Si les bus chinois de la Transtu se sont largement déployés aux quatre coins de Tunis et devraient s’étendre à l’échelle de tout le pays, demeure la question de savoir à quel prix le Tunisien retrouve-t-il tout le confort et le bien-être dans le transport en ville et à quels nouveaux aménagements routiers doit-il s’attendre?
La Presse — Depuis pratiquement un mois, coïncidant avec la rentrée scolaire et la fin des vacances de nombreux employés et salariés tunisiens, on voit partout dans le Grand Tunis la flotte de bus chinois, nouvellement lancée. Des bus à la file à Radès, stationnés en série, à la Place Barcelone flambant neuve et même dans le gouvernorat de l’Ariana.
Plus modernes et confortables, on les voit passer partout aux quatre coins de la capitale, supplantant peu à peu les bus en fin d’usage de la Ratp française, ou les “vieux” bus jaunes complètement essouflés. Ceci, même si on parle de bus en fin d’usage provenant de Suisse, pour on ne sait quand et où encore.
Désormais l’expérience du passager est nettement améliorée, au même tarif. Le bus qui relie Tunis Marine au terminus Riadh Ennasr (Ariana), est un bon exemple d’une meilleure qualité du trajet. Tout comme ceux qui se dirigent vers la Cité Ghazela et Raoued (Ariana). Le nouveau bus chinois présente de nombreux avantages.
Avantage considérable
A commencer par la faible hauteur du bus, à un niveau bas, ce qui le rend plus accessible. Ensuite, des places assises en grand nombre permettent aux passagers de moins ressentir la fatigue et la longueur du trajet. Même si l’espace pour les passagers debouts est plus réduit, forcément, pour certaines lignes moins chargées et encombrées de monde, l’affaire est entendue.
Il y a même une double place pour les personnes à mobilité réduite, notamment celles portant un handicap physique. Elle se trouve juste en face de la porte de sortie, ce qui est accommodant pour la descente en fauteuil roulant. Rien n’a été laissé au hasard, au point que même le guichetier à l’intérieur du bus bénéficie d’un enclos qui le protège, durant l’exercice de ses fonctions.
Le conducteur du bus de la Transtu, quant à lui, ne semble éprouver aucune difficulté, malgré l’incertitude autour de la nouveauté, notamment lorsqu’on a vu une vidéo virale il y a 3 semaines montrant un nouveau bus chinois en panne, remorqué par un bus ancien modèle de la Transtu. Ce qui a suscité l’intrigue ou l’hilarité.
Et si on vous disait qu’il y avait de la musique qui vibrait à flots, durant tout le trajet, dans ce bus public, la chose semble quasiment impensable. Pour les usagers, la différence est déjà perceptible. Certains ont remarqué que les trajets sont dorénavant plus rapides et moins irréguliers. Le confort offert est nettement supérieur, aux anciens bus totalement usagés et en butte à des pannes fréquentes.
Entre-temps, les passagers n’ont pas l’air de se plaindre, pour au contraire “profiter” du prix attractif du bus public, par rapport à celui du taxi qui risque d’augmenter prochainement. Il était temps. Toutefois, on ne sait à quel prix tout cela s’opère et quelles transformations et véritables métamorphoses attendent le paysage routier et urbain tunisien.
Transformation des ralentisseurs ?
Ainsi, ces derniers jours, plusieurs publications et articles de presse ont présenté ce déploiement de bus chinois, comme une réussite et une occasion historique de remplacer les ralentisseurs par des modèles élégants, agiles et conformes aux normes et spécifications en vigueur. Mais comme tout n’est pas toujours rose, le revers de la médaille semble être lié au coût de suppression des ralentisseurs. Un architecte dénommé Fadhel H. a pointé du doigt certaines défaillances, en argumentant : « Des millions de dinars sont dépensés pour supprimer tous les ralentisseurs et les remplacer par de nouveaux, afin de permettre aux 300 bus chinois nouvellement acquis de circuler sur nos routes. Ceci au lieu d’élaborer soigneusement un manuel spécifiant précisément les spécifications techniques appropriées notamment la garde au sol, la largeur et la longueur des doubles voitures.» Il récuse la gestion actuelle des finances publiques dans le Transport. En corollaire, il y a une cohabitation difficile entre nouveaux bus et anciens dos d’âne.
Cohabitation difficile
L’arrivée de nouveaux bus modernes et confortables pose un problème inattendu et plutôt épineux. Leur garde au sol est trop basse. Ils peinent donc à franchir les dos d’âne existants, dont la majorité sont non conformes aux normes internationales, souvent trop hauts ou mal positionnés. Pour garantir la circulation de ces nouveaux véhicules, les autorités ont décidé de retirer temporairement certains de ces ralentisseurs. Bien que facilitant le passage des bus, cette mesure suscite une vive controverse.
Les citoyens et les experts sont inquiets pour la sécurité, notamment près des écoles et dans les zones très fréquentées par les piétons.
Beaucoup craignent que l’absence de ralentisseurs n’augmente le danger pour les enfants et les piétons si elle n’est pas rapidement suivie d’un plan clair pour installer des dispositifs plus sûrs et conformes.
Malgré les préoccupations initiales, cette situation est vue comme une opportunité positive. Elle force à repenser toute l’infrastructure des ralentisseurs pour mettre en place des installations conformes aux normes internationales. L’objectif est double, garantir une sécurité routière optimale pour les piétons tout en s’adaptant aux spécificités des nouveaux transports publics.