractifs au monde. Avec une valeur estimée à plus de 3.500 milliards de dollars et une population de 1,4 milliard d’habitants, le continent dispose d’atouts majeurs : 30 % des réserves minérales mondiales, 75 % du cobalt utilisé dans les batteries électriques, 60 % des meilleures ressources solaires et la majorité des terres arables non cultivées.

À l’occasion de la 4e Foire commerciale intra-africaine (IATF), prévue à Alger du 4 au 10 septembre, l’expert sénégalais Abdourahmane Ba a souligné que ces richesses, encore largement inexploitées, peuvent faire du continent «un moteur du développement mondial», notamment dans le secteur agricole, de l’énergétique et de l’industrie. La consommation africaine, déjà évaluée à 2.500 milliards de dollars d’ici 2030, s’ajoute à ce potentiel.

Cependant, des défis majeurs subsistent : faible transformation locale, infrastructures limitées, manque de financement et intégration économique insuffisante. Pour Ishak Kherchi, économiste et universitaire algérien, «la solution ne réside pas seulement dans la production, mais dans la refonte des chaînes de valeur et l’innovation technologique». 

La Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), couvrant un marché de 3.400 milliards de dollars, apparaît comme l’outil clé pour dynamiser les échanges intra-africains, qui ne représentent encore que 14 % à 16 % du commerce total. Selon Ba, sa mise en œuvre complète pourrait augmenter ces échanges de 33 % et sortir 30 millions de personnes de l’extrême pauvreté d’ici 2035.

Les experts estiment enfin que l’essor du numérique et de l’innovation sera déterminant pour transformer les ressources africaines en valeur ajoutée et propulser le continent au rang de puissance économique mondiale.

Auteur

La Presse

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