Mes Humeurs : Une journée particulière
La Presse — La rentrée scolaire arrive ( lundi 15 septembre), elle ramène avec elle son lot d’images familières: des rues animées par des enfants aux cartables trop lourds pour leurs frêles épaules, des parents pressés, à pied, ou dans une circulation automobile encombrée et gênante, jonglant entre travail et école.
Dans les écoles primaires, l’ambiance est à la fête, les plus petits franchissent pour la première fois le portail, serrant la main de leurs parents (souvent des mères) avec une intensité poignante. Ce qui est touchant dans chaque rentrée ce sont les images de ces enfants, qui nous renvoient à un jour précis : notre premier jour à l’école.
Ainsi se redessinent, devant nos yeux, la préparation, le bain de la veille, le rangement du cartable, les crayons…, le tablier neuf porté ce jour-là, la personne qui nous a accompagné en ce premier jour, à mon époque ( il y a quelques décennies ), c’était à pied par le père ou par un parent proche, de nos jours, en ville, c’est souvent la maman en voiture ; le brouhaha devant la porte de l’école, l’excitation, parfois l’angoisse qui couvre les uns, la peur qui habite les autres à la vue du directeur et ses assistants pourtant souriants. C’est le commencement d’une nouvelle vie.
D’autres enfants, plus âgés, initiés, retrouvent avec joie leurs camarades, échangeant récits de vacances et promesses d’amitié. Dans la cour, les rires se mêlent aux pleurs, dessinant une fresque sonore de cette journée exceptionnelle.
Au collège et au lycée, le tableau change : les adolescents affichent une assurance parfois feinte. Ils comparent les classes, cherchent leurs amis dans les listes affichées au tableau, ils critiquent les vêtements de tel professeur ou l’accent de tel autre. Mais derrière les moqueries, l’incertitude demeure: quelles seront les exigences de cette nouvelle année ? Quels défis à relever, quels examens à préparer, quelles ambitions à poursuivre ?
Au-delà de l’ambiance festive, la rentrée soulève aussi des enjeux majeurs. Les autorités éducatives insistent sur la nécessité d’une meilleure maîtrise des fondamentaux — lecture, écriture, etc.— tandis que les enseignants, qui font leur rentrée aujourd’hui, doivent composer avec des classes parfois difficiles et des attentes élevées. La question des inégalités scolaires reste également au cœur des débats, certains élèves ne disposant pas des mêmes conditions d’apprentissage que d’autres.
A ce sujet, il y a lieu de saluer les mesures prises par le ministère de l’Education nationale, parmi lesquelles la simplification des procédures d’inscription et l’unification des fournitures scolaires. par ailleurs, des actions et autres campagnes d’aides scolaires sont initiées ici et là, par les bureaux régionaux de l’Organisation tunisienne pour l’éducation et la famille (Otef). A titre d’exemple, 2.000 élèves ont bénéficié de ces aides à Sfax. Cela dit, n’oublions pas les problèmes de taille qu’il faudra résoudre, comme le dramatique taux d’abandon scolaire.
L’occasion pour moi de reprendre la lettre émouvante et très connue qu’Albert Camus a adressée à son instituteur, Louis Germain, juste après avoir reçu le prix Nobel de littérature en 1957.
« Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j’étais, sans votre enseignement, et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé. »