Chroniques de la Byrsa : L’habit et le «moine» écolier (II)
La Presse — Dimanche dernier, nous avons évoqué la présente rentrée scolaire et les débats qui l’accompagnent, ici comme ailleurs dans le monde, particulièrement en Europe. Nous avons relevé la tendance qui se dessine en faveur de l’instauration d’une réglementation qui détermine la tenue des élèves dans l’enceinte scolaires tant du point de vue de l’habillement que de celui de l’apparence générale.
Certain établissements ont préconisé le rétablissement de l’uniforme dans une version modernisée et d’autres l’ont même imposé, bannissant du même coup pantalons déchirés, nombrils à l’air libre et autres grimages.
En milieux parentaux, certains ont crié à la caporalisation et à l’atteinte aux libertés, arguant du droit à la différence et à la créativité ; en un mot, ils jugent de telles dispositions contraires au plein épanouissement de la personnalité de leur progéniture. D’autres, par contre, saluent cette initiative comme étant de nature à atténuer les clivages sociaux en milieux scolaire et d’éducation citoyenne, tout en favorisant l’esprit d’appartenance à l’institution et à la communauté qui la compose ainsi que le sens de la solidarité.
Quoi qu’il en soit, le débat est ouvert et s’il a été tranché sous certaines latitudes par l’adoption par l’administration de mesures contraignantes, il n’en va pas de même chez nous où la question reste…en suspens. Cela veut dire quoi ? Cela veut dire que si la disposition relative à la « décence » est rigoureusement appliquée aux filles qui, en classe du moins, cachent sous le tablier obligatoire —qui ne constitue pas à proprement parler un uniforme— ces « choses» qu’ «on ne saurait voir », sillon provocateur à la naissance de la poitrine ou nombril impie, il n’en va pas de même pour les scolarisés mâles.
Ceux-ci ne sont soumis à aucune contrainte vestimentaire et ils continuent allégrement à porter des tenues débraillées et à afficher des « looks » originaux.
Une discrimination criante entre les deux sexes, tout à fait contraire au principe d’égalité entre eux. Cet état de choses soulève deux problèmes : celui de l’interprétation de la notion même d’« uniforme » et de l’incontournable question de l’égalité entre garçons et filles. Selon le Larousse, l’uniforme est « un vêtement de coupe et de couleur réglementaires porté par divers corps de l’Etat et diverses catégories de personnel», le vêtement étant évidemment l’ensemble revêtu par celui ou celle qui le porte.
Un tablier constitue-t-il une tenue ? Peu probable. Dans le cas d’espèce, c’est tout juste un accessoire destiné à remplir une fonction bien déterminée— ne suivez pas mon regard !
Quant au fait que les garçons ne sont pas soumis à la même exigence que leurs camarades filles en matière d’habillement en classe, cela dénote une discrimination criante entre les deux sexes, tout à fait contraire au principe d’égalité entre eux tant proclamé à tous les niveaux. Voilà où on en est au seuil de cette année scolaire.
(A suivre)