L’introduction de l’impôt sur la fortune immobilière en Tunisie suscite de vives inquiétudes parmi les experts fiscaux et les contribuables. Selon Jamel Bourkhis, économiste et spécialiste des questions fiscales, cette nouvelle taxe pourrait mettre sous pression financière certains propriétaires immobiliers, même ceux dont le patrimoine semble confortable sur le papier.
L’impôt sur la fortune immobilière, qui cible la valeur nette des biens détenus par les particuliers, a été conçu pour renforcer la contribution des contribuables les plus aisés au budget national. Cependant, Bourkhis souligne que la mesure ne prend pas en compte la liquidité réelle des contribuables. « Posséder un bien immobilier ne signifie pas disposer de l’argent nécessaire pour s’acquitter de l’impôt », avertit-il, lors de son passage sur les ondes de Jawhara Fm. Cette situation pourrait entraîner des difficultés financières pour des ménages déjà fragilisés par la hausse du coût de la vie.
L’expert attire également l’attention sur la complexité de la législation fiscale tunisienne, jugée incohérente et difficile à appliquer. Selon lui, le manque de clarté et de transparence dans le calcul et le recouvrement de l’impôt pourrait décourager les investisseurs et freiner le développement du secteur immobilier. « Une réforme en profondeur du système fiscal est indispensable pour garantir justice, transparence et attractivité », affirme Bourkhis.
Parmi ses propositions, l’économiste recommande de mieux calibrer les seuils d’imposition et de mettre en place des mécanismes de paiement échelonné afin de réduire le risque de surendettement des contribuables. Il insiste aussi sur la nécessité d’une campagne d’information pour sensibiliser le public aux obligations fiscales et aux aides disponibles.
Les autorités tunisiennes, de leur côté, défendent cette mesure comme un outil de redistribution et de financement des services publics. Elles soulignent que l’impôt sur la fortune immobilière reste limité aux patrimoines les plus élevés et qu’il vise à renforcer l’équité fiscale.
Alors que le débat se poursuit, experts et contribuables s’accordent sur un point : la réussite de cette réforme dépendra de sa mise en œuvre pratique et de la capacité de l’administration fiscale à concilier efficacité, justice et accompagnement des citoyens concernés.