Avec une contribution qui ne dépasse pas 2 % des investissements agricoles en Tunisie, les Tunisiens résidant à l’étranger disposent pourtant d’un potentiel considérable.
Entre dispositifs incitatifs et allégement des procédures, le défi reste de transformer leur attachement au pays en projets concrets dans un secteur stratégique et porteur.
La Presse — Si les réflexions s’orientent aujourd’hui vers la recherche de moyens pour stimuler l’investissement des Tunisiens résidant à l’étranger dans leur pays d’origine, c’est parce que ces derniers peuvent jouer un rôle encore plus déterminant dans le développement économique du pays.
Au-delà des transferts de fonds, qui ont culminé à 8 milliards de dinars ces dernières années, la contribution de la diaspora pourrait être renforcée si cette dernière s’engageait massivement dans l’investissement. Car, malgré le soutien qu’elle apporte aux ménages et donc à la consommation privée, son implication directe dans les secteurs agricole, des services et de l’industrie demeure marginale.
En 2019, seulement 50 % des TRE ont investi en Tunisie, pour un montant n’excédant pas 2 milliards de dinars, l’immobilier restant le choix privilégié.
Pourtant, l’envie d’entreprendre est bien réelle. Une enquête récente réalisée pour l’Atuge a révélé que la majorité des Tunisiens établis à l’étranger envisagent un retour définitif si les conditions favorables à l’investissement étaient réunies, notamment en matière d’environnement entrepreneurial, d’accès au financement, de capital-risque et d’allégement des procédures administratives.
En finir avec la lourdeur administrative pour les TRE
Pour beaucoup de TRE, l’herbe n’est pas forcément plus verte ailleurs. L’investissement en Tunisie apparaît comme une option crédible, notamment dans des secteurs stratégiques et à forte rentabilité, tels que l’agriculture. Or, la contribution de la diaspora dans ce domaine ne dépasse pas 2 % du total des investissements agricoles en Tunisie.
Pourtant, ce secteur, porteur car diversifié, offre un potentiel de croissance considérable, notamment avec les possibilités qu’offrent aujourd’hui les nouvelles méthodes et technologies. Les chiffres de l’Apia montrent que la production agricole (arboriculture, oléiculture, pêche et élevage) ne représente que 19 % de ces investissements, le reste étant concentré dans les services agricoles.
Une marge de progression significative existe donc. Pour encourager cet engagement, l’Apia met à la disposition de la diaspora un dispositif incitatif incluant des exonérations des droits de douane sur les machines agricoles et des subventions dont la valeur varie entre 15 % et 60 % du montant de l’investissement, selon la nature et la localisation du projet.
Les investissements jugés prioritaires tels que l’intégration de nouvelles technologies, l’amélioration de la productivité, l’agriculture biologique, la préservation des sols ou encore l’adaptation aux changements climatiques, peuvent bénéficier d’une prime atteignant jusqu’à 60 %.
Par ailleurs, les promoteurs peuvent profiter de la prise en charge par l’État de la cotisation patronale, ainsi que de prêts fonciers pour l’acquisition de terres agricoles, pouvant aller jusqu’à 250 mille dinars, remboursables sur 25 ans avec une période de grâce de 7 ans et un taux d’intérêt de 3 %.
Certes, ces mesures sont de nature à inciter les TRE à explorer les opportunités du secteur agricole en Tunisie. Mais d’autres conditions demeurent essentielles pour leur donner confiance.
L’assouplissement des procédures administratives reste, à ce titre, une revendication récurrente de la diaspora.
Plusieurs études et enquêtes ont mis en évidence l’importance de cette mesure, à l’instar de celle publiée en mars dernier par l’Observatoire national de la migration, qui souligne la nécessité de simplifier les démarches d’ouverture de comptes bancaires ou postaux pour les Tunisiens à l’étranger, ou encore l’enquête de l’Atuge, selon laquelle la lourdeur administrative constitue un frein à la réintégration en Tunisie via l’entrepreneuriat pour 60 % des TRE.