Portée par une devise évocatrice «Du malouf… vers l’horizon de tous les arts», l’académie ne se limite pas à l’enseignement musical. Elle se veut un laboratoire artistique vivant, un lieu de croisement entre tradition et modernité, où se rencontrent création, recherche, pédagogie et spectacle.
La Presse — Alors que la scène culturelle tunisienne vacille sous les effets des mutations sociales, économiques et technologiques, un projet ambitieux voit le jour pour remettre l’art au centre de la société: l’Académie Zied Gharsa du Malouf et des Arts. Pensée comme un pont entre mémoire et avenir, cette académie s’inscrit dans une volonté profonde de préserver, transmettre et réinventer l’héritage artistique tunisien.
La Tunisie, riche d’un patrimoine musical et artistique pluriséculaire, voit ses institutions culturelles traditionnelles s’enrichir d’une nouvelle initiative : l’Académie Zied Gharsa qui vient répondre à une nécessité. Son objectif, offrir un lieu de transmission et d’innovation, enraciné dans le malouf, cette musique andalouse qui constitue l’un des piliers identitaires de la culture tunisienne, tout en s’ouvrant aux arts de la scène, aux arts plastiques, à la poésie et à l’apprentissage méthodique du luth tunisien. Une approche résolument interdisciplinaire et contemporaine.
Portée par une devise évocatrice «Du malouf… vers l’horizon de tous les arts», l’académie ne se limite pas à l’enseignement musical. Elle se veut un laboratoire artistique vivant, un lieu de croisement entre tradition et modernité, où se rencontrent création, recherche, pédagogie et spectacle.
A travers cette initiative, il s’agit de réconcilier le patrimoine avec les aspirations contemporaines, de faire des arts non plus un luxe ou un ornement, mais une composante essentielle de la vie collective, un moteur de sens et d’appartenance.
A l’origine de ce projet se trouve Zied Gharsa, figure incontournable de la musique tunisienne contemporaine. Fils de Tahar Gharsa, il incarne la transmission vivante d’un savoir musical précieux. Formé à la fois à l’école de son père et au Conservatoire national de musique de Tunis, il a su marier tradition orale et rigueur académique, devenant lui-même un passeur de mémoire.
Surnommé dès son plus jeune âge « cheikh el-saghir », Zied Gharsa n’a cessé de faire évoluer le malouf, sans jamais le trahir. Aujourd’hui, à travers son académie, il souhaite transmettre ce patrimoine aux nouvelles générations, dans un cadre structuré, ouvert, exigeant. «Cette académie est la continuité d’un chemin commencé il y a plusieurs décennies. Je mets désormais mon expérience au service des nouvelles générations, pour qu’elles innovent et prouvent que l’art peut toujours être un pont entre le passé et l’avenir», s’exprime Zied Gharsa
L’Académie Zied Gharsa se donne pour mission de préserver et documenter le patrimoine musical tunisien, notamment le malouf ; former de jeunes talents dans plusieurs disciplines artistiques; stimuler la création à travers des œuvres collectives et des expérimentations interdisciplinaires ; renforcer le lien entre les arts et le public en développant des projets accessibles et fédérateurs ; établir des ponts internationaux via des échanges culturels et des partenariats ; participer à l’éducation artistique, en intégrant la culture dans la vie quotidienne.
Parmi les actions prioritaires de l’académie : le développement d’une méthode d’apprentissage structurée du luth tunisien ; la mise en place de programmes de formation en arts de la scène, arts plastiques et poésie ; la production d’œuvres artistiques collectives, ouvertes à l’expérimentation ; la création d’un centre de documentation et de recherche sur le malouf et les musiques traditionnelles ; l’organisation de résidences artistiques et d’événements ouverts au public.
Cette académie ne se veut pas une institution figée. Elle aspire à être un acteur dynamique du dialogue culturel méditerranéen et international, en multipliant les partenariats avec des institutions étrangères, en accueillant des artistes du monde entier, et en contribuant à faire rayonner la richesse de la culture tunisienne au-delà des frontières.
Plus qu’un projet personnel, cette institution du Malouf et des Arts se présente comme un chantier collectif : celui d’une culture vivante, fidèle à son héritage mais résolument tournée vers l’avenir. Un appel à tous ceux qui croient que l’art peut changer les regards, les vies, les sociétés.
« Faisons de cette académie un espace digne de notre histoire, capable d’accueillir les rêves de notre jeunesse, et de faire de la Tunisie une lumière vivante qui ne s’éteint jamais», conclut le maître d’œuvre Zied Gharsa.