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Société

Fruits : La consommation en baisse !

  • 3 octobre 18:00
  • 7 min de lecture
Fruits : La consommation en baisse !

A l’heure où les étals des marchands de fruits offrent une assez grande variété de fruits, les spécialistes soutiennent que ces fruits riches en fibres, en vitamines et en eau, sont boudés par les consommateurs.

La Presse — Il y a au moins deux raisons à cela. La première est relative aux prix.  La spéculation a fait en sorte que ces fruits, dont on a besoin, coûtent de plus en plus cher.

A titre de comparaison, la consommation moyenne de fruits et légumes en Europe était d’environ 350 grammes par jour et par habitant en 2022. Elle a connu une légère baisse après le pic de 2021 (364,58 g/jour/habitant). Ce chiffre reste cependant bien en deçà des recommandations de l’OMS qui est de 400 grammes par jour. 

Il n’y a pas de statistiques en ce qui concerne la consommation des Tunisiens.  

L’Observatoire national de l’agriculture (Onagri) met en avant la consommation et la production de pommes de terre, un produit alimentaire de base en Tunisie. 

L’Institut national de la statistique (INS) a réalisé des enquêtes sur le budget des ménages, mais ces données ne détaillent pas les quantités de fruits consommées. Elles se limitent aux  dépenses moyennes et la part des produits alimentaires dans le budget. 

Un grand désordre

C’est un secteur qui se consolide de plus en plus au niveau de la production, mais il y règne un grand désordre. C’est ainsi qu’une campagne d’inspection conjointe composée d’agents de l’Administration régionale du commerce et de gardes municipaux a été menée à Kasserine. Les perquisitions ont ciblé plusieurs entrepôts frigorifiques de la délégation de Sbeïtla. Un entrepôt frigorifique contenant 59,5 tonnes de pommes a été saisi en violation de la loi, en raison de l’absence de cartes de réservation, de l’absence d’affichage de la raison sociale sur la façade et de la non-présentation des contrats de stockage.

Un entrepôt contenant environ 92 tonnes de pommes de terre a également été saisi dans la délégation de Sbeïtla, après qu’il a été prouvé que le propriétaire s’était volontairement abstenu de vendre. Les pommes de terre ont été saisies.

Lorsqu’on se promène dans les souks, les rues marchandes ou tout simplement le long des routes, on remarque vite de nombreux étals de fruits et légumes.

Les étals sont souvent imposants, accumulant de véritables montagnes de produits. Outre la quantité, c’est surtout la diversité au cours des saisons qui est remarquable.

Fruits et légumes d’automne

L’automne est marquée par l’abondance des produits typiquement méditerranéens, comme les grenades, les olives, les dattes et enfin les agrumes.

La présence des grenades ne dure pas longtemps. Elle se limite habituellement au mois d’octobre. Les olives, dattes et agrumes, s’étalent tout au long de l’automne et  de l’hiver.

Dans une déclaration à Tunis-Afrique-Presse (TAP), Habib Diab, président de l’Union régionale de l’agriculture et de la pêche de Gabès, a indiqué que la récolte de grenades pour la saison en cours est estimée à plus de 20.000 tonnes, soit une augmentation de plus de 10 % par rapport à l’année dernière.

La même source a confirmé une amélioration de la qualité de la récolte de kaki.

Confondu avec une tomate à cause de sa couleur orangée, le kaki est un fruit dont la consommation demeure encore limitée en Tunisie. Cultivé surtout dans le nord-ouest, à Ouechtata (Nefza, Béja), il est devenu une véritable richesse agricole et un allié de santé, plébiscité par les nutritionnistes. Cette appréciation augmentera automatiquement son prix.

Une qualité détestable

La seconde raison est liée au …diktat de ces spéculateurs qui décident quoi mettre en vente. C’est la  raison pour laquelle nous trouvons des fruits  loin de leur saison, après avoir fait leur apparition en tant que «primeurs» et avoir été vendus à des prix dépassant tout entendement. Par voie de conséquence, ce confinement en chambres froides, nous donne une qualité détestable.

C’est le témoignage recueilli auprès d’un certain nombre de consommateurs rencontrés au hasard dans des grandes surfaces, des marchés municipaux, chez des fruitiers dans les banlieues ou tout simplement en quête d’une bonne affaire sur les trottoirs ou encore en pleines chaussées débordantes de restes de ces légumes et fruits.

Dans un supermarché, pour nous convaincre, un cinquantenaire nous prend par le bras et nous entraîne du côté opposé du rayon fruits.

«Pensez vous que cela en vaut le prix?»

Du raisin sans nom, aux grappes de couleur marron est exposé au prix de sept dinars.

«Regardez ces pommes et on dit qu’il y a eu des récoltes record. Cela vaut les 6,500 D le kilo?». Effectivement, le prix est exagéré par rapport à la taille du fruit.

Le chef de rayon nous explique qu’ils ont refusé de recevoir deux livraisons qui ne répondaient pas à la commande.

«Nous avons découvert dans l’une d’elles, des étiquettes portant le nom d’une marque. Ces étiquettes sont collées sur des points noirs ou sur des débuts de pourritures. Le haut du cageot était acceptable en dessous on a fourgué une qualité moindre».

A Bab el Khadhra, un cageot de raisin est exposé. De grosses mouches et des abeilles tournoyaient autour. Une odeur insupportable s’en dégageait.

«C’est ce que j’ai trouvé de mieux. On a gardé ces raisins trop longtemps au frigo et ils ont fini par se gâter».

Preuve de ces agissements monopolistiques, à Sfax, on a saisi 17 tonnes de raisins avariés, dans le cadre de ses opérations quotidiennes au marché de gros de fruits et légumes de la région. Ces 17 tonnes de raisins étaient impropres à la consommation. Ils allaient être écoulés sur le marché.

Au fond, deux cageots de prunes et deux de pêches plates. Leur qualité laisse à désirer.

Il est compréhensible qu’en cette période de l’année, il n’y ait pas beaucoup de choix. Les dattes  et les pommes assurent la liaison entre les deux saisons, mais dans l’attente des agrumes, il ne faudra pas se faire d’illusions.

Le fruitier est assez bien approvisionné.

«Il y a moins de demande. Les prix sont assez difficiles à supporter. On achète par pièces et non plus au kilo. Deux pièces par membre de la famille et cela n’atteint jamais un kilo. Les gens sont près de leurs sous. Les figues sont à vingt dinars le kilo. Ne parlons pas des fruits importés, comme le kiwi, la banane, l’avocat ou l’ananas. Ils augmentent de plus en plus

Quatre pièces de figues de Barbarie (épluchés) sont en vente au centre-ville de Tunis, à deux dinars cinq cents millimes les quatre. Les touristes en raffolent.

En fin de compte, les Tunisiens consomment-ils assez de fruits durant la saison estivale ? 

A l’exception de la pastèque et du melon, dont les prix restent à la portée du consommateur, les autres fruits de saison sont vendus à des prix inabordables. On en achète, mais pas en grande quantité.

Cela pourrait changer dans le cas où la traque de ceux qui manipulent ce secteur se poursuivrait avec autant de rigueur.

Auteur

La Presse