Ouverture prochaine de « Ibraaz » par la fondation Kamel-Lazaar : Un temple pour les arts et les idées au cœur de Londres
									Fondé en 2011 par la Tunisienne Lina Lazâar en tant que plateforme artistique numérique, Ibraaz s’apprête à franchir une nouvelle étape. Le 15 octobre 2025, il inaugurera un espace physique à Londres, pensé comme un lieu de convergence des cultures arabe, maghrébine et musulmane, et un pont entre les diasporas et la «Majorité mondiale».
Installé dans un bâtiment classé Grade II de 10.000 pieds carrés, en plein cœur de la capitale britannique, Ibraaz se veut un lieu de partage, de création et de réflexion, au croisement des arts visuels, de la recherche et de la vie communautaire. Ce projet ambitieux est porté par la Fondation Kamel Lazâar (KLF), créée par le père de Lina Lazâar, mécène engagé en faveur des arts et de la culture dans la région Mena.
Un ancrage tunisien et une portée mondiale
Depuis plus d’une décennie, la KLF soutient de nombreuses initiatives en Tunisie, dont le Centre d’art B7l9 à Bhar Lazreg (près de La Marsa) et la Biennale d’art contemporain Jaou Tunis, devenue un rendez-vous incontournable pour les amateurs d’art contemporain du Sud et du Nord.
« Ibraaz est né sans murs, avec la conviction que des idées enracinées dans l’art et la culture pouvaient rassembler au-delà des frontières », déclare Lina Lazâar, également vice-présidente de KLF. Elle présente cette nouvelle adresse comme « un espace de rencontre pour imaginer des futurs résilients, face au désespoir comme à la précipitation ».
Diplômée de HEC, de la London School of Economics et du Sotheby’s Institut of art, Lina Lazâar a été spécialiste de l’art contemporain chez Sotheby’s à Londres. Elle a largement contribué à faire émerger la scène artistique contemporaine arabe et iranienne sur le marché international, notamment via les premières enchères de Sotheby’s au Moyen-Orient. Commissaire à la Tate Modern, à la Biennale de Venise (pavillons arabe en 2011, tunisien en 2017), elle est aussi à l’origine de la Semaine d’art de Djeddah (JAW), en Arabie saoudite.
Un lieu d’hospitalité, de mémoire et de dialogue
Ibraaz entend incarner une hospitalité active et enracinée, inspirée des traditions culturelles du Maghreb et du monde arabe. Partager, accueillir, se réunir : autant de gestes qui guideront la vie de ce nouvel espace.
Le programme d’ouverture, pensé par les artistes Imed Alibi, Shumon Basar et Hammad Nasar, proposera concerts, performances, projections, lancements de livres et rencontres autour des enjeux culturels et politiques contemporains.
L’espace culinaire Oula, dirigé par la cheffe franco-tunisienne Boutheina Bensalem, célèbrera la cuisine du terroir tunisien et les pratiques alimentaires matriarcales. Oula du nom d’une tradition tunisienne de fabrication de provisions sera à la fois lieu de mémoire, de convivialité et de transmission.
Un programme artistique ambitieux
L’exposition inaugurale, « Le Parlement des fantômes » de l’artiste ghanéen Ibrahim Mahama, sera visible du 15 octobre 2025 au 15 février 2026. Adaptée in situ, cette installation monumentale transformera le lieu en un espace de mémoire active, avec des œuvres inédites et des archives repensées.
En parallèle, le Département de Xénogenèse (DXG), plateforme de recherche d’Ibraaz, proposera « Les Transmissions de la Bibliothèque », une série d’événements mêlant conférences, projections, performances sonores et discussions collectives.
Le Groupe Otolith, fondé en 2002 par Anjalika Sagar et Kodwo Eshun, inaugurera la première « Bibliothèque en résidence » d’Ibraaz : une installation vivante rassemblant 40 ans d’archives panafricaines et panasiatiques, conçue avec Diogo Passarhino Studio et Rar.studio.
Une librairie en résidence sera également mise en place, gérée par Burley Fisher Books en partenariat avec le Palestinian Festival of Literature (PalFest), une initiative fondée par Ahdaf Soueif pour penser la littérature comme outil de résistance face au colonialisme.
Dans la continuité de son histoire en ligne (2011–2017), Ibraaz relancera une plateforme éditoriale développée par Stephanie Bailey, avec des contributions d’Anthony Downey, Omar Berrada et Shivangi Mariam Raj. Elle soutiendra des recherches interdisciplinaires, des formats expérimentaux et de nouvelles écritures à travers les générations et les géographies.
Parmi les premières plumes invitées : Heba Y. Amin, Patrick Chamoiseau, Naeem Mohaiemen, Qalandar Memon, Ashkan Sepahvand et Ala Younis, qui proposeront des textes en dialogue avec le programme artistique.
« Au-delà de ses murs, la vie éditoriale d’Ibraaz ira à la rencontre de celles et ceux qui n’y entreront peut-être jamais, mais qui en façonneront l’âme et les directions », affirme Lina Lazâar.
Par cette maison londonienne, Ibraaz aspire à devenir un lieu où les questions urgentes peuvent être posées, où l’écoute et la prise de risque forgent de nouvelles solidarités et où la culture redevient un vecteur de dignité, de mémoire et d’humanité partagée.