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Culture

« Ruines Imaginaires » à la librairie Al Kitab : Des lieux qui dorment et des artistes qui les réveillent

  • 29 septembre 18:50
  • 3 min de lecture
« Ruines Imaginaires » à la librairie Al Kitab : Des lieux qui dorment et des artistes qui les réveillent

Du 29 septembre au 27 octobre 2025, bienvenue dans «Ruines imaginaires»  entre mémoire, rêve et réinvention, une exposition collective qui inaugure la nouvelle saison artistique de la Librairie Al Kitab.

La Presse — C’est ainsi que s’ouvre « Ruines Imaginaires », une exposition collective qui inaugure la nouvelle saison artistique de la Librairie Al Kitab. Une proposition sensible, traversée par les échos d’un passé toujours vivant, qui puise son inspiration dans «L’antiquité tunisienne», ouvrage de l’historien Samir Aounallah.

Mais, ici, pas de reconstitution figée, pas de regard figé sur les ruines. Ce que l’on nous propose, c’est une traversée entre mémoire et invention où les pierres anciennes reprennent souffle. Les vestiges s’animent à nouveau, chuchotent des récits oubliés, se tendent vers notre présent avec une grâce étrange. Ils ne sont plus témoins silencieux, ils deviennent matière vive, espace de création.

Les artistes invités réinterprètent cet héritage pluriel avec une liberté assumée. Carthage, Utique, Zama, Dougga, autant de noms qui réapparaissent comme des seuils à franchir, des paysages mentaux à reconfigurer. Les lieux ressurgissent, non comme des ruines mortes, mais comme des champs fertiles pour l’imaginaire. Aux côtés de ces géographies anciennes, ce sont aussi des objets symboliques : poteries, fresques, amulettes, bijoux… qui se métamorphosent sous leurs mains : fragments du quotidien devenus visions nouvelles.

Les figures historiques ou légendaires, de Didon à Hannibal, des rois numides aux anonymes qui peuplaient les villes antiques, traversent les œuvres comme des ombres bienveillantes. Elles s’effacent parfois, puis reviennent, sous d’autres formes, glissant d’un mythe à une émotion, d’un souvenir collectif à une interrogation contemporaine.

A travers ces explorations multiples, chaque œuvre devient une porte entrouverte. Une scène réinventée, une cérémonie oubliée, un rêve enfoui sous les pierres, ou simplement une sensation née d’un silence.

Et ce silence, justement dense, poreux, presque sacré devient à son tour un matériau de création. Il relie, il appelle, il éclaire.

« Ruines imaginaires » tisse un dialogue délicat entre passé et présent, entre ce qui fut et ce qui pourrait être. Ici, la mémoire ne se contente pas d’être évoquée, elle est activée, réimaginée, remise en circulation. L’histoire, elle aussi, s’offre à d’autres lectures, à d’autres formes de sensibilité.

Ce que l’on découvre, alors, c’est un art qui ne reconstruit pas mais qui révèle. Un art qui ne cherche pas à expliquer mais à ressentir. Un art qui, face aux ruines, ne panse pas les blessures du temps, mais les transforme en visions neuves. Un espace s’ouvre  lentement, pleinement, là où l’on pensait qu’il ne restait que des pierres.

Auteur

La Presse

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