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International

Commentaire : Reconnaissance de l’État de Palestine et après… ?

  • 24 septembre 18:00
  • 5 min de lecture
Commentaire : Reconnaissance de l’État de Palestine et après… ?

Depuis la tribune de l’ONU, la République française et plusieurs autres pays — le Luxembourg, Malte, Monaco, Saint Marin et Andorre — ont reconnu, avant-hier, l’État de Palestine dans le but de mettre encore la pression sur l’entité sioniste afin de stopper le génocide à Gaza, certes dans un élan diplomatique historique, mais surtout qui restera avant tout un pas symbolique.

Au total, depuis le 7 octobre 2023, dix-neuf pays ont reconnu la Palestine (dans l’ordre chronologique) : Jamaïque, Trinité-et-Tobago, Bahamas, Norvège, Irlande, Espagne, Slovénie, Arménie, Royaume-Uni, Canada, Australie, Portugal, France, Belgique, Luxembourg, Malte, Andorre et Monaco.

Nul doute, cette reconnaissance en cascade de pays occidentaux, notamment des membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies et des piliers du G7 comme la France, le Royaume-Uni et le Canada, est un message politique fort qui repositionne la question palestinienne au centre de l’équation diplomatique, voire géopolitique internationale grâce aux sacrifices de l’axe de la résistance et au prix du sang payé par les civils gazaouis.

Toutefois, devant la fuite en avant du gouvernement sioniste qui ne cache ni sa «solution finale» pour parachever ses desseins génocidaires dans l’enclave palestinienne et mettre en action ses plans de judaïsation des territoires occupés en 1967 (Al-Qods-Est et la Cisjordanie) voire annexer ce qui reste de la Palestine sur fond de politiques de colonisation éhontées et assumées sous la bénédiction de l’Administration Trump.

Si, à Gaza, la population vit au jour le jour avec la peur au ventre sous une pluie de bombes et l’étouffement d’un siège sans fin d’un territoire occupé et martyrisé, les Cisjordaniens sont écrasés par la stratégie de morcellement des terres arabes et la multiplication des avant-postes de colons juifs sans foi ni loi, défiant les condamnations et les sanctions de la communauté internationale.

Avec ce tsunami de reconnaissance fustigé par les États-Unis, certains commencent à caresser l’espoir de voir les prémices d’un « game changer » (tournant décisif) pour la cause palestinienne et les jalons d’une nouvelle ère, isolant davantage l’entité sioniste et ses gouvernants d’extrême droite sur la scène internationale.

Cause toujours…

Or, quand on voit le soutien indéfectible de l’Oncle Sam — allié historique de la horde sioniste — et le blanc-seing accordé par le Secrétaire d’État américain Marco Rubio aux dirigeants israéliens, lors de sa dernière tournée dans la région, on peut comprendre que ce petit pas occidental — considéré comme géant par les peuples arabes — n’est qu’un coup d’épée dans l’eau.

Sinon, comment peut-on espérer des résultats en faveur de la fin de la guerre à Gaza si le locataire de la Maison-Blanche ne rate pas une occasion pour humilier ses alliés européens ou carrément critiquer le (dys)fonctionnement des instances internationales, en balayant d’un revers de main le rôle du multilatéralisme ?

Pour un président américain privilégiant les rapports de force à la diplomatie et les accords bilatéraux pour ne pas dire les «deals» (transactions) en tête-à-tête, à sens unique, au profit des USA, il est irrationnel, pour ne pas dire insensé, de croire que les efforts de Paris et de Riyad pour pousser dans le sens de la solution des «deux États» et aboutir à une «paix juste et durable» vont rester lettre morte.

La reconnaissance de la Palestine conditionnée à la mise au ban du mouvement de la résistance et la reconnaissance d’un Etat voyou ne peuvent être q’un mirage saharien.

En effet, on ne peut cultiver de l’optimisme, surtout quand on lit les déclarations hostiles des membres du cabinet de guerre israélien et la bile déversée par les deux pestiférés sionistes — Itamar Ben-Gvir (ministre israélien de la Sécurité nationale) et Bezalel Smotrich (ministre israélien des Finances) — sur les Palestiniens et leur volonté de les rayer de la carte, sans oublier les déclarations du criminel de guerre Benjamin Netanyahu, affirmant, droit dans ses bottes, qu’«il n’y aura jamais d’Etat palestinien». 

Comment peut-on espérer une paix dans la poudrière extrémiste du Proche-Orient aux allures de « far west américain » avec l’attitude hors-la-loi de l’entité sioniste qui n’hésite pas à violer moult fois le fragile cessez-le-feu au Pays du Cèdre (le Liban), à bombarder la République islamique d’Iran et ses grandes villes millénaires, frapper le Qatar dans le but d’assassiner les négociateurs du Hamas et faire capoter les pourparlers pour une trêve à Gaza, et surtout faire des incursions militaires terrestres en Syrie sous le parapluie de raids aériens qui n’en finissent jamais ? 

Avec le passe-droit accordé par Washington au gouvernement israélien et la politique sourde-muette de Trump face aux crimes de guerre de Tsahal (l’armée sioniste) à Gaza et ailleurs, provoquant une ambiance d’instabilité dans la région, cette valse diplomatique sur fond de reconnaissance de l’État de Palestine n’est que de la poudre aux yeux face à une réalité du terrain plus complexe et désolante. Reconnaissance, OK ! Et après…?

Auteur

La Presse

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